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Mes voyages
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4 octobre 2004

JOUR 20 : ARRIVEE A LISBONNE

JOUR 20 : JEUDI 30 SEPTEMBRE : ARRIVEE A LISBONNE

Jái un mal terrible á m'endormir dans ce car, je tombe
pourtant de fatigue ! Véritablement le cuir des larges
sièges empêche ma peau de respirer, mon dos est en
transpiration. Le fait aussi de ne pas pouvoir
incliner le dossier est très handicapant, ces places
de dernière rangée devraient coûter de fois moins cher
que les autres ! J'essaie de trouver une position
adéquate mais rien n'y fait et très vite il me faut
endurer de désagréables douleurs de cervicales, le dos
et les jambes me font bientôt aussi souffrir.

Je suis aussi complètement excédé par la fille assise
á ma droite, je ne sais pas s'il elle prend ses aises
(sans trop réaliser que c'est á mes dépends) ou si
elle prend plaisir á me toucher de façon consciente
... quoi qu'il en soit c'est absolument insupportable,
je me retiens de lui donner un coup brusque dans
l'épaule pour la remettre á sa place. Mais je me
contente de pousser des soupirs d'exaspération
suffisament explicites et je me colle á la paroi du
bus, restreignant encore mon espace vital.

Les heures passent ainsi, je m'endors parfois, je me
réveille souvent, je soupire, je me recroqueville, je
souffre du dos. Il fait nuit noire et á aucun moment
je ne peux profiter du paysage. Nous faisons divers
arrêts mais systématiquement durant les rares laps de
temps durant lesquels je parviens á dormir. Ce petit
trajet d'une nuit entre l'Espagne et le Portugal
s'avère ainsi être cent fois plus pénible que les 2
jours 1/2 passés á traverser l'Europe entre Bucarest
et Madrid !

Enfin, après une nuit qui m'aura semblé interminable,
nous approchons Lisbonne. Il est bientôt 7h (je
m'étonne que nous ayions pris une heure de retard sur
un si court trajet) et nous traversons les quartiers
périphériques. Une fois de plus la nuit donne á la
ville (comme á toutes les villes) un aspect tout á
fait enchanteresque, un rien grandiloquant. Les
éclairages puissants illuminent d'orange et d'or des
immeubles qui aparaissent futuristes. Premier arrêt
dans une gare routière aussi moderne que vide. A
proximité je contemple une extraordinaire et
gigantesque plateforme posée sur des pieds en forme de
X. Sur la plateforme s'élève une série de piliers qui
se rejoignent en leur sommets en autant d'arcs de
forte inspiration gothique. Les piliers ne portent
pourtant aucun plafond ni toit, ils sont éclairés par
de fortes lumières blanches et s'élèvent dans la nuit
noire comme une cathédrale sans murs ni toît. Cet
ouvrage très moderne est absolument magnifique !

Nous reprenons notre progression vers le centre de la
capitale portugaise et traversons bientôt un pont
phénomènal qui traverse en courbe ce qui semble être
un large bras de mer. Le car s'élance ainsi au dessus
du noir de l'eau, cette traversée n'en finit pas,
rarement j'ai eu l'occasion de voir pont aussi long !
Plus au loin je vois se dessiner un autre pont qui me
rappelle clairement le Golden Gate.

Nous arrivons au terminus de notre voyage, je suis
très excité de pouvoir enfin découvrir Lisbonne, le
Portugal est un pays que j'ai très envie de découvrir
depuis de nombreuses années. Je récupère ma valise et
j'appelle Margarida, il est bientôt 7h30, le jour se
lève. Je suis très mal á l'aise lorsque je réalise que
je la réveille, elle m'assure qu'il n'y a pas le
moindre souci et que bien au contraire elle avait du
travail á terminer chez elle et qu'elle aurait du en
fait se lever á 5h. Elle m'explique en anglais comment
me diriger vers chez elle. Mon cerveau épuisé essaie
de mémoriser des noms bien peu compréhensibles.

A proximité de la gare routiére s'élève une gare de
chemin de fer dans laquelle je trouve la station de
métro «Jardim Zoológico» (ligne Azul). Je m'étonne
cependant de trouver le métro fermé. Un gardien vient
ouvrir presqu'immédiatement les grilles. Je regarde ma
montre sans vraiment comprendre comment un métro peut
ouvrir á seulement 7h30. C'est alors que je réalise
qu'en entrant au Portugal j'ai changé de fuseau
horaire : il n'est donc en rálité que 6h30 !

Le métro, certainement très récent, est agréable,
propre, lumineux et moderne. Quelques stations
seulement me séparent du terminus de la ligne :
Baixo-Chiado (ou Chiado-Baixo... chais plus). Je suis
les indications de Margarida, la sortie de métro
débouche sur une petite rue pavée de blanc. Les
facades assez colorées et un peu défraichies donnent
d'emblée l'impression de se trouver dans un petit
village, ça a qqchose de très typique, le charme opère
immédiatement.

Je trouve sans difficulté aucune la rue de Margarida.
Fabien m'a récemment envoyé un mail (contrairement á
la majorité de ceux qui recoivent mes courriels !!!!!)
et m'a fait part de la sensation un peu étrange que ça
lui ferait de me savoir décrire tous ces lieux qui lui
sont familiers, de parler de Margarida et il me voyait
déjá me plaindre des 6 étages á monter á pied. Pour le
coup je les gravis sans me plaindre une seconde
puisque je me suis psychologiquement préparé á cette
escalade matinale et ainsi je grimpe plutôt
facilement. Au dernier étage Margarida m'attend sur le
palier, elle porte Pitufu (orthographe ?), son matou
gris et rayé.

Margarida est une proche amie de Fabien (ils se sont
rencontrés en Ecosse lors d'un échange Erasmus), je
l'ai rencontré une fois chez mes parents il y a
quelques années mais je dois avouer que j'aurais bien
été incapable de la reconnaître... elle aussi de toute
façon. Pour ceux qui ne connaissent pas Fabien je
rappelle que nous nous sommes rencontrés en 1995 á
l'INALCO oú nous avons fait ensemble notre cursus de
langue et civilisation malgaches.
Margarida n'a pas le profil de la Portugaise que l'on
peut imaginer : elle est petite et fluette, cheveux
clairs assez courts -un peu á la garçonne- et yeux
bleus. D'entrée je me sens très á l'aise avec elle,
elle est sympa, dynamique, elle semble avoir du
caractère... j'aime !  :-)

Elle habite dans un petit appartement très clair et
agréable, je fais le tour du propriétaire. Cela fait
trois jours exactement que je n'ai pas pris la moindre
douche, c'est un cauchemar. Je m'enferme donc dans la
salle de bain pour une bonne heure. Je ressors frais
et sans barbe... une formidable transformation ! Nous
passons ensuite un long moment á discuter Margarida et
moi. Je sais qu'elle parle bien le français mais elle
m'explique que l'anglais lui est plus naturel, elle le
maîtrise en effet extraordinairement bien, nous
communiquerons donc quasi exclusivement dans la langue
de Shakespeare.

Fabien tiens-toi bien : á ce moment de la conversation
je me lève, me dirige vers ma valise, en extrait
l'encombrant cadeau et non sans un intense soupir de
soulagement je lui remets le paquet : «de la part de
Fabien !». Mission accomplie !!!!!!!!!  :-)) Jamais ô
grand jamais je n'aurais cru possible la chose ! De
plus ton cadeau n'a même pas été cassé, c'est
décidement un grand exploit. Quoi quíl en soit je peux
te dire qu'elle a été très contente, ça l'a beaucoup
fait sourire, elle m'a expliqué la symbolique du truc.

Margarida travaille sur un festival «Indie Lisboa
2004» de cinéma indépendant qui se déroule en ce
moment á Lisbonne, divers courts et longs métrages
sont en compétition et elle doit traduire un certain
nombre d'entre eux et ainsi fabriquer les sous-titres
en portugais. Elle s'excuse donc car elle doit se
remettre devant son écran de télé pour visionner
encore plusieurs courts métrages avant les séances de
l'après midi. Je suis de toute façon complétement
épuisé, je vais me coucher ! Il est 10h, je règle mon
réveil sur 13h.

A mon réveil Margarida est déjá partie travailler.
Elle m'a laissé un plan de la ville ainsi qu'un mot :
elle me propose de la retrouver place Camões á 17h
(fin de son boulot habituel) pour l'accompagner
ensuite au cinéma São Jorge dans lequel se tient le
festival. En atendant ma priorité est d'aller réserver
un train pour Valencia, j'ai peur que très vite il n'y
ait plus de place.

Je découvre donc Lisbonne á la lumière du jour et je
retrouve le charme particulier qui m'avait marqué au
petit matin. Les rues sont pour la plupart étroites et
souvent piétonnes, recouvertes de petits pavés blancs
et parfois noirs. Ils sont très petits et plutôt que
de pavés l'on pourrait presque parler de mosaïques. Il
y a une atmosphère de ville de province et un je ne
sais quoi de typique, local, que j'ai encore un peu de
mal á définir. Beaucoup de commerces ont un côté un
peu ancien, «dépassé» mais sans donner l'effet des
tristes commerces roumains, au contraire une certaine
forme d'authenticité en ressort, c'est extrêmement
agréable. Toutes les rues et ruelles que je traverse
et visite ont ce cachet, c'est fascinant. De plus le
ciel est d'un bleu intense, pas un nuage en  vue, il
doit faire près de 30 degrés.  :-)

Je me dirige donc vers la gare du centre ville, le
monument est surprenant : une grande demeure claire á
la façade chargée de moultes fresques et sculptures,
ça a qqch de formidablement baroque et médiéval á la
fois. Quant á l'intérieur de la gare la surprise est
immense : horribles couloirs gris et vieillissants, un
cauchemar. Je me renseigne quand au tarif des trains
pour Valencia. Le seul trajet Lisbonne - Madrid coûte
prés de 60 euro, il me semble que les trajets en car
sont plus intéressants. Je prends donc le métro pour
la gare routiére (65 centimes seulement le métro ici
!) et me renseigne. Les bus ne déservent pas Valencia,
ceci dit l'aller pour Madrid ne coûte que 38 euro. Par
contre la carte bleue n'est pas acceptée, je trouve
donc un distributeur de billets... hors service ! Il
me faut donc retourner vers le métro mais lá aussi
tous les distributeurs sont HS. Je retourne alors
retirer de l'argent en centre ville et lorsque je
reviens á la gare routiére il est déjá 16h... le
guichet vient juste de fermer ! Je suis pour le coup
très énervé d'avoir perdu autant de temps aussi
bêtement.

Je me proméne donc dans la ville, je parcours au
hasard les ruelles. Je me dirige vers le fleuve qui en
fait me semble être un véritable bord de mer. En fait
le fleuve se jette dans l'océan un peu plus loin, il
doit s'agir ici d'une espèce de delta, si large qu'un
port a pu y être construit, que d'interminables et
impressionnants ponts ont du être érigés. Chaque rue,
place, bâtiment, monument est un plaisir des yeux,
c'est magnifique mais sans être trop grandiloquant,
c'est beaucoup plus charmant et authentique que de
nombreuses villes que j'ai visité jusqu'alors.

De plus j'adore entendre parler le portugais, c'est
véritablement une langue qui m'ensorcéle, elle est á
mon sens la plus belle des langues latines. L'on sent
aussi que Lisbonne est une porte ouverte sur le Brésil
: le pays me semble ici bien plus proche que la
France, c'est extraordinaire. Ainsi beaucoup de
brésiliens vivent ici mais aussi des Angolais ou
autres Mozambicains.

Enfin les prix sont bien plus bas qu'en France (ceci
dit les salaires aussi, le Portugal reste le pays le
plus pauvre de l'Europe occidentale). Les pâtisseries
:-))  coûtent rarement plus d'un euro, le prix normal
du café est 50 centimes, l'on peut facilement trouver
la bière á 1 euro dans les troquets.

Je longe le bord de «mer», je prends une multitude de
photos, et je progresse ensuite vers la ville haute.
Lisbonne est construite sur des reliefs et les rues,
ruelles et escaliers n'en finissent pas de grimper.
Les petits pavés blancs sont si glissants que la
progression dans la vie peut parfois s'avérer être
compliqué. Une des particularités de la Lisbonne sont
les façades des habitations recouvertes de «carrelage»
et qui émaillent ainsi la ville de ton généralement
blancs et bleus. Pour moi la ville est du coup une
espèce de salle de bain géante ! Une fois de plus même
ces façades typiques ne sont pas souvent très bien
entretenues mais lá encore le charme reste entier.

A l'heure du rendez vous avec Margarida j'arrive
justement par hasard sur la place qu'elle m'avait
indiqué, la Praça Camões, toute en pente. Je
m'installe au pied de la statue centrale et je lui
envoie un SMS pour lui signaler que je suis déjá lá.
Entre temps je téléphone á Mihaela pour prendre des
nouvelles et lui dire que je suis bien arrivé á
destination. Á Bucarest il est déjà 19h, il fait
frais, il pleut. Je suis á Lisbonne, il est 17h et il
doit faire 27 degrés  :-)   Margarida m'indique par
texto qu'elle a du partir plus tôt que prévu au cinéma
et que la prochaine séance était sur le point de
comencer. Elle me donne donc rendez-vous pour la
suivante á 19h.

Je peux donc aisément poursuivre la suite de ma balade
en ville. Depuis une des fenêtres de chez Margarida
(magnifique vue !) j'avais apperçu une espèce de tour
métallique étrange, je veux absolument la visiter.
Margarida m'a expliqué qu'il s'agit d'un ouvrage
réalisé par un élève d'Eiffel : imaginez donc une tour
carrée á la Eiffel (métal gris, rivets...) mais aux
décorations (tjs métalliques) d'inspiration gothique.
Tres surprenant ! La chose abrite en fait un ascenseur
qui permettais d'acceder aux quartiers situés plus
hauts (imaginez alors combien la ville est pentue!)
mais suite á un incendie survenu il y a qques années
dans un batiment voisin l'accès auxdits quartiers
n'est plus possible. Il est cependant toujours
possible de prendre l'ascenseur et de profiter de la
vue. L'ouvrage est véritablement surprenant et la vue
est en effet superbe.

Á 19h je me présente au cinéma São Jorge, un vieux et
grand cinéma á l'ancienne. Il y a tout un tas de
monde, le festival de films indépendants semble avoir
un grand succès. Je parviens á retrouver Margarida
dans le flots humain qui avance dans le grand hall.
Elle me propose de voir une série de 6 courts métrages
qui sont sur le point détre présentés en salle 2 et me
remet une invitation. Un court métrage m'a
particuliérement amusé : il s'agit d'un documentaire
portugais dans lequel on voit une femme d'une
soixantaine d'années vaquer á ses occupations
quotidiennes : lessive, vaisselle, repassage... etc.
Tout en s'occuppant de la sorte elle se confie á la
caméra, elle parle de ses rêves et désilusions, sa
passion pour Che Guevara, les heures noires de
listoire du Portugal.. etc. En fait tout cela est
terriblement kitch, pathetique, triste. Cette grosse
dame qui tente d'etre coquette est drôle á mourir tout
au long du court métrage mais en fait en riant on se
moque de ce qui est pourtant toute sa vie, ses
secrets, son quotidien. J'ai véritablement hurlé de
rire, non sans honte toutefois car le pathétique prend
vite le dessus. Mais ma honte á été multipliée par
mille lorsque j'ai réalisé que la grosse dame était...
assise dans le fauteuil juste devant moi !!!!!! J'ai
ainsi donc passé 20 mn á rire d'elle dans ses oreilles
!  :-(((

A la sortie de séance je rejoins Margarida au petit
resto du ciné oú elle continue ses traductions sur son
ordinateur portable. Nous prenons un sandwich
mozarella et un café, nous discutons entre deux
traductions.

A 22h30 nous allons assister á une seconde série de
courts métrages. Margarida n'a plus d'invitation alors
elle me fait passer avec elle et je dois m'installer á
ses côtés en fond de salle, son poste de travail. Je
réalise alors qu'en fait au fur et á mesure que les
films sont projetés Margarida envoie en direct et au
fur et á mesuresur l'écran -depuis son ordinateur-
les sous-titres en portugais qu'elle vient de
traduire. Cela demande bcp de concentration car il
peut arriver tres facilement que l'on envoie un
sous-titre trop tôt ou trop tard.

Nous resortons vers minuit, le temps de prendre un
verre Margarida me présente á qques connaissances.
Beaucoup des personnes présentes sont des
«intellectuels» lisboètes, mais l'ambiance ici n'est
en rien aussi pompeux que ce qui peut se faire á
Paris.

Margarida est épuisée, elle passe parfois des nuits
entières á traduire ces films, nous rentrons. Nous
discutons encore un peu puis nous nous couchons.

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