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Mes voyages

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6 décembre 2005

BEYROUTH JOUR 10 : le retour à Paris - FIN !!!

DIMANCHE 20 NOVEMBRE : JOUR 10 – Retour en France.

Le son strident du réveil du téléphone portable de Sultan nous tire d'un profond sommeil avec violence, il est 5h du matin. Il nous est pour le peu inhabituel d'avoir à nous lever à une heure aussi matinale, la chose n'est en rien agréable.

Je bâcle une douche rapide, je me sens dans un état quelque peu second, je ne parviens pas vraiment à réaliser que dans quelques heures je serai seul à Paris. A vrai dire je ne tiens pas forcément à rester beaucoup plus longtemps à Beyrouth, il ne fait nul doute que je finirai par vite me lasser me lasser : j'estime avoir à peu de choses près fait le tour de ce que la ville a à offrir. En revanche si véritablement j'avais le temps et l'argent nécessaires il ne fait aucun doute que je prendrai grand plaisir à quitter la capitale pour visiter plus en profondeur le pays et partir à la découverte d'un Liban plus authentique.

Nous bouclons nos valises après avoir vérifié que rien n'a été oublié dans les nombreuses pièces du vaste appartement. Mon estomac est quelque peu noué, dix jours de vacances, de repos, de découverte touchent à leur fin : adieu climat doux, adieu terrasses vivantes du quartier « Solidere », adieu café turc & chicha, adieu jus de mangue & houmous…   l'hiver parisien m'attend, la monotonie du quotidien va reprendre ses droits, demain matin à 8h je reprendrai le travail L

Dès 5h45 nos bagages sont réunis dans le hall de l'appartement. Elsa s'est levée spécialement pour nous assister dans les préparatifs du départ. Nonobstant des traits tirés et une chevelure décoiffée elle s'efforce d'afficher un timide sourire. Bientôt le chauffeur palestinien nous rejoint afin de charger les bagages dans son véhicule.

Sultan voyage avec deux immenses valises, plus pesante l'une que l'autre. Son bagage à main est aussi conséquent. Lapparent 'excès s'explique aisément : avant ce court séjour à Beyrouth Sultan a passé tout le mois de ramadan en famille à Djedda en Arabie Saoudite. Il est fort amusant de constater qu'une partie non négligeable du contenu d'une valise consiste en plusieurs kilos … de dattes !!! Mon saoudien de copain se justifie en soulignant qu'il s'agit d'un cadeau, il ne peut donc pas s'en séparer aussi facilement.

Nous voilà fins prêts. Je sers vigoureusement la main d'Elsa en lui faisant part de ma reconnaissance pour son travail et sa gentillesse. Un rien troublée la frêle Erythréenne nous salue puis s'efface lentement en fermant la porte derrière nous.

L'inamical chauffeur nous dépose à l'aéroport avant de disparaître. Afin d'accéder à la salle d'enregistrement du terminal il nous faut au préalable traverser le check point du service de sécurité où le contenu des bagages est inspecté au rayon X. Malgré l'heure fort matinale une file d'attente décourageante se prolonge sur des dizaines de mètres. Sur ces entrefaites Sultan apostrophe un employé affublé d'une salopette bleue : quelques mots sont échangés en arabe, un billet de banque est glissé. L'homme s'empare alors de notre chariot et se dirige sans hésitation aucune vers le point contrôle en passant devant toutes ces personnes qui patientent depuis belle lurette. Il force ainsi l'accès avec autorité et sommant aux quelques récalcitrants de bien vouloir céder le passage sur le champ. Sultan suit l'auxiliaire sans prêter attention aux voyageurs arrivés avant nous, comme si la chose allait de soi. Je le suis avec vergogne et embarras en m'efforçant de garder les yeux baissés afin d'éviter de croiser le regard courroucé des passagers.

Il est prévu que Sultan décolle le premier, son vol est programmé à 7h40. Nous nous présentons donc dans un premier temps au comptoir d'enregistrement du vol pour Londres. L'attente semble aussi conséquente mais nul employé de bleu vêtu ne pourra ici nous être utile.

Pour ma part je suis quelque peu préoccupé par le fait que je n'ai pas de réservation sur le vol de ce matin et j'appréhende quant au billet que je vais présenter. En effet celui-ci n'est pas censé être échangeable : je croise les doigts pour que l'agent au sol de la Middle East Airlines ne s'aperçoive pas de la ruse.

J'abandonne Sultan à sa file d'attente pour me diriger vers les guichets d'embarquement pour Paris situés une centaines de mètres plus loin. Fort étonnamment très peu de voyageurs patientent mais c'est très bon signe : en effet, comme me l'a indiqué hier l'employé de l'agence Middle East, de nombreuses places doivent encore être disponibles. Je m'avance vers l'hôtesse blonde qui m'accueille très agréablement dans un français médiocre. Je tends mon passeport et mon billet en lui indiquant sur le champ que mon départ était initialement prévu dans la nuit à venir mais que ma préférence va pour un départ immédiat comme passager sur vol open. L'employée me sourit et tapote sur son clavier d'ordinateur. Elle semble effectuer diverses recherches qui semblent quelques peu inhabituelles, j'espère de tout cœur que j'échapperai aux 80$ de surtaxe ! La préposée fronce alors étrangement les sourcils et quémande de l'aide en arabe auprès d'une collègue. Les secondes me semblent être des heures.

Enfin elle se retourne de nouveau vers moi et me demande avec son plus beau sourire de bien vouloir présenter mon bagage. Ouf !!! Me voilà somme toute fort soulagé ! Tout semble donc aller pour le mieux lorsque l'homme posté devant un écran derrière elle tempête tout à coup des mots en arabe, il semble véritablement furieux. L'hôtesse échange des explications avec le gaillard et avec une collègue avant de faire arrêter le tapis roulant qui emporte ma valise.   Je déglutit difficilement : « quel est le problème ? ». Elle réplique alors que mon vol est d'ores et déjà complet, me voilà donc inscrit sur liste d'attente ! L'hôtesse précise qu'il me faut me représenter ici même à 7h30 (à peine dix minutes avant l'embarquement), je saurai alors si je peux embarquer dans cet avion.

Fort dépité je rejoins Sultan. Je lui explique brièvement la situation et contre toute attente il éclate de rire. Quelque peu circonspect je lui demande en quoi c'est si amusant. La réalité est qu'il ne croit pas une seconde à mon histoire ! Il est persuadé qu'il s'agit là encore d'une de mes habituelles facéties. De son côté l'attente aux guichets d'enregistrement est interminable et lorsque enfin c'est à son tour de présenter son billet il lui est annoncé que le surpoids de ses bagages est trop important : il lui faut se présenter au guichet situé de l'autre côté du hall afin de régler quelques 90 $ de surtaxe !

Enfin nous voilà finalement bientôt l'un et l'autre délestés de nos encombrantes valises. L'heure cependant tourne vite et Sultan doit se présenter à l'embarquement. Ce n'est qu'au moment de se présenter à la douane qu'il réalise que je n'ai réellement pas de carte d'embarquement et qu'il nous faut donc nous faire nos adieux ici. Il est quelque peu inquiet pour moi : si je ne peux pas prendre ce vol il me faudra patienter 17 heures seul à Beyrouth en sachant que je n'ai plus vraiment d'argent. Nous nous serrons fort dans les bras puis il disparaît derrière les contrôles policiers.

Je me sens tout à coup comme démunis et un rien perdu. Je me retourne dépité et je réalise alors qu'un homme, posté juste derrière moi, me surveille de près. Il porte des moustaches ainsi qu'une gabardine beige : il ne fait aucun doute qu'il s'agit d'un policier en civil ou d'un personnel de sécurité. Sur un ton sévère il s'adresse alors à moi en arabe. En lui tendant mon passeport je déclare -en anglais- que je suis un touriste français mais que je suis dans l'incapacité de produire mon titre de transport puisque je suis sur liste d'attente et que l'hôtesse l'a gardé en attendant de savoir si je peux embarquer. L'homme parcours le passeport avec méfiance avant de me le rendre sans piper mot. Il se contente alors de s'éloigner sans demander son reste.

Je me dire de nouveau vers les guichets d'enregistrement pour Paris, à présent la file d'attente est tout à fait impressionnante, je suis pour le coup plus que pessimiste sur mes chances de pouvoir embarquer sur ce vol. Je m'assieds sur un banc, j'observe avec une certaine angoisse l'incessant flot de passagers. Le temps me semble long, l'attente est sans fin. Je n'ai aucune envie de me retrouver bloqué ici pour des heures et je suis de surcroît tout à fait épuisé.

Il est 7h30 lorsque les derniers passagers enregistrent enfin leurs bagages. Je m'avance alors avec inquiétude vers la blonde représentante de la Middle East. En m'apercevant elle tique des sourcils d'une façon étrange, par accès de pessimisme je prends immédiatement ce signe pour une mauvaise nouvelle. De plus l'hôtesse s'avère être autrement moins amicale que précédemment. La préposée se tourne vers une collègue et commence une conversation sans se soucier de moi. Le nœud de mon estomac se serre plus encore. Elle finit par enfin se retourner en me présentant une carte : «  voilà Monsieur, vous embarquez dès à présent porte 27 ». Ouf !!! Mon soulagement est certainement très perceptible, je la remercie vivement et je me précipite au contrôle de douane. L'attente y est terrible : les douaniers examinent attentivement chaque passeport et visa en prenant soin de bien noter où les étrangers ont séjourné à Beyrouth. Je n'ai malheureusement pas eu la présence d'esprit de noter l'adresse de Sultan, je me vois contraint d'essayer d'expliquer au fonctionnaire zélé et suspicieux dans quel quartier je résidais.

Enfin me voilà installé dans l'avion, le plus satisfait du monde. Une voix nous souhaite la bienvenue à bord et nous annonce que nous devrions arriver à paris à 13h où la température au sol est de… –1°C !!! Je n'en reviens pas, le choc thermique va être terrible : il fait ici à Beyrouth exactement 21° de plus !

FIN!!!

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1 décembre 2005

BEYROUTH JOUR : le dernier jour !

SAMEDI 19 NOVEMBRE : JOUR 9 – Dernier jour à Beyrouth !

Nous nous levons péniblement à 13h30, totalement anémiés par quelques onze heures de sommeil. Elsa a déjà dressé les couverts au bout de l'interminable table de la salle à manger. La frêle érythréenne a préparé l'une des spécialités à base de riz et de viande en sauce dont elle a le secret. Depuis le début de mon séjour au Liban je me suis gobergé de telles quantités de nourriture que même repu mon estomac réclame pitance du matin au soir tant et si bien que je n'ose plus regarder dans le miroir ma silhouette s'arrondir. Prenant Sultan pour témoin je jure sur mes grands dieux de m'imposer un sévère régime une fois de retour en Europe.

Depuis plusieurs jours déjà Sultan et moi ne parvenons pas à nous mettre d'accord sur nos dates de départ. Initialement son vol pour Londres est programmé pour demain (dimanche 20 novembre) à 8h du matin. Mon avion pour Paris lui décolle quelques dix-huit heures plus tard, lundi à 2h du matin. Si nous ne modifions pas nos heures de départ il me faudra rester seul à Beyrouth une journée entière. Il ne s'agit pas là d'un problème insurmontable mais force est de reconnaître que la ville n'est pas suffisamment envoûtante pour justifier une journée seul ici.

Le dilemme est le suivant : je peux avancer mon vol à 7h40, l'horaire est idoine car je partirais en même temps que Sultan. Le souci est que mon billet n'est pas censé être modifiable et qu'il m'en coûterait alors 80$ de surtaxe. Sultan n'a pas ce problème, son billet est modifiable, je lui suggère donc de retarder son départ. Cependant le prochain vol de la Middle East Airlines pour Londres n'est pas prévu avant mardi, ce serait donc à lui de rester seul toute une journée. Il s'y refuse.

Il me propose donc la chose suivante : j'avance mon départ et nous partageons les 80$ de frais de surtaxe. L'idée est excellente. Pour être tout à fait certains de trouver des places encore disponibles sur le vol du matin nous décidons de nous rendre de ce pas à l'aéroport. Le chauffeur nous y conduit.

A l'approche du terminal notre Pajero est arrêté par un barrage militaire, fusil-mitrailleur à la main deux hommes ordonnent à l'adipeux chauffeur palestinien d'éteindre le moteur tandis que l'on nous demande de bien vouloir descendre du véhicule. La voiture est minutieusement inspectée puis les soldats procèdent à une fouille corporelle. Sultan décline son identité et sa nationalité, il explique aux hommes armés que je suis un ressortissant français. Une fois les vérifications nécessaires effectuées un soldat lance avec un sourire sincère «  C'est bien vous pouvez y aller, bonne journée et bienvenue au Liban Monsieur ! ».

Une fois dans le terminal nous gagnons la moderne agence de la Middle East et expliquons notre requête. L'homme d'une cinquantaine d'années écoute attentivement puis se plonge dans son écran d'ordinateur. Après quelques contrôles il se retourne vers nous avec un sourire complice et nous explique dans un français hésitant que les places disponibles demain matin pour Paris sont très nombreuses, il me conseille alors de ne pas effectuer une réservation sur ce vol (il m'en coûterait 80$) mais de m'y présenter plutôt en « voyageur libre sur vol open ». Selon l'obligeant employé il y a 99% de chances que le personnel au sol ne se rende pas compte que mon billet n'est pas modifiable. Une réservation est loin d'être indispensable puisque les places libres sont innombrables. Très satisfaits nous remercions vivement notre interlocuteur, sa serviabilité et son amabilité sont effarantes.

Nous prenons place à bord du 4x4, je demande au chauffeur de nous déposer à proximité du ballon captif (identique à celui que l'on peut voir dans le parc André Citroën à Paris) depuis lequel il est possible d'admirer Beyrouth vu du ciel. Il s'agit d'un grand ballon jaune rempli d'hydrogène et relié au sol par un câble. J'encourage Sultan à me suivre mais selon ce dernier il est beaucoup trop risqué d'aller se promener ainsi dans les cieux, cela lui semble terrifiant. Un peu déçu par cet accès de faiblesse je règle 15.000 livres et accède seul à la nacelle circulaire qui peut accueillir une vingtaine d'individus, ores seules deux autres personnes m'accompagnent. Petit à petit le câble lâche sa pression et le ballon se soulève dans les airs. Un immensurable immeuble bleu, abandonné, s'élève à côté de l'aire de décollage de l'aérostat : la violence de la guerre lui a laissé d'impressionnantes et fatales cicatrices. J'observe bientôt Beyrouth à 300 mètres d'altitudes, d'ici l'on réalise combien il doit être vrai que la ville est le plus grand chantier urbain du monde : un peu partout sont visibles des terrains vagues et des tours en construction. Cependant, hormis la magnifique vue sur la mer méditerranée, la capitale libanaise vue du ciel n'a pas beaucoup plus de charme que depuis le sol. Il est cependant intéressant de pouvoir l'appréhender dans sa globalité.

Mon escapade aérienne prend fin au bout d'un petit quart d'heure, je m'empresse alors de montrer à Sultan les clichés de l'étonnante vue. Il regrette finalement de ne pas avoir eu le courage de me suivre.

Nous ne sommes pas très loin du quartier « Solidere » du centre ville, nous pouvons assez facilement nous y rendre à pied. Le temps est magnifique, la promenade est tonifiante. Nous nous installons pour la dernière fois sur une terrasse de café du centre ville, demain à la même heure je subirai les fraîches températures de Paris  L

Haithm (l'ami jordanien rencontré hier) passe justement à proximité, nous l'invitons à se joindre à nous. Ce garçon est décidément fantastique : charmeur, remuant, rieur, énergique et hilarant… un sacré personnage !

Nous nous promenons tout en plaisantant, Haithm a repéré de longue date un responsable de bar qui lui fait beaucoup d'effet, il espère se faire remarquer. Nous nous arrêtons dans une petite boutique qui croule sous les bijoux fantaisies, les sculptures en bois de cèdres, des nargulés divers & variés ainsi que d'autres souvenirs colorés et clinquants. Sultan achète une petite chicha qui se range astucieusement dans une petite valise métallique fermée avec code secret.

Vers 18h15 nous faisons nos adieux à Haithm, lui aussi quittera Beyrouth demain pour retourner chez lui en Jordanie.

Nous rentrons tôt, il nous faut songer à préparer nos valises. Nous nous y contraignons sans liesse.

Elsa m'offre quelques pièces de monnaie libanaises, nous les utilisons très peu ici, il n'est donc pas tout à fait aisé d'en trouver. Elsa savait que je souhaitais en ramener en France., c'est une très gentille attention.

Une fois encore nous savourons un très copieux dîner avant de regarder quelques programmes sur TV5.

Aux alentours de minuit nous nous couchons, il nous faudra être levé dès 5h demain matin L

30 novembre 2005

Beyrouth Jour 8 : Notre Dame du Liban

VENDREDI 18 NOVEMBRE : JOUR 8 – Notre Dame du Liban

Il est midi lorsque Milad fait irruption dans l'appartement avec toute la fougue et l'énergie qui le caractérisent, de toute évidence il prend véritablement plaisir à faire de nos réveils de purs moments de torture. Je le rejoins bientôt dans le salon tandis qu'Elsa lui sert un thé, Sultan pour sa part finit de se préparer dans la salle de bain.

Le débonnaire Milad me sert la main avec vigueur, ouvre grand les yeux et me lance avec un ton faussement vindicatif qu'il est levé depuis 5h du matin. Il a ainsi déjà eu tout le loisir de petit déjeuner, prier, emmener les enfants à l'école et même de travailler.

Nous voilà bientôt tous trois partis à bord du rutilant 4x4 vers une destination qui m'est encore inconnue. Nous n'avons en effet pas un instant parlé d'un programme particulier pour aujourd'hui mais je connais Milad, il a certainement une idée en tête. Nous nous enfonçons dans des quartiers que je n'avais pas encore exploré, je tente maladroitement de voler quelques clichés de divers monuments (mosquées, églises, cimetières) ou de bâtiments qui gardent des cicatrices de la guerre mais la conduite sportive de notre ami me garanti une série de photos plus ratées et floues les unes que les autres.

Nous empruntons bientôt les ruelles de plus en plus étroites d'un quartier vieillot sans charme. Nous gagnons enfin une impasse dans laquelle nous stationnons. Milad nous conduit alors dans un modeste établissement spécialisé en grillades. Nous traversons difficilement l'étroite pièce allongée en nous glissant entre les quelques clients qui encombrent   l'espace entre le mur et le comptoir réfrigéré qui propose divers légumes et viandes. Je ne m'attendais pas à ce que nous nous restaurions si tôt.

Milad nous guide rondement vers une ouverture au fond du petit commerce, au passage il salue chaleureusement les serveurs ainsi que diverses personnes qu'il semble connaître. Nous empruntons un petit escalier qui débouche sur une salle de restaurant rectangulaire, nous nous y installons.

Le lieu n'est pas très vaste mais n'en est pas moins charmant, j'ai un peu le sentiment de me trouver dans une gargote de luxe. Au fond de la petite salle, largement éclairée par une grande fenêtre coulissante, une tablée d'hommes en costume cravate devise bruyamment.

Milad nous a habitué à prendre les choses en main, il prend très à cœur son rôle d'hôte et de guide : il passe ainsi commande sans nous consulter. Il m'explique ensuite que le modeste établissement libano arménien est somme toute réputé, l'on mangerait ici selon lui les meilleures grillades de Beyrouth.

Un serveur pressé nous présente bientôt houmous, feuilles de vignes, caviar d'aubergines, samosas libanais, tabouleh (salade de persil et menthe fraîche, à ne pas confondre avec le taboulé tunisien que nous connaissons)   et autres plats parfumés qui en un rien de temps recouvrent la table. Le sentiment d'abondance est absolument extraordinaire… comment nous sera-t-il dieu possible d'ingérer à trois une telle quantité de nourriture ?!!

Je suis pour ma part particulièrement friand de houmous : quel bonheur que de plonger un morceau de pain libanais « pita » dans le bol de purée de pois chiches ! Deux ou trois des plats disposés tout au long de la table m'intriguent : ils sont plus grands que les autres et ont la particularité d'être recouverts de ces galettes tendres et plates de pain libanais. Milad, d'un coup de fourchette vif et précis soulève une de ces pitas qui protègent en fait de petits morceaux de viande grillée. Il m'encourage à manger vite de peur qu'ils ne refroidissent. Les morceaux délicatement choisis sont relevés par des épices diverses et variées, chaque bouchée laisse échapper des saveurs étonnantes et envoûtantes, le piment chauffe mes papilles avec bonheur sans pour autant brûler, les grillades d'agneau et de bœuf sont parfaitement tendres, elles fondent dans la bouche. Croyez moi sur parole, l'expérience culinaire est à ravir !  J 

Je suis par avance convaincu qu'une fois encore Milad va chercher à régler l'addition, il me faut donc mettre sur pied une stratégie pour le prendre de court : je prépare ainsi discrètement quelques billets, prêt à bondir sur l'addition lorsque celle-ci nous sera présentée. C'était sans compter sur le machiavélisme de notre ami libanais qui, prétextant un besoin de se rendre aux toilettes, avait déjà réglé l'intégralité de la note depuis déjà fort longtemps !!!

Nous reprenons place à bord du véhicule tout-terrain, Milad s'engage sur une voie rapide en direction du nord. Nous quittons Beyrouth et roulons ainsi une quinzaine de kilomètres vers une destination inconnue. A vrai dire je me garde bien d'en demander plus, je prends véritablement plaisir à me laisser ainsi guider et surprendre par notre guide. L'autoroute a été construite sur l'étroite bande côtière : sur notre gauche la Méditerranée s'étend à l'infini tandis que des reliefs albâtres et olive s'élèvent à main droite. La circulation est dense, notre chauffeur zigzague entre des Mercedes et autres BMW. Tout au long du parcours de nombreux panneaux publicitaires vantent en arabe, anglais et français les mérites de tel produit de beauté ou tel autre téléphone portable.

Nous approchons de la ville de Jounieh, je perçois au loin sur les sommets une étonnante construction de verre qui s'élève fièrement. Je demande à Milad de quoi il s'agit, il se retourne et me demande si je souhaite m'y rendre. L'étrange bâtiment me semble bien loin mais je suis en effet intrigué. Je comprends immédiatement au grand sourire satisfait de notre ami qu'il s'agit là depuis le début de notre destination.  

A mon plus grand étonnement nous ne nous engageons pas sur une interminable route de montagne, Milad stationne ici même dans un parking dans la ville de Jounieh. Visiblement excité il me demande alors si j'ai peur du vide. C'est alors que j'aperçois l'interminable câble de métal tiré jusqu'en haut du sommet : de petites cabines bulles multicolores, tels autant d'œufs de pâques, s'envolent vers les reliefs. « Téléphérique !!!» lance alors Milad dans un éclat de rire. Voilà une formidable surprise, je ne cache pas mon excitation.

La structure semble quelque peu vieillotte mais je ne suis pas inquiet pour autant. Nous prenons place dans une de ces amusantes petites cabines rondes : elles sont à tel point minuscules que Sultan et moi avons du mal à tenir côte à côté sur notre banc, l'imposant Milad nous fait face en occupant facilement tout son banc à lui seul, nos genoux touchent les siens et il nous est impossible de nous lever. Il me semble tout à fait être parti pour un tour de manège dans une fête foraine, il n'est pas vraiment concevable que les ludiques bulles vont véritablement nous mener au sommet de la montagne de Harissa.

Nous nous élevons pourtant rapidement vers le relief calcaire, étrangement les cabines passent dans un premier temps entre diverses tours d'habitation, il nous est aisément possible d'observer les gens dans l'intimité de leur appartement. Milad attire mon attention sur des sous-vêtements féminins fort sexy qui sèchent sur un balcon, il prétend que dans ces quartiers habitent un grand nombre de pulpeuses immigrées slaves qui n'hésitent pas à vendre leur charme pour gagner quelques dollars. Je me méfie cependant des élucubrations de notre ami libanais. Nous survolons bientôt de magnifiques pinèdes d'un vert intense et sombre, je commence à réaliser combien magnifique est la baie de Jounieh qui se dessine peu à peu sous nos yeux. Nous parvenons assez rapidement au terme de notre petite balade dans les airs, il nous faut à présent prendre un funiculaire pour accéder à notre destination finale.

Le sommet de la montagne de Harissa forme un plateau sur lequel s'élève, telle la proue d'un navire de béton et de verre, l'imposante église Notre Dame du Liban : une paroi de verre sans fin s'élève, longiligne et rectangulaire, elle n'est pas sans faire penser à un immense panneau solaire. L'architecture de béton blanc retombe tout en longueur à l'arrière de l'édifice comme le ferait une tenture. Mon imagination fertile m'emporte dans un univers de science fiction : l'étonnante bâtisse ne pourrait-elle pas être l'œuvre d'une civilisation avancée voire… extra terrestre ?!!  J

Le site, entièrement fermé par des grilles blanches, se présente un peu comme un parc d'attraction : ici et là il est possible de trouver des chapelles où se recueillir, un stand plus loin propose à la vente cierges et bougies, l'église -tel le château de la Belle au Bois dormant de Disneyland- en est le monument principal, le point d'orientation.

L'autre grande « attraction » à succès est la monumentale statue de la vierge posée sur un socle de pierre creux dans lequel a été construit un lieu de prière. Un étroit escalier monte tout autour du socle jusqu'aux pieds de la très Sainte. Notre Dame du Liban, d'un blanc immaculé et lumineux, semble nous sourire avec compassion, les bras écartés en signe de bienvenue dans le havre de paix de Harissa. D'ici la vue enchanteresse sur la baie de Jounieh s'offre au pèlerin et au curieux.

Déjà le soleil se fait bas sur l'horizon, Milad nous invite à redescendre à Junieh. Nous le suivons à contrecoeur. Une fois extraits de l'exiguë cabine de téléphérique nous visitons les rares boutiques de souvenirs réunies ici. Sultan achète une série de porte clés en bois de Cèdre sur lesquels il fait pyrograver le nom de divers amis en alphabets arabe et latin. J'en acquiers un aussi contre 6.000 livres libanaises.

Nous investissons ensuite la terrasse couverte d'un sombre et vide bar restaurant posé sur le bord de mer. Nous commandons du café, du jus de mangue ainsi que deux narguilés. Des employés spécifiques ont pour charge la préparation de la chicha : ils disposent le foyer à tabac parfumé qu'ils recouvrent d'aluminium. La couche d'aluminium est alors percée de nombreux petits trous, le porteur de chicha y dépose des bouts de charbon incandescents qu'il vient régulièrement renouveler à l'aide d'une pince (il transporte à cet effet un récipient métallique suspendu à une poignée, le réceptacle est rempli de braises). Ces employés spécifiques portent généralement une tenue égyptienne colorée ainsi qu'une coiffe rouge traditionnelle.

Milad cherche à m'impressionner en réclamamnt un titanesque modèle de chicha que je n'avais pas encore vu jusqu'ici. Sultan ne cache pas son écoeurement : avec une moue pour le moins expressive il demande à notre ami comment il parvient à fumer une telle chose. Habituellement le tabac fumé au narguilé est doux et parfumé (pomme, fruits rouges…), force est de constater que l'odeur dégagé par la fumée de ce « nabu chichadonosaure » est autrement plus désagréable. Milad lance avec son habituelle affabilité « Strong chicha only for strong men !!! » puis il me tend le large tuyau à embout. Après une courte hésitation je le porte à mes lèvres et j'aspire avec appréhension une bouffée de fumée au goût fort et âcre… pouah !!!  L   Très vite cependant le teint de Milad se fait cireux, le hardi libanais perd de sa superbe et interpelle un serveur afin qu'une chicha plus conventionnelle lui soit portée. La scène est des plus amusantes.

Il est 19h lorsque Milad nous dépose au pied de l'immeuble de Sultan, il fait déjà nuit depuis longtemps. Je le remercie chaleureusement pour sa gentillesse, une fois de plus grâce à lui la journée a été extrêmement intéressante.

Une petite surprise m'attend dans l'appartement : Milad, avec la complicité d'Elsa, y a fait porter un imposant paquet de fruits secs ainsi qu'une grande boîte métallique de pâtisseries libanaises ! Il s'agit là d'un petit souvenir à ramener en France, je pourrai de la sorte déguster les spécialités du pays en pensant à lui. Ce garçon est décidemment extraordinaire  J

Nous prenons un peu de repos dans le fumoir puis à 21h Sultan fait appeler le chauffeur pour nous rendre dans le quartier « Solidere » du centre ville. Nous y rejoignons Waleed, le jeune et maniéré ami de Sultan qui nous avait rendu visite quelques jours auparavant. Nous nous installons sur une terrasse de café où nous avons rendez vous avec Sari et Haithm. Sari est un Libanais de 32 ans avec qui Sultan était très ami lorsqu'il habitait à Washington. Ils se sont retrouvés hier par un extraordinaire hasard dans la boîte gay, ils n'avaient pas de nouvelles l'un de l'autre depuis près de dix ans ! Haithm pour sa part est un Stewart Jordanien aux yeux verts de 28 ans, il dégage une énergie et une joie de vivre tout à fait époustouflantes.

La petite assemblée est fort drôle et intéressante, nous nous amusons beaucoup. Bientôt un garçon zélé et pressé nous présente une monumentale corbeille de fruits : pommes, mangues, raisin, bananes, mandarines, ananas, kakis… tous plus colorés et appétissants les uns que les autres. Nous piochons sans hésiter une seconde dans la fabuleuse corne d'abondance lorsque Sultan réagit tout à coup : mais qui a commandé ces fruits ? Nous nous regardons les uns les autres, force est de constater qu'il s'agit soit d'une erreur soit d'une tentative de nous pousser à la consommation. Sultan est furieux, il s'en prend avec vigueur au serveur qui refuse de reconnaître son erreur. Notre ami jordanien préfère éviter tout scandale et se propose de prendre les fruits à sa charge. Le serveur, visiblement soulagé, disparaît aussitôt.

La tablée continue à discuter et deviser en arabe, je prends pour ma part plaisir à observer les passants. C'est ainsi que je croise le regard d'un très charmant jeune homme qui s'arrête tout à coup pour me sourire. Rougissant tout à coup, je détourne prestement le regard. Me voyant ainsi embarrassé et accompagné d'amis, il prend l'initiative de s'éloigner et de s'effacer dans le renforcement des arcades. Il fait cependant en sorte de rester suffisamment visible et me fait des signes discrets afin que je le rejoigne. Je tente d'ignorer le bellâtre sans pour autant vraiment y parvenir et pour le coup mon embarras est loin d'être feint. Il restera ainsi tapi longuement, cherchant sans cesse à capter mon regard. N'arrivant pas à ses fins il finit par disparaître… pour réapparaître dix minutes plus tard ! Il n'aura ainsi de cesse d'aller et venir durant une trentaine de minutes. Je finis par en parler à Sultan qui contre toute attente se montre très amusé par la situation.

Nous décidons bientôt d'investir la terrasse d'un restaurant fast-food, juste histoire de changer d'ambiance. Une fois installés Sultan me donne un coup de coude discret, je suis alors son regard.: mon prétendant nous a suivi et reste encore là à m'observer de loin, je n'en reviens pas !!! Il finira par lâcher prise.

Vers 23h nous prenons congé de Sari et Haithm tandis que le jeune Waleed prend place avec nous dans la Pajero de notre chauffeur. Nous nous arrêtons un instant à l'établissement de restauration rapide « Bliss House » que Sultan et moi apprécions tant : nous achetons plusieurs de ces fantastiques sandwiches de pain pita fourrés de viande épicée. Nous rentrons ainsi tous trois nous régaler à la maison.

Waleed finit par rentrer chez lui, nous nous couchons aux alentours de 2h30.


25 novembre 2005

Beyrouth jour 7 : la boîte gay!

JEUDI 17 NOVEMBRE : JOUR 7 !

L'après midi est déjà avancée lorsque j'émerge d'une nuit de 14 heures… nous avons une fois encore abusé d'une véritable cure de sommeil.

Après être difficilement parvenu à extraire Sultan du lit, Elsa nous prépare un copieux petit déjeuner : divers fromages de chèvre, fromage blanc à l'huile d'olive, tartines grillées, pain oriental, olives noires et jus de mangue feront notre bonheur.

Nous terminons l'après midi à discuter dans le fumoir en compagnie d'un ami de Sultan venu nous rendre visite : c'est un jeune garçon doux et réservé d'une vingtaine d'années dont les gestes et manières trahissent facilement l'orientation sexuelle.

Il est déjà 20h lorsque nous rejoignons Assam, un autre ami de Sultan, au quartier « Solidere ». Nous nous installons comme nous en avons pris l'habitude sur l'une des nombreuses terrasses du quartier piéton. Grand et mince, Assam a un physique un peu particulier. Il ne se sépare jamais de sa casquette de cuir noir et son homosexualité n'est pas non plus très difficile à deviner. J'aime son humour et sa vivacité. Comme il ne parle que très mal le français nous communiquons en anglais.

Je ressens un petit creux, ou disons plutôt que mon estomac s'est habitué à ingurgiter des quantités si extraordinaires de nourriture qu'il n'a de cesse d'en réclamer encore et encore. Sultan commande alors de l'hoummous, du taboulleh (salade de persil et oignons mariée à divers condiments) ainsi que des feuilles de vigne farcies. Le tout est accompagné de café turc, Diet Coke et chicha.

Assam exhibe avec fierté son nouveau téléphone portable aux options diverses et variées. Il me le tend tout à coup : un petit film est diffusé dans lequel je peux voir des hommes au sexe turgescent et chevalin sodomiser de pulpeuses blondes. J'en ai un haut le cœur, voilà qui est vraiment de très mauvais goût  L  Je crois que je rougis, quoi qu'il en soit je m'empresse de camoufler l'écran comme possible du fait du passages constant de serveurs et autres clients derrière moi. Assam nous montrera de la sorte une dizaine de films tous plus lubriques les uns que les autres. Cherchant à ne pas être discourtois je ris volontiers à éclats lui laissant ainsi croire que tout cela est aussi bien excitant qu'intéressant.

Nous rejoint bientôt Waleed, le petit ami d'Assam. Le jeune homme est extrêmement charmant, un peu jeune toutefois, quoi qu'il en soit son sourire est envoûteur. Il parle français avec un très bel accent libanais, en roulant les R à la slave.

Lorsque le serveur nous présente l'addition, Assam la règle sur le champ et intégralement. Je proteste immédiatement : il n'a pas mangé, il serait tout à fait ridicule de notre part de le laisser régler notre dîner. Il ne veut rien entendre et me demande si je cherche véritablement à le vexer. Je regarde Sultan afin qu'il intervienne mais celui-ci se contente de hausser les épaules : «tu es dans un pays arabe Kristòf, c'est comme ça ici ».

Nous nous promenons dans les petites rues animées du quartier chic en dégustant une glace Haagen Dasz, de nombreuses boutiques de mode restent ouvertes tardivement. Assam s'approche bientôt de moi en me tendant de nouveau son téléphone et il me murmure à l'oreille qu'il ne veut pas montrer aux autres le film que je vais à présent voir. Je découvre cette fois un tournage amateur : Assam a filmé ses propres ébats sexuels avec je ne sais quel garçon. Aucun doute il est véritablement cinglé !

Autour de 22h Assam stoppe une taxi et négocie la course, Sultan évite de parler car si le chauffeur reconnaît son accent saoudien nous pouvons être certains que le tarif augmentera. La vieille Mercedes nous conduit dans un quartier un peu périphérique et nous arrête devant un petit bâtiment rond entouré par une promenade de gazon. Il est entièrement fait de verre et de métal, telle une verrière futuriste. D'épais rideaux sombres nous empêchent d'apercevoir l'intérieur. Il s'agit en journée d'un restaurant en vogue qui se transforme chaque nuit en bar discothèque gay. Nous réglons 15.000 livres par personnes ($10), deux boissons sont comprises.

Dans la pénombre nous découvrons une salle arrondie, le mobilier est très contemporain. Des images psychédéliques et/ou artistiques sont projetées sur un écran géant au rythme d'un son techno de qualité   mixé par un DJ au crâne rasé. Un interminable bar longe le mur près de l'entrée. Nous nous installons dans de confortables fauteuils autour d'une table basse ronde. Sur le mur derrière moi, sous une protection de verre, veillent de gigantesques et inquiétants poissons de métal, faits de matériaux de récup. De l'autre côté de la pièce 5 marches en demi cercle entourent une plateforme qui n'est pas sans rappeler une scène de théâtre. Un rideau de fer y est baissé et laisse apparaître derrière une nouvelle pièce, de petite taille, faite de tissus et rideaux pourpres, un grand lustre est suspendu. Derrière les rideaux de velours nous devinons l'existence d'une grande salle.

Il est encore tôt, le bar discothèque est loin d'être rempli. Assam et Waleed commandent de la bière, Sultan -qui ne boit pas d'alcool- prend un jus d'orange tandis que je choisis un gin tonic. Très vite finalement les clients affluent. Il y a évidemment peu de filles, la plupart des clients sont des garçons de 20 à 35 ans aux cheveux de geai, yeux noirs et teint halé… un vrai bonheur des yeux ! ;-)   Je suis étonné de la présence de deux travestis. Il est très intéressant de réaliser qu'il est ainsi possible de trouver dans un pays arabe les mêmes discothèques gays qu'en Europe. La musique est excellente et l'ambiance absolument géniale.

Cependant un serveur se présente à nous pour nous expliquer que la table est réservée, il nous faut la céder. Assam est extrêmement vexé car il est un client habituel du lieu et il y dépense beaucoup d'argent. Il se lève fièrement et affirme qu'il est hors de question de rester ici une minute de plus. Sultan, fatigué, est très satisfait tandis que je cache ma déception… j'aime beaucoup l'endroit. A l'extérieur Assam expose l'inacceptable incident à un quelconque responsable et ainsi après un certain temps de pourparlers il nous est proposé d'obtenir une nouvelle table. Au plus grand dépit de Sultan nous retournons ainsi dans l'établissement.

Un second gin tonic me désinhibe suffisamment pour investir la piste de danse avec Assam et Waleed, Sultan reste assis, il sirote un soda et soupire d'ennui. Je retourne alors à ses côtés.

Soudainement, à 1h30 du matin, je réalise que le son de la musique baisse graduellement tandis que la luminosité de la pièce augmente. Voilà qui est curieux, s'agirait-il déjà de l'heure de fermeture ? Le plus étrange est la réaction des gens autour de moi : ils s'immobilisent de façon peu habituelle et ils échangent des regards un rien inquiets, les plus découverts (débardeurs et autres t-shirts moulants) enfilent rapidement un pull ou un manteau. Plus personne ne parle ou ne plaisante, les plus audacieux se permettent tout juste de murmurer quelques mots à leurs voisins. Je perçois l'assemblée comme pétrifiée, dans l'attente d'un évènement qu'il va falloir subir. Je me sens tout à coup très mal à l'aise, je demande à Sultan ce qui se passe, si je dois moi aussi cacher mon débardeur. Il ne me répond pas, il reste impassible et fixe l'entrée de la salle. Je suis son regard et je vois alors quatre ou cinq hommes d'une quarantaine d'années faire leur apparition. Ils se distinguent du reste de l'assemblée par leurs lourds manteaux, ils portent tous la moustache. Ils avancent lentement à travers la foule et observent sévèrement un à un le visage de chaque client. Parfois l'un d'eux s'arrête et interroge les plus jeunes ou autres suspects. Je lance un regard interrogateur à Assam qui me souffle discrètement « Inspectors ! ». Bientôt l'un d'eux avance au niveau de notre table, je me concentre et fais mon possible pour me montrer le plus détendu possible en me donnant une contenance, je regrette amèrement de ne pas avoir enfilé mon pull. L'homme aux gestes lents nous observe avec autorité. A mon plus grand soulagement il ne semble pas s'intéresser à moi, son attention se focalise sur une autre proie : il fronce les sourcils et pointe Sultan d'un doigt accusateur sans dire un mot. Sultan le regarde froidement droit dans les yeux et lui tend la pièce d'identité qu'il avait préparé. L'homme déchiffre longuement et avec suspicion l'étrange permis de conduire saoudien avant de le rendre à son propriétaire. Il s'éloigne sans demander son reste, ils n'auront pas échangé un mot.

Une fois les inspecteurs partis la musique reprend son intensité, la lumière décline, l'assemblée s'anime de nouveau en lâchant des cris de joie et de réconfort. Cependant le passage des hommes à la moustache a laissé un froid palpable, 20% au mois des clients sont partis. Assam m'explique qu'il ne s'agit pas de la police mais d'inspecteurs administratifs… tout cela n'est pas très clair. Ils seraient venu vérifier qu'aucun mineur n'est dans les lieux et chercheraient peut être aussi des Syriens ou d'autres étrangers en situation irrégulière. Le physique de sultan, propre aux Arabes du golfe, était forcément source de suspicion. Pour ma part mon profil, somme toute très libanais, ainsi que ma barbe d'une semaine m'ont permis de passer inaperçu et c'est chose heureuse car j'avais totalement oublié de prendre mon passeport !!! Je n'ose pas imaginer la suite des évènements si j'avais été pointé du doigt, lol ! ;-)

A présent le DJ diffuse de la musique orientale en vogue, la piste de danse se remplit de nouveau.

Il est prévu que demain Milad passe nous rendre visite relativement tôt, nous rentrons donc vers 2h et nous couchons à 3h30.

24 novembre 2005

BEYROUTH... JOUR 6!

MERCREDI 16 NOVEMBRE : JOUR 6.

Il est 13h lorsque nous nous tirons péniblement de notre lourd sommeil, une fois encore nous avons dormi plus de 10 heures. Nous nous sentons apesentis par la plus terrible des fainéantises et traînons difficilement nos corps dans le fumoir pour nous enfonçer le plus lamentablement du monde dans les confortables canapés.

A 14h nous rejoignons Majid dans la salle à manger, Elsa nous a préparé aujourd'hui un fantastique plat érythréen à base de riz et de viande en sauce, nous nous gaverons en plus de frites et salade composée jusqu'à n'en plus pouvoir.

Le frère de Sultan dévore rapidement son repas car il est attendu par le chauffeur : c'est aujourd'hui qu'il retourne en Arabie Saoudite et son avion décolle dans quelques heures. Pour être sincère je ne suis pas mécontent du départ de Majid car Sultan et moi allons pouvoir nous sentir plus libres, nous n'aurons plus à nous cacher continuellement pour le moindre signe de tendresse. De plus j'éprouve le plus grand mal à véritablement apprécier le jeune frère de Sultan (de 4 ou 5 ans son cadet) : sans être tout à fait antipathique il a tout de même ce côté hautain et méprisant qui est propre à un certain nombre de Saoudiens. Il a grandi tel un petit prince dans un milieu plutôt privilégié, il se dégage de lui une grande arrogance (la façon qu'il a de parler à Elsa par exemple). De plus il est terriblement mal élevé, irrespectueux, et je ne supporte pas sa manie d'acheter en permanence des tas de paquets de chewing gums colorés qu'il vide d'un trait dans sa bouche en jetant systématiquement les emballages par terre où que l'on soit. Je me souviens que la veille, lorsque nous roulions à travers les magnifiques paysages des reliefs libanais, il jetait régulièrement par la vitre de la voiture des déchets divers et variés tel de gros paquets de chips gras… en pleine nature ! Il est un outrage à l'environnement à lui seul   L

Majid nous fait ses adieux prestement et disparaît. Sultan et moi retournons au fumoir, je m'intéresse à un film concernant la Nouvelle Calédonie. Il est évident qu'il doit sembler idiot de passer de la sorte autant de temps dans cet appartement alors que ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion de visiter Beyrouth. Force est de reconnaître cependant que je n'ai pas très envie de sortir : une fois de plus l'appartement est plus que confortable mais surtout la ville n'est pas particulièrement envoûtante. Le quartier « Solidere » du centre ville est superbe mais extrêmement petit et cher ; le reste de la ville ne consiste qu'en quartiers fades plus ou moins riches dans lesquels seuls des immeubles sans vrai intérêt sont à observer. Il est aussi bien sûr impressionnant de découvrir des bâtiments d'avant guerre aux multiples impacts de balles mais l'intérêt retombe vite. Je profite donc du climat optimal, de repos (beaucoup !)… et de Sultan !!!   ;-)

C'est ainsi au moment auquel je me convaincs le plus des bienfaits du cocooning que -ô surprise- Sultan évoque sa lassitude de rester à l'intérieur ! Il contacte alors le chauffeur et nous nous rendons une fois encore au quartier « Solidere ».

Le jour décline, je veux profiter de la fantastique luminosité pour prendre des photos. Nous nous rendons à proximité de la grande mosquée auprès de laquelle repose la dépouille de Rafik Hariri. Tout à côté se trouve la place des Martyrs, telle une page blanche en friche elle a été presque entièrement rasée, il ne reste que l'émouvante statue des martyrs (dont la silhouette m'est familière car on la retrouve sur les billets de 10.000 livres libanaises). Un énorme panneau indique ce que la ville projette de faire du quartier. Je m'approche de la statue des hommes meurtris et fiers, je réalise alors que l'œuvre a souffert de la guerre : elle est totalement percée d'impacts de balles, un bras a même été arraché… ajoutant encore au dramatique qui se dégage des personnages de bronze.

Nous retournons dans les ruelles piétonnes toutes proches pour de nouveaux clichés puis nous nous installons sur une terrasse de café. Le ciel s'embrase de pourpre et d'or, l'air est doux, je ne veux pas un instant imaginer les températures hivernales qui règnent à paris. Nous avons à présent nos petites habitudes ici : Sultan fume la chicha tandis que je déguste un café turc.

La nuit est tombée, nous retrouvons la Pajero du chauffeur palestinien. Il nous dépose chez un vieil homme qui doit remettre à Sultan un document pour un autre de ses frères. Je suis étonné par la façon dont Sultan embrasse cet homme : il lui fait une bise sur une joue suivie d'une succession de trois bises sur l'autre joue. Nous sommes invités à nous installer dans un salon à l'odeur de naphtaline. Une bonne asiatique anglophone nous sert un rafraîchissement. L'intérieur est chargé et vieillot, le mélange osé des styles arabes et chinois me semble de bien mauvais goût. L'homme âgé et Sultan resteront ainsi une vingtaine de minute à discuter en arabe, ignorant totalement l'ennui profond qui m'assaille. Mon regard est absorbé par l'écran de télévision qui diffuse une émission sur le Tsar Nicolas II… le son est coupé.

Autour de 20h nous retournons à l'appartement où nous dégustons de nouveau le fabuleux plat érythréen d'Elsa. Plus tard l'ami de Sultan qui ressemble tant à Jean Marc Barr nous rend visite, nous nous installons sur les canapés du fumoir. Nul effort sra fait de leur part pour parler anglais ou français, je me réfugie alors peu à peu dans les programmes de TV5. Cependant je n'ai de cesse d'observer discrètement ce garçon : son physique est décidemment extraordinaire, il a eu de plus l'excellente idée de porter un court short qui met en évidences ses puissantes cuisses ainsi qu'un T-shirt à la fois serré et ouvert sur le torse mettant en relief les contours saillants des impressionnants pectoraux. Je puis vous assurer que ce n'est pas tous les jours que j'ai l'occasion d'être exposé à un tel sex appeal !!! Pour le coup me voilà fort perturbé et j'ai le plus grand mal à me concentrer sur l'interview de Lionel Jospin à la télé ;-)

Le charmant Beyrouthin aux accents de Grand Bleu partira tardivement, nous nous couchons à 2h30.

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23 novembre 2005

BEYROUTH... JOUR 5 !!!

MARDI 15 NOVEMBRE 2005 : JOUR 5

Il est près de midi lorsque je me réveille, je m'éclipse de la chambre sans bruit afin de laisser Sultan dormir. J'éprouve l'envie de me plonger dans un bain, je laisse couler une eau très chaude mais je m'aperçois bientôt que le bain tant désiré offre d'étranges tons ocres et orangés… beuh… l'idée d'un bain d'urine me traverse l'esprit et me donne un haut le cœur. Je vide la baignoire, je laisse encore couler l'eau qui finit par s'éclaircir.

Sultan se lève à son tour. Milad nous rend visite, nous prenons tous trois le déjeuner que nous a préparé Elsa puis il retourne à son travail. Sultan et moi nous sentons quelque peu las, nous n'avons pas très envie de faire quoi que ce soit. Nous nous installons alors devant la télé, je regarde les programmes de TV5 tandis qu'il fume la chicha.

J'encourage Sultan à sortir pour ne pas perdre une journée à ne rien faire mais un élan aigu de fainéantise le submerge, il se refuse à bouger. Je m'emporte un peu contre lui : il est vrai que l'appartement est vaste et confortable, un vrai bonheur pour le cocooning, mais il me semble idiot de rester enfermés de la sorte alors que je découvre Beyrouth. Je ne parviendrai pas à le convaincre.

Pour ma part je souhaite au moins me rendre dans un bureau de poste afin d'envoyer deux ou trois cartes en souffrance. Sultan demande à Elsa de bien vouloir m'y accompagner car le bureau n'est pas facile à trouver. Il est 16h lorsque je suis la petite cuisinière dans les rues du quartier, la nuit tombe déjà. Nous suivons et traversons de grandes avenues tristes, la circulation est importante.

Elsa parle un anglais approximatif , son accent prononcé et sa petite voix fluette ne me permettent pas de saisir tout ce qu'elle me dit, ce n'est pas tant que je ne comprends pas ses mots, c'est plutôt que je ne l'entend pas à travers le brouhaha citadin.

Il est difficile de donner un âge à Elsa, peut être a t-elle 27-32 ans. Ses cheveux lisses et épais sont noir geai, un peu longs et attachés derrière la tête. Sa timidité, sa douceur, sa discrétion et son sourire sincère font d'elle une personne très attachante. Elle est petite, mince, la couleur de sa peau est beaucoup plus sombre que celle des gens ici. Elle m'explique alors qu'elle a immigré au Liban il y a 10 ans, elle est originaire de l'Erythrée, sa langue maternelle est donc le Tigrina (qui comme l'arabe et l'hébreu est une langue sémitique). Lorsqu'elle est arrivée à Beyrouth elle ne parlait pas un mot d'arabe.

Après 15 minutes de marche nous arrivons enfin au niveau d'un petit bâtiment moderne partagé par la société de télécoms locale et une agence postale. Le local offre la place nécessaire pour deux guichets seulement, je suis l'unique client. Derrière lesdits guichets deux demoiselles m'accueillent chaleureusement en arabe. Elles baragouinent un rien le français, nous parlerons plutôt anglais. L'un d'elles, très douce et réservée, cache ses cheveux dans le foulard islamique, la seconde est au contraire vêtue, coiffée et parée à la dernière mode occidentale. Cette dernière prend apparemment plaisir à tenter de me séduire, c'est extrêmement drôle. Elle est étonnée de me savoir français, elle était de prime abord persuadée d'avoir affaire à un compatriote. Elle me demande non sans fierté ce que je pense de leur lieu de travail. Le local est apparemment   récent, d'une modernité effarante avec une composition lumineuse recherchée et des matériaux de qualité. Je reconnais que la plupart des bureaux de poste français sont loin d'être aussi agréables. Elle me répond dans un large sourire que si je veux vraiment voir un bureau de poste exceptionnel je devrais aller visiter celui du centre ville. J'achète quelques timbres, j'envoie les cartes écrites quelques jours plus tôt et je prends congé des ravissantes demoiselles.

Sur le chemin du retour je succombe à une terrible tentation … je tombe sur une pâtisserie libanaise !!! Miam, je suis très friand des gâteaux arabes  J Sous deux larges vitrines ce sont des mètres carrés de bouchées aux senteurs de miel et d'eau de fleur d'oranger qui s'offrent à mon regard, je suis pris d'une soudaine et intense excitation ! Fort heureusement pour ma ligne ces bijoux gastronomiques ne sont pas tout à fait donnés, je me contenterai de 500 grammes de bonheur.

A peine arrivé à l'appartement je m'installe dans l'un des confortables canapés du fumoir et j'avale une à une les désirées pâtisseries. Sultan m'observe amusé, pour sa part il n'est pas très friand de sucreries. Elsa refusera d'y goûter par pure politesse, seul Majid -le frère de Sultan- se laissera tenter. Pour tout dire je n'ai en réalité pas très faim mais ma gourmandise est sans limites, je plongerai ainsi dans l'excès sans vergogne aucune.

Ces spécialités libanaises sont pour la plupart conçues à base de pistaches ou de nougat mou type turròn espagnol (il s'agit d'une pâte obtenue par la cuisson de miel, de sucres et de blancs de œufs, à laquelle on ajoute ensuite des amandes pelées et grillées). L'apport calorifique est tout à fait terrifiant, l'écoeurement est finalement au rendez vous… personne s'en étonnera. Très sincèrement je leur préfère tout de même les spécialités marocaines et algériennes, relativement moins écoeurantes.

Vers 19h le 4x4 Pajero du chauffeur nous attend au pied de l'immeuble « Park Building » au cinquième étage duquel se situe l'appartement. Nous nous rendons dans le quartier central que j'affectionne tant. Il semblerait que ce quartier ait en partie été reconstruit en s'inspirant de la France (place de l'étoile) et de l'Italie (se trouve ici l'ambassade italienne qui fait aussi office de consulat pour un grand nombre de ressortissants européens). Le quartier est souvent dénommé « Solidere » du nom de la société à qui appartient une partie du terrain. Je me rends dans un cyber tandis que Sultan et son frère se promènent alentour.

En fin de soirée -comme à l'accoutumée- fruits secs, café turc, jus de mangues et chichas nous attendent sur la terrasse du Grand Café à proximité de l'appartement familial.

De retour à l'appartement nous regardons le journal télévisé suisse puis l'élection de « Miss Lebanon Immigration ». Sultan s'amuse à m'apprendre quelques mots d'arabe. Un gigantesque orage éclate dehors, le tonnerre fait vibrer les vitres… il fait bon être confortablement allongé devant la télé.

Nous nous coucherons vers 2h30.

22 novembre 2005

LIBAN : JOUR 4 !!!

JOUR 4 : LUNDI 14 NOVEMBRE

Le son agaçant du réveil de mon téléphone me sort brutalement de mon sommeil, il est 8h… terrible d'avoir à se lever si tôt !  L  Malgré tout je trouve l'énergie nécessaire pour sauter du lit. Sultan pour sa part plonge sous les draps et grogne lorsque j'allume la lumière. Je lui rappelle que Milad nous a promis un réveil plus que musclé si nous ne sommes pas prêts à son arrivée. Lorsque je sors de la douche Sultan est lamentablement rendormi. Je le secoue mais il n'apprécie pas mon audace : il me menace de faire dorénavant chambre à part si je ne cesse de le harceler. Son frère Majid ne semble pas levé non plus. Milad fini par arriver et secoue ce beau monde avec vigueur. Pendant que ces messieurs se préparent je rejoins Milad dans le salon, il me présente alors un Monsieur d'un certain âge, je crois comprendre qu'il s'agit d'un Général. Ce dernier prend bientôt congé de nous.

Elsa nous a préparé un brunch copieux, nous pouvons de la sorte prendre quelques forces avant la longue journée qui nous attend.

Vers 10h nous sautons dans le 4x4 de Milad et nous voilà partis en direction du sud de la ville. La façon de conduire à Beyrouth est assez terrifiante : les limitations de vitesse ne sont jamais respectées, les Libanais ne semblent pas connaître les priorités : c'est le plus hardi, le plus pressé, le plus fort qui passe en jouant du klaxon. Le plus terrible c'est que les feux rouges et autres stops sont aussi systématiquement ignorés ! Ainsi s'élance notre véhicule sur la grande voie rapide qui traverse les faubourgs sans charme de la ville.

Nous arrivons bientôt à Saida, la ville d'où est originaire Milad. Le frère de Sultan a ici un secret rendez-vous, nous le déposons dans un quartier de la ville et nous allons stationner plus au centre. Sultan et Milad parlent de façon fort passionnée en arabe et bientôt le ton monte, Sultan est très remonté. Je demande à ce que l'on m'explique ce qui provoque ces hostilités. En fait Sultan est très intrigué, voire inquiet, par le curieux rendez-vous de Majid. Il sait que Milad est dans la confidence et il exige de lui qu'il lui dise ce que fait son frère mais Milad ne cède pas. Les choses finissent malgré tout par se calmer.

Saida est une ville qui grouille de monde, les commerces sont nombreux, les trottoirs encombrés. Nous sommes loin des tours modernes et luxueuses de Beyrouth : la plupart des bâtiments, un peu années 50, sont peu hauts, sans style, sales et peu entretenus. Les boutiques sont encombrés de dizaines d'articles de médiocre qualité, au dessus des rues ainsi que sur les murs ce sont des centaines et centaines de fils électriques noirs qui s'emmêlent formant de tristes pelotes ou autres toiles d'araignée. Bref je perçois la ville de Saida comme brouillonne et sale. Cependant elle correspond bien plus que Beyrouth à l'image que je pouvais me faire des villes de cette région du monde.

Nous nous enfonçons dans de petites rues qui se transforment en ruelles extraordinairement étroites : voila le centre historique de la ville. Les demeures sont plus anciennes mais pas entretenues pour autant, c'est fort dommage. Souvent ces petites rues piétonnes et encombrées par les étals de commerçants s'enfoncent dans des bâtiments en prenant l'aspect de tunnels peu éclairés.

Finalement ce dédale sans logique a beaucoup de charme, la balade est très agréable. Nous pénétrons dans un couloir sombre de pierres de taille qui débouche dans une boutique dans laquelle se vendent chichas et autres produits locaux. Milad connaît le propriétaire, il le prend dans les bras et le salue chaleureusement. La pièce est ronde, un magnifique dôme la coiffe, nous nous trouvons dans d'anciens bains turcs. Un peu plus loin les ruelles sont tout à coup magnifiquement entretenues et les anciennes bâtisses parfaitement rénovées : nous arrivons au musée du savon. Il s'agit d'une ancienne savonnerie, il est ici possible de comprendre les divers stades de l'élaboration du savon. Le musée n'est pas très grand mais l'architecture sobre mais superbe de pierres de taille vaut la visite pour elle toute seule. Je suis aussi impressionné par l'immense mur de savons traditionnels de forme cubique (type savon de Marseille) qui s'élève près de l'entrée.

Nous effectuons la visite du musée et du quartier au pas de charge, je manque à moult reprises de perdre Sultan et Milad qui nourrissent une conversation animée sans faire attention au fait que je m'arrête régulièrement pour prendre des photos. Il est un peu frustrant de courir ainsi.

Nous retournons au parking ou nous attend Majid, il est accompagné d'un homme relativement âgé qui nous salue chaleureusement avant de disparaître. Nous reprenons la voiture pour nous éloigner du centre, les immeubles sont là plus récents. Milad nous fait alors visiter un appartement un en chantier : il s'agit de sa nouvelle propriété. Le logement est vieillot mais extrêmement grand, il y a même un accès à une petite cour extérieure au centre de laquelle trône une fontaine asséchée, des orangers poussent tout autour. Il y a certes beaucoup de travaux à effectuer mais le résultat sera certainement prometteur.

Avant de quitter la ville nous stoppons dans une très belle bananeraie, sur les arbres les régimes de bananes sont étrangement protégés par des sacs en plastique bleus. Je ne saisis pas très bien ce que Milad m'explique, je crois comprendre que cette propriété lui appartient aussi, à moins qu'il s'agisse d'un bien familial… ou tout autre chose encore… lol !

Nous empruntons bientôt des routes de plus en plus étroites qui s'enfoncent dans les collines avoisinantes puis dans les montagnes. Nous nous arrêtons de temps à autre afin que je puisse prendre quelques clichés. Le cadre est fantastique et me rappelle assez étrangement les reliefs et paysages autour de mon petit village de Drôme provençale. Quoi qu'ici la végétation est nettement moins bien fournie. Il s'agit d'un décor très méditerranéen avec des roches blanches en strates. Il fait extrêmement beau, une petite brise fraîche souffle. Il est possible d'apercevoir quelques cultures en terrasses ainsi que de nombreux oliviers et autres conifères.

Une chose cependant m'interpelle : je m'attendais ici à découvrir de petits villages typiques et anciens mais les quelques villes que nous traversons sont faites d'immeubles sans charme (hormis une ville chrétienne que nous avons traversé rapidement). Imaginez une vue plongeante sur un paysage aux reliefs doux aux tons verts et blancs, nous sommes très loin des agglomérations importantes du pays, c'est la pleine campagne. Mais au milieu de ce décor le charmant village que l'on pourrait y imaginer fait place à des séries d'immeubles blancs épars du même type de ce que l'on trouve dans certaines banlieues… c'est absolument ahurissant, surtout qu'il s'agit la plupart du temps de petits bourgs.

Au somment d'un mont nous nous arrêtons au pied d'une mosquée albâtre en réhabilitation. Face à celle-ci une minuscule grotte s'ouvre dans un très grand rocher. A l'intérieur deux stèles de pierre longues et basses sont disposées face à face tel des bancs, de nombreuses bougies y brûlent. Tout le sol de la grotte ainsi que les stèles sont recouverts d'une épaisse couche de cire blanche durcie. Milad nous raconte l'histoire du prohète Ayoub qui aurait vécu dans cette grotte mais je ne comprends pas grand chose à vrai dire. Je suis Majid et Milad dans la petite mosquée, nous nous déchaussons et découvrons une pièce carrée et claire recouverte de tapis. Tout autour de la pièce des cousins type matelas sont disposés, deux vieux hommes sont assis et discutent. Au centre, protégée par des barreaux, est disposée la tombe du prophète en question, elle occupe la plus grande partie de la pièce. Les deux garçons s'agenouillent face à un mur et commence une prière. Je m'éloigne pour lire une affichette près de l'entrée qui raconte en français et en anglais l'histoire du prophète Ayoub (que l'on connait dans la Bible sous le nom de Job). Il est raconté que cet homme était un riche propriétaire qui avait beaucoup d'enfants et de biens dans la région de Damas (capitale de l'actuelle Syrie), tout à coup il fut frappé par le malheur : il perdu ses richesses, ses enfants moururent et son corps fut rongé par la petite vérole. Il aurait vécu des années dans la grotte que nous venons de voir dans le dénuement le plus total. Sa femme resta à ses côtés pour l'aider de son mieux tandis qu'il ne cessa de prier Allah. Ce dernier l'entendit et finit par lui rendre la santé ainsi qu'une grande richesse et lui donna moult enfants.

Nous reprenons notre route, nous traversons la région druze. On trouve les Druzes essentiellement au sud du Liban, au nord d'Israël et en Syrie. La doctrine des Druzes est secrète. Les Druzes croient en la métempsychose. Il y a divers degrés d'initiation, mais ni liturgie, ni lieux de culte. Leur croyance est un syncrétisme dominé par l'Islam et le Coran, elle emprunte des pensées dans le christianisme, le bouddhisme, l'hindouisme. Les hommes arborent un petit bonnet blanc un rien pointu tandis que les femmes portent une robe noire, un grand voile blanc est attaché à la tête et recouvre une grande partie du corps. Ce sont des vêtements traditionnels qui n'ont pas de connotation religieuse.

Les musulmans et les chrétiens comprennent mal les Druzes aux pratiques si secrètes. Pour preuve Milad nous raconte qu'ils forniquent entre frères et sœurs, enfants et parents et entre personnes de même sexe. Il s'agit de toute évidence de fantasmes ridicules colportés par l'ignorance. Majid et Sultan, un rien naïfs, écoutent ces élucubrations avec fascination. Ils seront définitivement convaincus par les inepties de Milad lorsque ce dernier pointera du doigt deux femmes druzes rentrant dans une maison en se tenant par la main… les deux saoudiens sont littéralement atterrés, notre guide libanais jubile. Pour ma part je hausse les épaules en me convaincant qu'il serait tout à fait inutile que je donne mon avis.

Le soleil baisse dans l'horizon, je me sens épuisé par nos heures de routes, je m'endors bercé par les virages malgré la conduite sportive de Milad. Il est environ 16h30 lorsque nous revenons à Beyrouth, nous stationnons à proximité du quartier central. Nous suivons Milad qui pénètre dans un magnifique bâtiment ocre neuf à la façade travaillée inspirée de l'architecture de type Renaissance. Les lieux sont très beaux, fins et empreints de luxe. A notre gauche une petite pièce s'ouvre dans laquelle sont présentés des dizaines de poissons divers et variés sur un lit de glace pillée. Des hommes en costume cravate se pressent autour de nous et nous conseillent en arabe. Je ne comprends pas du tout ce que nous faisons ici, ce lieu étrange n'a rien d'une poissonnerie ! Nous quittons la pièce (sans poissons) et pénétrons dans la grande salle voisine dans laquelle déjeunent (ou dînent ?) un certain nombre de personnes tirées à quatre épingles. L'on nous installe à une table, Milad passe commande.

Je ne comprends absolument rien, il n'a pas été question une seconde de se restaurer et de plus il n'est pas 17h, c'est une heure un peu indue pour un repas. Pour couronner le tout je me sens parfaitement ridicule ici avec mon vieux jean et mon t-shirt à smiley  L  Bientôt deux serveurs nous présentent une multitude de plats qu'ils alignent sur la table, il n'y aura bientôt plus le moindre espace libre : je n'ai pas très faim mais la vue de tous ces poissons frits, calamars panés, hoummos, salades, feuilles de vigne farcies, frites et dieu sait quoi encore me fait saliver. La quantité de nourriture est fabuleuse, nous mangerons à n'en plus pouvoir, mon estomac me fait souffrir, je frise l'indigestion mais Milad n'a de cesse de me servir encore et encore. Suivront des fruits en abondance, du café à volonté ainsi que d'autres sucreries. Les garçons finissent en fumant la chicha. Ce restaurant est extrêmement côté à Beyrouth et connaissant à présent le coût de la vie ici j'appréhende une addition terriblement salée. Mais au moment de régler c'est une fois de plus Milad qui s'empare de la note ! Je réagis sur le champs en l'interdisant formellement de payer une fois encore pour nous mais il ne veut rien entendre, il se contente de me dire en souriant avec son air débonnaire : « tu sais Kristòf au Liban un étranger se doit d'être notre invité pendant trois jours ». Je suis circonspect, je pense qu'il me mène en bateau. Je lui demande ce qu'il se passe après ces trois jours, il s'exclame alors : « après tu vas te faire foutre !!! » … nous éclatons de rire  J

Il est près de 18h lorsque Sultan et moi regagnons l'appartement, mon ventre est gonflé, je me sens épuisé, je m'effondre sur le lit et m'endors jusqu'à 22h. A 23h Sultan appelle le chauffeur afin qu'il nous dépose avec son frère au Grand Café pour fumer la chicha. Je me contenterai de jus de mangue. La bouteille d'eau minérale (la fameuse qui est imposée) plus deux chichas et nos jus de mangue nous coûterons plus de 30 euro. Ce n'est décidément pas donné, je n'ose même pas imaginer la somme que Milad a payé au restaurant !

Nous rentrons à minuit, je me prépare quelques tranches de pain avec du saumon fumé devant la télé puis nous nous couchons.

21 novembre 2005

Liban... JOUR 3 !

DIMANCHE 13 NOVEMBRE

Après quelques onze heures de sommeil nous nous réveillons, il est 13h. Aujourd'hui Milad (rappelez-vous : l'ami libanais qui m'avait emmené tirer au pistolet le soir de mon arrivée) nous avait proposé une balade en-dehors de la ville, dans les montagnes. J'étais très excité par l'idée de découvrir d'autres facettes du Liban. Malheureusement celui-ci nous appelle pour nous expliquer que nous devons reporter l'escapade car la plupart des rues sont fermées à cause du grand Marathon de Beyrouth qui a lieu aujourd'hui. Je me rappelle alors en effet avoir vu la veille des bandes de plastique jaunes «  POLICE LINE – NO PARKING » accrochées un peu partout dans la ville, c'était ainsi pour l'organisation de l'évènement sportif.

Tant pis, de toute façon Sultan n'est toujours pas très en forme : la fièvre est tombée mais il se sent fébrile. Elsa a préparé de savoureux petits plats. Tout en me goinfrant (littéralement) je me dis qu'il est tout de même bien commode d'avoir ainsi quelqu'un à la maison qui te prépare les plats dont tu as envie, qui met la table, débarrasse, lave les couverts, fait ton ménage, ton lit et ta lessive… quel bonheur ! lol ! En plus Elsa est vraiment douce et agréable, c'est un vrai plaisir  J

Je regarde ensuite le journal télévisé sur TV5 dans le fumoir puis je sors dans le quartier que je connais encore bien peu. Cette fois je me détourne de la côte, je préfère m'enfoncer dans les quartiers plus périphériques munis de mon appareil photo. Autour de chez Sultan les immeubles sont –comme je le disais précédemment- très récents et ultra modernes, il y a de ci de là des terrains vagues sur lesquels seront construites des tours pour riches propriétaires. De nombreux bâtiments sont en construction, la ville –tel un immense gruyère- est criblée de chantiers.

En m'éloignant je pénètre dans des quartiers plus anciens, petit à petit la plupart des bâtiments qui s'offrent à l'objectif de mon appareil photo sont d'avant guerre, je n'avais pas vu jusque là cet aspect de Beyrouth qui finalement est peut être plus proche de la réalité. Il s'agit toujours d'immeubles de 10 ou 15 étages mais beaucoup plus vieillots, ce n'est pas sans rappeler certaines cités de nos banlieues. Tous les bâtiments à Beyrouth ont des balcons et je suis frappé par le fait que souvent ces balcons peuvent se « fermer » par de grands rideaux épais et imperméables. Le résultat est de très mauvais goût : imaginez des tours style années 60 sur lesquelles pendent d'immondes et grands rideaux sales aux couleurs délavées… c'est atroce !

Ces quartiers donnent une impression très glauque mais je ne me sens pas en insécurité pour autant : les Libanais me semblent très doux et quoi qu'il en soit les délits & crimes doivent être rares du fait de l'omniprésence de l'armée et de la police.

Autre détail impressionnant qui prouve que ces bâtiments ont connu la guerre : ils sont tous systématiquement recouverts d'impacts de balles ! C'est quelque chose qui rend soudainement ces années sombres très présentes et cela fait froid dans le dos. Certaines façades sont littéralement criblées d'impacts. Plus rarement l'on tombe sur des immeubles éventrés par des tirs d'armes lourdes.

Je mitraille à mon tour mais de façon plus pacifique : avec mon Pentax ! ;-)   Malgré tout, ma curiosité touristique ne semble pas plaire car bientôt j'entends au loin plusieurs voix interpeller avec autorité. Je poursuis mon chemin sans y prêter attention pensant que les invectives ne me sont certainement pas adressées. Les voix semblent alors prendre de la vigueur et se transforment en hurlements furieux. Oups… il serait peut être plus sage alors que je m'arrête. Je me retourne et aperçois en haut de la rue trois ou quatre soldats, fusils mitrailleurs à la main, postés devant le mur de béton d'une caserne sur laquelle un très grand drapeau libanais a été peint. Des barbelés coiffent le mur. Ils me font signe d'approcher en criant des mots en arabe. Afin de mettre en confiance les représentants des forces de l'ordre je m'exécute prestement et, une fois à leur niveau j'offre mon plus amical sourire et je lance un naïf «  hello ! ». Ces messieurs ne semblent pas aussi agressifs que je l'imaginais de prime à bord. Ils m'interrogent en arabe, je m'excuse de ne pas parler la langue du Prophète, ils me demandent alors en anglais ce que je fais avec mon appareil photo. Je leur explique que je suis un simple touriste français et que je me promène pour découvrir Beyrouth. Ils me demandent alors très cordialement de ne pas prendre de photos dans ce coin, ce n'est pas autorisé (j'imagine que c'est du fait de la présence de ce bâtiment militaire). Ils me remercient alors pour ma compréhension. L'un d'entre eux me demande d'ouvrir mon sac à dos, les autres sont soudainement très gênés par l'audace de leur collègue et visiblement lui font comprendre que c'est exagéré. J'ouvre pourtant sur le champ le sac, quasiment vide, pour leur montrer que je n'ai rien à cacher. Ils me remercient vivement et me laissent repartir en lançant chaleureusement « bienvenue au Liban ».

Un peu plus loin je tombe sur un bâtiment très abîmé par la guerre, j'aimerais le prendre en photo mais je suis encore en vue des soldats. Peu importe, un gros arbre me permet de me cacher d'eux et d'ainsi voler discrètement quelques clichés    ;-)

Le soleil est à présent très bas, la luminosité est belle. De ci de là, partout dans Beyrouth, l'on voit des affiches de Rafik Hariri et de son fils. Souvent des bandeaux noirs où le mot VERITE est écrit en immenses lettres blanches en anglais et en arabe sont accrochés sur les façades des immeubles. Rafik Hariri a été à deux reprises le Premier ministre du Liban et il était très opposé à la présence militaire et à l'ingérence de la Syrie dans son pays depuis la fin de la guerre. Il a été assassiné il y a quelques mois et une enquête de l'ONU démontre que le pouvoir syrien pourrait être à l'origine de l'attentat. Les Libanais sont descendus par milliers dans les rues pour réclamer la vérité sur ce meurtre, la réaction populaire et politique internationale a été telle que la Syrie pour la première fois a été contrainte de se désengager du Liban. Depuis Rafik Hariri est adoré telle une idole patriotique, comme le symbole de l'indépendance libanaise. J'ai oublié de préciser que le premier soir de mon arrivée Sultan m'a emmené voir la grande mosquée (absolument magnifique) toujours en construction près du quartier central. A l'extérieur de l'édifice religieux se trouve la dépouille mortelle de Rafik Hariri : des dizaines de couronnes de fleurs aux couleurs du pays sont disposées, des bougies brûlent, un immense drapeau au Cèdre est suspendu au dessus de tout cela telle une toile de tente qui protègerait la tombe sacrée. Un soldat se tient au garde à vous, un panneau lumineux rappelle que l'homme a été assassiné il y a 270 jours. Un petit peu plus loin sont disposés les cercueils des autres personnes qui ont aussi perdu la vie lors de l'attentat à la bombe. De partout des portraits de Rafik Hariri saluent sa mémoire.

Je poursuis ma promenade mais je n'ose pas vraiment prendre des photos, les gens ici ne sont pas véritablement habitués à voir des touristes et j'ai peur de les blesser à photographier ainsi des quartiers peu opulents. Je me laisse tout de même tenter par quelques clichés mais je réalise vite que mes craintes sont fondées et que je peux gêner certains habitants. Par exemple après avoir pris la photo d'une façade très glauque, sale, aux rideaux marrons et délavés, un vendeur –environ 25 ans, lunettes rondes cerclées de métal- a abandonné sa boutique pour s'approcher doucement de moi par derrière. Il se penche alors vers moi en fronçant les sourcils et me pose une question en arabe. Il me demande ensuite dans un mauvais anglais pourquoi je photographie ce bâtiment. Il parle lentement et calmement mais son regard est plein de méfiance, de toute évidence il n'apprécie pas du tout ma curiosité. J'hésite à jouer de nouveau le naïf touriste amical, la façade que je viens de prendre en photo n'a en effet pas le moindre attrait touristique. Une idée me traverse alors l'esprit : je souris en tentant de cacher tout signe de malaise et lui dis « I am a French artist, I'd like to make a painting about Beirut and I'm looking for ideas and colours ». D'un geste large je lui montre la façade hideuse et lui confie le plus sérieusement du monde « the colours of this building inspired me, this brown is amazing! Sorry, I didn't want to bother you ». Il balbutie quelques mots avec étonnement en acquiescant mais en fronçant toujours les sourcils, il semble à la fois soulagé et suspicieux. Je le salue en m'excusant encore et je m'éclipse sans demander mon reste.

Il fait bientôt nuit, je retourne donc à l'appartement retrouver Sultan et son frère Majid. Milad pour sa part nous rejoint un peu plus tard, il tient absolument à nous faire découvrir un restaurant français qu'il aime tout particulièrement et qui se situe dans le fameux quartier central et branché. Une fois là bas Milad commande pour nous quatre le même plat, selon lui la viande est fabuleuse. Le restaurant est classieux et contemporain, sur les murs de bois de grandes et anciennes affiches publicitaires françaises sont encadrées. Le serveur, tiré à quatre épingles, nous sert une viande de bœuf coupée en lamelles et présentées avec des frites et une sauce au beurre et herbes. La qualité de la viande est excellente mais la quantité fait défaut. En réalité une fois mon assiette terminée le serveur me présente une planche de bois et me sert à nouveau une quantité de viande similaire. Je vois à la moue de Sultan qu'il n'apprécie pas vraiment la finesse de l'étrange sauce et au grand désespoir de Milad il réclamera du ketchup. Ce n'est cependant pas le type d'établissement qui a ce genre de condiment en réserve. A la fin du repas Milad s'empare de l'addition, nous sommes ses invités. Nous protestons mais il ne veut rien entendre : au Liban le visiteur doit être gâté. C'est extrêmement gentil mais aussi généreux de sa part, ce repas lui a certainement coûté très cher ! Nous sommes repus mais en nous promenant dans les rues piétonnes nous succombons cependant à la tentation d'une glace Haagen Dasz. Mais une fois encore Milad nous prend de cours en réglant la note alors que lui-même n'en a pas mangé… sa gentillesse devient très embarrassante.

Milad nous conduit en 4x4 au Grand Café, nous aimons la grande terrasse de l'établissement et sa vue sur la mer. Nous fumons la chicha, Sultan me voit ainsi fumer pour la première fois et s'étonne. Nous nous séparons assez tôt car demain Milad vient nous chercher à 8h du matin pour enfin partir à la découverte des montagnes alentours. Il nous promet une journée entière de découvertes. Nous devrions nous coucher tôt mais Sultan a très envie de rendre visite à des amis à lui. J'hésite à l'accompagner, je me sens fatigué. Finalement je le suis, Milad et Majid nous déposent chez les connaissances en question.

Je suis immédiatement frappé par la beauté du garçon qui vient nous accueillir : peu grand mais musclé, peau halée, crâne tondu, yeux noirs expressifs et fabuleux sourire… ce garçon ressemble terriblement à Jean-Marc Barr en plus jeune et encore plus beau… waow !!! Il nous présente son copain (chez qui nous sommes) encore plus fabuleux avec sa chevelure noire ébène et sa barbe d'une semaine poivre et sel. D'autres amis, tous trentenaires, sont présents. Chacun des convives, filles et garçons, sont accueillants, agréables, souriants et … beaux !

L'appartement est fabuleux lui aussi : très grand il peut accueillir deux coins salon séparés avec tables basses et canapés. Une grande table est posée à l'autre extrémité de la vaste pièce. Le mobilier est contemporain, tout comme les luminaires et les objets de décoration. C'est tout à fait le type de logement dans lequel j'adorerais vivre. De ci de la sont disposées de grandes photos noir & blanc du locataire du lieu : il pose la plupart du temps torse nu, les photos sont clairement professionnelles, notre hôte doit être modèle. Je ne peux pas m'empêcher de les regarder, ce garçon est à tomber !!!

L'on m'offre une vodka orange. Je suis étonné par le fait que tout le monde discute en mélangeant avec une aisance déstabilisante l'arabe, l'anglais et le français. Notre hôte s'adresse à moi en anglais mais parle à son chien (magnifique et gigantesque chien élancé à poil ras et gris bleu) en français… ça sonne très chic. Je suis flatté que les convives fassent cet effort de parler d'autres langues afin que je comprenne leurs conversations. Mais en même temps les trois langues sont très imbriquées, beaucoup de mots restent en arabe et il m'est difficile de suivre.

Je nourris une conversation passionnante avec une fille qui s'étonne car elle me pensais libanais. Nous nous retrouvons sur le fait qu'il est important de s'ouvrir au monde afin de mieux le comprendre, elle reproche aux Français le fait de rester plutôt fermés sur leur propre pays et de finalement bien peu connaître les autres cultures, d'avoir plutôt de celles ci des idées préconçues et d'alimenter de la sorte des fantasmes. Du fait de la guerre au Liban elle a vécu son enfance en France et une autre partie de sa vie en Arabie saoudite… ce sont là deux mondes très différents qui n'ont que des préjugés l'un sur l'autre. Au final son ouverture d'esprit à elle est très grande. Elle me demande concernant le Liban «  combien de personnes en France par exemple savent situer Beyrouth sur une carte ? Beaucoup ne savent même pas que c'est au Liban ! ». Elle n'a pas tort.

Je réalise que les autres, à l'autre bout de la pièce continuent à converser en arabe, répondant en français ou réagissant en anglais. Je ne comprends pas vraiment pourquoi ils continuent cet effort de langage alors que je suis loin d'eux. C'est au moment du départ que je comprendrai : Sultan et moi saluons la petite équipe et l'un d'eux me pose une question en arabe. Je lui réponds que je ne parle pas arabe et c'est tout à coup la stupeur générale : «  you are not Lebanese ??? ». Amusé je leur explique qu'en effet je ne suis pas libanais mais français et que je vis à Paris. Etrangement au lieu de me parler français c'est l'anglais qui prend le dessus, ils cherchent à savoir si je suis un vrai français de France, je leur parle de mes origines russes et espagnoles mais je promets que je ne suis pas arabe le moins du monde. Ils sont très étonnés. En fait s'ils parlaient ainsi plusieurs langues à la fois ce n'était pas pour être agréable à leur hôte français mais par pure habitude : ce sont trois langues très parlées au Liban et il est naturel dans les milieux aisés de les mélanger. Jusque là je leur avait parlé en français et en anglais, c'était pour eux tout à fait naturel pour le Libanais que j'étais à leurs yeux et il n'ont simplement pas réalisé qu'à aucun moment je n'avais parlé arabe.

Certains d'entre eux partent à présent en boîte. Sultan hésite à les suivre mais il est plus raisonnable de rentrer : nous sommes censés nous lever à 8h demain ! Je me coucherai vers 1h30, laissant Sultan fumer la chicha devant la télé.


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bIZ! - KF

20 novembre 2005

Beyrouth... J2 !!!

SAMEDI 12 NOVEMBRE

La journée de la veille m'a épuisé et du coup nous ne nous lèverons pas avant 15h. Dumoins je pensais à ce moment là que ces 11h de sommeil seraient une exeption alors que ce sera ma foi la règle de tout le séjour... qu'on se le dise : se seront des vacances sous le signe du repos !!!

Je me sens très en forme mais force est de constater que ce n'est pas le cas de Sultan : il se sent très malade, son front est en effet bouillant  :-(    Il se lève péniblement mais il n'a pas la force de sortir. Elsa (la cuisinière) nous prépare un fantastique repas-brunch. Au bout de l'interminable table de la salle à manger les couverts sont dressés autour de fromage de chèvre frais, tapenade, olives, hoummous, jus de mangue... etc.

Hors de question que je reste enfermé alors je laisse Sultan se reposer et je pars me promener dans le quartier. Je veux absolument aller marcher un peu sur la plage que l'on voit depuis le balcon de l'appartement. Il me faut au préalable traverser deux doubles voies sur lesquelles aucun passage piéton n'a été pensé. Il est bientôt 17h et le soleil se couche déjà, le coucher de l'astre du jour sur la Méditerranée est un très beau spectacle. Cependant la plage n'a rien de vraiment spécial, elle me semble même plutôt sale. Il est regretable de voir que le littotal n'est pas mis en valeur à Beyrouth, le bord de mer a servi avant tout à construire des voies rapides modernes pour automobilistes. Quelques couples sont assis de ci de là sur la plage, autour d'un feu ou fumant la chicha.

La nuit est tombée. Je décide de remonter vers le centre ville en suivant la promenade qui longe la côte et la voie rapide. C'est samedi alors la promenade est vivante, de nombreux promeneurs profitent de l'air doux de cette soirée, les plus sportifs font du footing ou du roller, des familles achètent des fruits secs aux petits vendeurs postés près de leurs charriots sur lesquels de petits drapeaux au cèdre sont fièrement accrochés.

Je marche très longuement car 5km sont à parcourir pour arriver au centre ville. Il fait si bon que c'est un vrai plaisir de découvrir ainsi la ville. Tout au long de la côte les immeubles sont extrêmement luxueux, avec un peu d'imagination l'on pourrait facilement s'imaginer être quelque part sur la Côte d'Azur.

En réalité quelque chose me gêne un peu, il me semble que c'est tout simplement le fait de ne pas me sentir dépaysé du tout : certes l'on voit de ci de là des caractères arabes, des cafés où l'on fume la chicha, quelques mosquées aussi... mais je m'attendais à qqch de plus "arabe", en mettant ainsi le pied dans le monde arabe j'attendais dans mes préjugés et fantasmes un univers oriental mais force est de constater que tel n'est pas le cas à Beyrouth : la plupart des enseignes sont en français et anglais, c'est bourré de Mac Do' et Starbuck's Café partout, il n'y a aucune demeure ancienne ou traditionnelle, uniquement ces immeubles modernes à 10 étages, le parc automobile se compose principalement de grosses berlines type Mercedes et autres japonaises, tout le monde est habillé comme à Paris, londres, milan ou New york. Cela en devient finalement un peu déstabilisant. Je dirais qu'il est très agréale d'être là au bord de la mer avec un climat doux mais d'une part je pourrais m'imaginer être quelque part en Europe mais en plus le peu que je vois de la ville n'a pas vraiment de charme (en dehors du superbe quartier central où nous avons mangé la veille).

Quoi qu'il en soit je prends plaisir à marcher ainsi, bien que 5km dans les jambes c'est plutôt usant. Je remarque aussi qu'il y a beaucoup de soldats ou policiers (difficile de faire la différence, ils semblent tous porter un treilli gris type "camouflage"), ils ont systématiquement un fusil mitrailleur à la main. C'est un détail assez étonnant, ils sont vraiment partout mais personne ne semble y prêter attention, ils sont souriants et courtois, c'est assez drôle.

Je quitte la côte pour m'enfoncer plus vers le quartier du centre ville. Une grande partie de ce quartier est en construction, ici tous les bâtiments sont principalement des banques, restaurants, boutiques et autres bâtisses officielles. Le coin est absolument magnifique, modernissime et hi-tech, à défaut de pouvoir s'intéresser à un centre historique je me contente de m'extasier sur ces constructions nouvelles. Il est vrai que l'on voit de belles facades qui semblent anciennes mais il me semble sincérement qu'il s'agit de "reproduction". Je ne sais pas si cette partie de la ville a été à ce point détruite par les années de guerre mais il serait tout de même étonnant qu'il ne reste absolument plus rien d'un passé pas si lointain, pas le moindre vestige. je prends quelques photos mais cela ne semble pas être au goût d'un gardien qui guette près d'une banque : il m'interpelle en arabe. Dès lors que je décline ma nationalité il m'offre son plus grand sourire et me rétorque en français -et avec un fort accent- : "une photo ce n'est pas grave mais normalement c'est pas possible ici". Il finira par longuement me remercier en ponctuant sa litanie de "bienvenue au Liban Monsieur". Rigolo.

Après une bonne heure de marche j'arrive enfin dans le quartier piéton central. je prends de nouveau en photo les majestueuses facades, une lumière citadine orange bien étudiée les met très en valeur. Les arcades sont aussi très jolies et les boutiques de mode chicissimes. Plusieurs rues se rejoignent ainsi sur la petite "Place de l'Etoile" au centre de laquelle s'élève une coquette tour/horloge carrée d'une dizaine de mètres de haut.

Je m'installe à la terrasse du Haagen Dasz afin de savourer une glace fort méritée après une si longue marche. Les deux boules me coûteront 6900 livres. La livre libanaise est la monnaie officielle du pays mais il est étonnant de constater que l'on se sert ici tout autant du Dollar américain, où que l'on soit on peut payer indifférement avec les deux monnaies. 1 dollar équivaut à 1500 livres libanaises. Tous les billets libanais ont une face en arabe et une face en français, les deux langues officielles du pays.

Sultan m'appelle à se moment là, il se sent un peu mieux et me donne rendez vous à une terrasse de café dans ce même quartier. En l'attendant je commande un café à la turque. Les cafés et restaurants libanais ont une très très mauvaise habitude : dès lors qu'un client s'assoit un serveur arrive avec une bouteille d'eau minérale : il l'ouvre, vous sert un verre puis vous demande ce que vous souhaitez commander. Et bien évidemment cette fichue bouteille dont vous ne voulez pas vous sera facturée au prix fort (et à Beyrouth la vie est très chère !!!). Imaginez moi seul avec ma tasse de café et ces 1 L 1/2 d'eau !!! C'est vraiment le truc qui met Sultan hors de lui là bas... il se prendra régulièrement la tête avec les serveurs tout au long du séjour  ;-)

Vers 20h justement sultan me rejoint, il n'en revient absolument pas que j'ai pu venir de si loin à pieds. En revanche il est clairement toujours mal en point : il est blême et brûlant de fièvre. Son frère Majid est avec lui. Le chauffeur nous attend dans une nouvelle voiture : un 4x4 Pajero un peu vieillot. En fait Sultan et son frère sont en désaccord avec ce chauffeur qui soupçonnent de malhonnêteté. Ils pensent qu'il les surtaxe en tout, le chauffeur (un palestinien antipathique bedonnant d'une trentaine d'années, aux yeux bleus et cheveux épars étonnement clairs) s'explique en avancant qu'il a des soucis techniques avec la Peugeot. Du coup les frères saoudiens lui ont trouvé un véhicule autrement moins onéreux.

Nous nous rendons au "Grand Café" : une immense salle avec grande terrase au dessus d'une corniche au-dessus de la mer : la vue est splendide et c'est tout proche de l'appartement. Le lieu est plutôt chicos, des gens "comme il faut" grignotent des fruits secs, boivent du thé ou du café et surtout fument la chicha. Je prends pour ma part un jus de mangue et je me régale de morceaux de carottes crues vinaigrées. Mijad et le chauffeur jouent à un jeu de dames un peu étrange auquel je ne comprends rien. J'appercois la mer dans la semi obscurité de la nuit, j'observe au loin les nombreuses collines de Beyrouth se détacher, piquées de milliers de points lumineux... j'ai toujours aimé les villes la nuit.

Nous rentrons vers 1h30. Sultan me donne qques billets d'Arabie Saoudite que je lui ai demandé de me ramener pour mon boss qui collectionne les billets de banque du monde. Nous nous couchons vite car Sultan est de plus en plus mal en point, il doit avoir facilement 40° de fièvre.

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bIZ! - KF

15 novembre 2005

NEWS DEPUIS BEYROUTH

Bonjour a tous, bonjour a toutes  :-)

Me voila depuis qques jours au Liban, je trouve enfin un peu de temps pour vous donner en qques mots mes impressions et vous conter ces premiers jours a Beyrouth. Pardon par avance pour les eventuelles fautes de frappe mais il n'est pas evident de taper sur un clavier QWERTY avec lettres arabes. Une fois n'est pas coutume je ne serai pas trop long pour une raison simple : le cyber ici n'est pas donne du tout !   :-(

J'ai quitte Paris vendredi 11 novembre dans un etat bien second : je me sentais passablement malade, me gavant de paracetamol depuis deja deux semaines. De plus j'ai subi une allergie un peu etrange (a priori aux noisettes et raisins secs) qui s'est presentee sous la forme de petits boutons blancs et hyper douloureux (aphtes) sur toute la langue : jusqu'au jour du depart j'etais absolument incapable de manger quoi que ce soit d'un peu acide ou sale : la langue me piquait comme si elle etait recouverte de coupures au cutter. Mais bon quoi qu'il en soit le jour du depart tout allait bien mieux.

VENDREDI 11 NOVEMBRE : DEPART - ARRIVEE A BEYROUTH

Le radio reveil me tire d'un profond sommeil, il est 5h du matin. Je termine laborieusement ma valise, faite en grande partie la veille au soir en derniere minute. Je ne parviens tjs pas a realiser que dans qques heures je serai au Liban, "Beyrouth" sonne etrangement dans ma tete, je ne parviens pas a m'imaginer la bas, ce qui m'y attend.

L'excitation prend tout de meme le dessus. A pres une douche rapide me voila bientot dans le RER en direction de l'aeroport de Roissy. J'arrive dans les temps a l'aerogare 2F, la magnifique structure en "squelette de baleine" du batiment est impressionnante.

Je profite des boutiques detaxees pour acheter du parfum et faire un peu de leche vitrine. Je voyage avec MEA mais c'est un avion et un equipage Air France qui ont ete afretes, les deux compagnies exploitent ensemble cette ligne. 8h35 il est temps d'embarquer. Par chance la place a cote de moi reste libre, cele me permet de prendre mes aises. Un peu plus loin une libanaise me sourit, elle pense que je suis comme elle de retour au pays, je lui explique en anglais que je ne suis pas libanais, elle semble etonnee. Elle etait pour sa part en escale a Paris, elle revient du Canada.

Le vol dure pres de 4h mais le temps passe vite. Chaque siege est equipe d'un ecran personnel sur lequel on peut choisir son programme : films, clips, informations, jeux. Je decroche du rebord du siege les boutons de controle qui deviennent ainsi une manette de jeux, c'est astucieux. Je jouerai tout au long du vol a "qui veut gagner des millions?" ainsi qu'au Black Jack.

Il est environ 14h lorsque nous aterrissons a Beyrouth, depuis le hublot je decouvre une ville qui s'etend sur un grand nombre de collines. Toutes les habitations semblent etre des immeubles d'une dizaine d'etages, ils sont eparpilles de ci de la et laissent apparaitre des espaces de roches et de verdure.

Je passe les controles de vigueurs et reprouve une certaine angoisse quant au visa : je ne l'ai pas pris en France car j'ai lu sur internet qu'il etait possible de l'obtenir directement a l'arrivee. De plus il ne couterait que 17 dollars a Beyrouth alors que l'ambassade en France demande 39 euro. Tout se passe finalement bien, encore mieux que prevu car le visa m'est donne gratuitement ! Le douanier me demande simplement ce que je vaia faire ici puis me rend mon passeport en lancant avec un grand sourire et dans un tres bon francais : "bienvenue au Liban Monsieur".

Me voila dans la salle d'arrivee mais je ne vois pas Sultan. J'attend en observant l'arrivee d'une dame atendue par ses proches : un gras pretre Druze, des hommes, femmes et enfants en pleurs accourent aupres de la nouvelle arrivee, tout ce beau monde s'embrasse a n'en plus pouvoir.

Apres qques minutes d'attente Sultan arrive enfin, nous sommes heureux de nous retrouver apres tout ce temps, il vient de passer 1 mois et demi en Arabie Saoudite pour le ramadan. Nous sortons de l'aeroport, l'air et doux et iode, je sens la mer !  :-)  Il doit faire au moins 10 degres de plus qu'a Paris et le ciel est d'un bleu extraordinaire, quel bonheur !

Ma toute premiere impression est que Beyrouth est une ville tres riche et occidentalisee : l'aeroport est modernissime, il en va de meme des batiments alentour, quelques femmes sont voilees mais tout le monde est habille comme a Paris... sinon mieux, lol! Les voitures sont pour la plupart de belles mercedes ou autres 4x4 luxueux. Sultan fait justement signe a une Peugeot 607 blanche. Le chauffeur vient attrapper ma valise sans me saluer, je m'installe a l'arriere ou une toute petite femme d'une trentaine d'annees est deja assise. Sultan me dit : "je te presente Elsa, c'est notre cuisiniere". Nous devons passer dans un supermarche faire les courses pour notre sejour a Beyrouth, nous nous arretons ainsi donc a un Momoprix qui fait face a un BHV flambant neuf... le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas tres depaysant, lol !!! Le Monoprix est immemse, on y trouve tous les produits que l'on voit habituellement en france plus certaines specialites locales> Tout est ecrit en francais, les publicites sont les memes que dans un Monoprix francais. Je m'amuse a observer les gens, les libanais sont assez clairs de peau, l'ont peut assez finalememt voir que Sultan n'est pas d'ici, il a vraiment un visage typique propre aux Arabes d'Arabie Saoudite. Et etrangement c'est moi au final qui ressemble au Libanais moyen  ;-)

Un valet nous ramene la voiture a la sortie du Monoprix tandis que notre chauffeur et la cuisiniere s'occuppe de charger les courses. L'appartement du pere de Sultan n'est pas loin, a qques minutes de la seulement. Le quartier est fait de ces immeubles modernes de 10 etages, rien de tres beau. J'appercois deja un certain nombre d'immeubles en construction de ci de la, j'avais lu en effet que suite a la guerre Beyrouth est de nos jours le plus grand chantier urbain du monde. Ce qui est sur c'est que le pays s'est modernise a grands pas et les nouvelles habitations sont toutes plutot luxueuses. L'appartement de la famille de Sultan est au 5e etage et je decouvre un immense lieu d'une debauche de luxe et dorures qui en font un modele de kitch arabe : tentures, meubles Louis XV, statuettes, canapes a froufrous, nappes tombantes de soie... effarant !!! Dans l'entree il y a meme creuse dans le plafond une espece de miroir en forme d'etoile qui vous renvoit votre reflet sur une douzaine de facettes, le salon est gigantesques, le fumoir cosy, la salle a manger peut accueillir 16 convives et l'on denombre 4 chambres de 3 lits chacune... waow !!! Je part a la decouverte du vaste appartement et j'ai meme le bonheur de voir depuis le grand balcon un fantastique coucher de soleil sur la mer... car en plus nous sommes tout pres d'une plage !!! Fort malheureusement un immeuble est en construction a qques metres de la et tres bientot il cachera cette superbe vue.

Bientot arrive Majid, l'un des jeunes freres de Sultan, je l'avais deja rencontre a Londres en avril dernier. Nous nous installons dans le fumoir pour discuter tandis que Elsa nous sert des rafraichissements. C'est ensuite au tour de Milad d'arriver : un ami libanais de ce dernier. Milad est un peu rond, il a mon age est un air debonnaire sympathique, il me souhaite la bienvenue en anglais.

Vers 18h il fait deja nuit depuis 1h de temps. Milad et Majid me proposent de les accompagner pour faire du "shooting". Je ne comprends pa bien. Sultan m'encourage a les accompagner car il a des choses a ranger a l'appartemement. Je suis donc les deux garcons. Milad a un beau 4x4 et a peine a l'interieur il me montre un pistolet rutilant... "it's a Beretta" me lance t il non sans fierte! Le fere de Sultan s'en empare comme un gosse : "waoaw!!!' s'ecrie t il. Puis Milad me presente un fusil mitrailleur moderne encore plus hallucinant. Il m'explique en fait qu'il travaille pour la Securite Nationale du liban et qu'il va regulierement s'entrainer au tir dans un centre de l'armee en ville, c'est la que nous allons.

Nous approchons bientot d'un batiment de beton, des soldats armes sont postes a l'exterieur. Nous arrivons pres d'une grille, Mila appelle qqn. L'on nous ouvre l'acces et nous nous presentons a un petit bureau triste et glauque ou nos noms sont notes. "What kind of gun do you want ?". Je n'ai jamais tire de ma vie alors je n'ai aucune idee du type de pistolet qu'il me faut essayer. Le jeune frere frere de Sultan opte tout de suite pour le modele le plus puissant. J'hesite puis je me dit que tant qu'a vivre une experience nouvelle autant la vivre a fond, je choisis aussi le plus puissant : un 45mmm. Milad me garantit qu'il n'y a rien de plus fort. A vrai dire j'apprehende vraiment !

L'on nous conduit a la salle de tir du sous sol, je suis deux soldats dans des escaliers eclaires par la lumiere blancharde de neons. Nous arrivons a une salle vitree qui donne sur le champ de tir, l'on nous remet des casques a cause du bruit des detonnations.

J'ai vraiment l'impression d'etre dans un film americain. Nous nous placons deux par deux dans des petits espaces separes qui font face au champ de tir. Depuis la il est posssible de telecommander les cibles de cartons de forme humaine pour les faire reculer ou avancer. L'on met nos casques. Milad m'explique les rudiments : comment se placer, tenir l'arme, la charger, viser, etc. Depuis la cabine d'a cote Majid tire le premier, la detonnation me fait bondir, le bruit est insupportable malgre nos casques. Je vise a mon tour ma cible, l'arme est lourde, je vois le canon trembler pendant que je vise, c'est paniquant. J'ose enfin tirer, l'explosion est hallucinante et le recul de l'arme d'une grande violence... waoaw... ai-je declanche une explosion nucleaire ?!!!!!! J'en tremble, ca amuse bcp Milad qui reste malgre tout tres mefiant quant a mes gestes. il est tres attentif et ne cesse de me repeter que ce n'est pas un jeu.

Nous restons ainsi environ 20 ou 30 mn a tirer, c'est hyper interressant. Je ne saia pas comment ca peut sembler si facile dans les films policiers alors que je realise le difficulte de l'exercice. Milad me rappelle qu'il s'agit tout de meme du plus puissant calibre.

Nous repartons, j'ai les jambes en coton, c'est tout de meme tres usant comme sport, lol! Nous marchons un peu, j'observe les boutiques de mode, plus belles les unes que les autres. Le nom des boutiques sont parfois en Francais, parfois en anglais ou en arabe. Il est dificile de savoir au final quelle langue est vraiment parlee ici. Pas mal de societes semblent privilegier l'anglais alors que du cote officiel (panneau de circulation, plaques mineralogiques, billets de banque, noms de rues...) c'est l'arabe et le francais qui sont omnipresents. Dans la realite du quotidien apres l'arabe c'est plutot l'anglais qui arrive avant le francais. Bref ce melange de 3 langues reste bien etrange au final.

Avant de retourner chez Sultan nous nous arretons pres d'un Starbuck Cafe sur une magnifique terrasse ouverte, le batiment est neuf et tres beau, diverses boutiques sont disposees dans un labyrinthe d'allees eclairees, au centre coule une fontaine toute orientale. Je bois un cafe a la turque et Milad me convainc de fumer la chicha (narguile) : ici comme un peu partout dans le monde arabe on n'y echappe pas, pratiquement tout le monde commande une chicha dans les bars et cafes. Je m'amuse avec la fumee, moi qui suis non fumeur je ne pensais pas que j'y parviendrais aussi facilement, lol! Meme si en fait tres vite je me sens un peu nauseeux.

Nous allons retrouver Sultan puis nous sortons tous 4 au centre ville qui a ete entierement refait a neuf apres la guerre. Il s'agit d'un quartier pieton magnifique refait avec des materiaux de qualite. Les batiments sont superbes, orientaux et greco-occidentaux a la fois. De nombreuses boutiques restent ouvertes tard, toutes ultra modernes avec des eclairages penses et du mobilier noble mais aussi tres "21e siecle". Le quartier n'a rien a envier aux Champs Elysees.

Nous nous arretons dans un petit resto au decor superbe. Nous nous installons en terrasse pour gouter aux specialites libanaises : houmous, feuilles de vignes et autres salades de persil... miam !!! Sultan et Majid m'invitent afin de me souhaiter la bienvenue au pays.

Nous nous promenons ensuite dans le quartier et nous nous installons sur une terrasse de cafe. C'est etrange au Liban lorsque l'on s'installe dans un cafe le serveur ouvre systematiquement une bouteille minerale, que tu en veuilles ou non et evidemment... tu la paye ! Imaginez que vous ne preniez qu'un expresso... et bien vous aurez aussi a payer 1 litre et demi d'eau minerale... et le pire c'est que tout est super cher a Beyrouth... plus cher encore qu'a Paris !!!  :-(    Nous prenons du jus de  mangue, du cafe a la turque et des chicha. Il fait doux, tout est magnifique... je suis trop content.

Vers 1h Sultan et moi allons rendre visite a l'un de ses meilleurs amis : un saoudien qui est aussi en vacances ici. C'est un petit gars marrant et effemine a la peau tres sombre. Il m'offre une vodka orange parfum vanille puis je m'endors d'epuisement sur le lit de la chambre d'hotel. Nous rentrons vers 3h et nou coucherons vers 4h.

Voila les amis pour les details de cette premiere journee libanaise  :-)  Je doute de pouvoir repasser sur internet d'ici mon depart car ca coute vraiment cher mais cela vous donnera un avant gout de ce que je vous raconterai a mon retour  ;-)

BIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIIZ a vous !!!

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bIZ! - KF

12 octobre 2004

Mes excuses

Oups ! je viens de recevoir une réaction à mon dernier courrier dont voici un extrait :
 
"Je me permets Christophe, de te contacter aujourd'hui, pour te dire que, moi, j'ai lu chaque mot, chaque virgule que tu as écrits, j'ai observé chaque photo, j'ai partagé tes émotions tout au long du voyage, je me suis inquiété parfois de ne pas avoir de tes nouvelles...
Alors oublier de mentionner mon nom, ne serait-ce qu'une fois tout au long du récit, c'est un peu vexant.
Je suis très très très triste de cette remarque à la fin du 30ème  jour !
Merci quand même de m'avoir donné l'envie de voyager.
Celà n'ôte rien à tes qualités d'écrivain.
Seb."

En effet lors de mes remerciements j'ai évidemment oublié Seb qui pourtant s'est même inquiété de mon silence à un moment donné... ce qui m'a valu le plaisir de pouvoir lui parler au tél lorsque j'étais à Lisbonne  :-)  Merci mon sébounet d'amouuuuuur !!! Et encore pardon ! Quoi qu'il en soit on se voit bientôt ?
 
Dans ma précipitation j'ai en effet oublié de citer qques noms importants comme Sébastien évidemment mais aussi Johnny de Mada (celui qui a certainement le plus régulièrement réagi à mes courriels!). Gros bisous à vous deux, par avance pardon aux autres que j'ai encore pu oublier.  ;-)
 
Kristof
11 octobre 2004

JOURS 29 & 30: FIN !!! :-(

JOURS 29 & 30 : SAMEDI 9 OCTOBRE et DIMANCHE 10 OCTOBRE : RETOUR EN FRANCE  :-(
 
A midi la sonnerie stridente du réveille de mon téléphone portable me réveille en sursaut. Ho non... déjà !  :-(  J'ai vraiment trop peu dormi et il m'est difficile de faire surface. Vraiment, heureusement que je ne bois plus d'alcool en boîte car je n'ose pas imaginer dans quel état je serais à ce moment précis !
 
Je prends une douche qui me permet de mettre de l'ordre dans les idées et j'entreprends la difficile tache de faire ma valise (c'est à chaque fois quelque chose d'extrêmement compliqué, lol !).
 
Juan et Cédric se réveillent à leur tour, nous prenons un immense bol de café noir, semi allongés sur mon lit. nous papotons de tout et de rien, de mon retour en mars, de Paris, de mille choses. Je n'arrive pas à croire que je suis sur le point de partir. Une fois de plus c'est très frustrant. De plus, Géraldine, dans un échange de SMS, m'apprend qu'à paris il fait gris et froid  :-(  Cédric m'envie presque : il en a vraiment assez de cette chaleur ici. Aucun doute, il ne réalise pas sa chance !
 
Vers 14h Cédric me prépare quelques sandwiches à base d'un espèce de pâté rouge, ou plutôt de rillettes de chorizo. Juan va chercher sa voiture. Ils m'accompagnent ainsi à la gare routière. Nous nous serrons très fort dans les bras puis ils m'abandonnent là à mon triste destin : grisaille, pluie et boulot  :-(
 
Par chance le car a un étage et j'ai la chance d'être placé en haut tout devant : cela signifie que j'ai beaucoup de place pour les jambes mais surtout que face à moi la vue est toute ouverte... géant !
L'autocar démarre à 15h, la traversée de Valencia me rend un rien triste. Je peux profiter de façon formidable du paysage de la côte méditerranéenne. A l'aller il faisait nuit lorsque nous sommes passés par ici, je n'avais pas vu la beauté de cette région, beaucoup plus verte que ce qui m'avait été donné de découvrir dans les terres. Nous longeons la mer, nous traversons de magnifiques villes, je lis un bouquin passionnant... je me sens vraiment léger. Vers 21h nous traversons Barcelone et cette fois pas uniquement en périphérie : nous sommes samedi soir et nous traversons le centre-ville très animé, j'ai envie de sauter du bus pour profiter de la chaleur de la nuit ici.
 
Je m'endors pour me réveiller à la frontière. Les douaniers français vérifient les papiers et expulsent du bus deux hommes manu militari : il n'est pas bon ici d'être nord-africain sans papiers !!!
 
Je me rendors et lorsque j'ouvre à nouveau les yeux j'ai tout juste le temps de lire un panneau autoroutier qui indique "Crest"... un quelque chose, une fois encore, m'a "appelé" au moment où je passe si près de mon petit village drômois (Saint-Nazaire-le-Désert se situe à seulement 40 km de Crest)  :-)
 
En approchant de Lyon le temps se transforme littéralement : un terrible orage frappe la région. Il pleut si fort qu'un fuite apparait bientôt dans le bus juste au-dessus de moi... je me protège à l'aide de mon petit sac à dos.
 
Le reste de la nuit est très pénible : le jeune black assis près de moi prend beaucoup de place, il fait très froid dans le car, mon dos me fait souffrir, dès lors que j'ouvre les yeux et que j'essuie la buée de l'immense pare-brise face à moi c'est pour découvrir un paysage de grisaille et détrempé. Je dormirai ainsi donc peu et mal.
 
DIMANCHE. Nous approchons de Paris, il est près de 10h. La capitale me semble bien grise. Je suis partagé entre sensations de fatigue, de tristesse et d'excitation, c'est étrange. Nous arrivons enfin à la gare routière de Galienni à 11h30 du matin. Il est étrange d'entrendre de nouveau parler français et de retrouver le bon vieux métro de la capitale.
 
Je gagne mon studio : il n'est pas encore meublé et je n'y ai jamais dormi. C'est bizarre, dérangeant quelque part, j'ai perdu tout un tas de points de repères. En fait le plus difficile c'est le choc thermique : hier encore j'étais comme en plein mois d'août et me voilà à présent -dumoins me semble t-il- en plein mois de décembre ! Mais comment peut-il faire aussi froid ??? C'est dément !
 
J'ai besoin de voir des amis, besoin de me sentir un peu rassuré. Je devrais dormir, je suis épuisé, mais non : je veux profiter de cette toute dernière journée de vacances avant de reprendre le travail demain !
 
Et en effet j'en profiterai jusqu'au bout : j'appelle Géraldine (hyper content de la revoir !!!). Super brunch au "Carré" puis longue balade. Ensuite nous rejoint Kaila (trop fort, la dernière fois que nous nous sommes vus c'était à Milan : elle me laissait partir dans ce bus pour la Roumanie !). Nous prenons un verre à l'Open Café où par le plus grand des hasards nous tombons sur Fabrice ! Géraldine nous abandonne, Kaila, fabrice et moi allons prendre un nouveau verre au Raidd. Nous y retrouverons par hasard Jérôme ! Bref je ne serai pas rentré avant 1h du matin... je crois que finalement malgré tout je ne suis pas mécontent de retrouver Paris et mes amis  :-)
 
Voili, c'est fini les vacances et vous en avez enfin fini de ces insupportables mails qui n'en finissent pas  ;-)  Bah, de toute façon je crois que la majorité d'entre vous n'ont pas eu le temps ou l'envie de les lire, lol ! Et je comprends ! Merci cependant à ceux qui ont eu le courage d'aller jusqu'au bout et de communiquer avec moi de temps à autres (Christine et ses parents, Gégé, Benoît de Coco, P'tit mulot, ...).
 
Dédicace toute particulière à Kaila (pour avoir été une co-vacancière très cool et pour avoir ensuite été une lectrice assidue), François (pour son parfait rôle d'assistance à tout heure du jour et de la nuit et son intérêt aussi dans mes récits) et Fabien (pour m'avoir présenté Margarida... mais je le hais évidemment toujours pour m'avoir fait transporter l'insupportable colis !).
 
Une pensée pour le mystérieux correspondant dont je ne connais toujours pas l'identité au jour d'aujourd'hui (malgré le fait que je viens de recevoir un nouveau message de lui !).
 
Quant aux Parisiens, à présent que vous me savez de retour, n'hésitez pas à appeler... surtout que j'ai perdu une grande partie de vos numéros de téléphone !
 
Kristòf  :-)
 
 
FIN
 
11 octobre 2004

JOUR 28 : DERNIER JOUR A VALENCIA

JOUR 28 : VENDREDI 8 OCTOBRE : DERNIER JOUR A VALENCIA
 
Sans vraiment m'expliquer pourquoi je me réveille relativement tôt aujourd'hui, il doit être 9h et les garçons dorment toujours. Je prends une douche, je sors discrétement et j'entreprends une balade dans le vieux Valencia. La ville n'a certes pas le cachet de Lisbonne mais elle n'est pas sans charme et le temps, absolument magnifique, me donne un moral extraordinaire. Je passe aussi au cyber afin de relevé mes courriels. J'ai reçu des nouvelles du mystérieux correspondant "malgache" mais il ne me donne pas beaucoup d'indices supplémentaires... je reste dans le flou le plus total quant à son identité.
 
Vers 13h Juan-Carlos me rejoint au cyber café, il doit entreprendre certaines recherches sur internet. Nous rejoignons ensuite Cédric qui commence à préparer une forme improvisée de paëlla. Juan doit bientôt repartir : il travaille bénévolement deux fois par semaine pour une association qui diffuse des films et organise des débats, il doit justement transporter du matériel pour le visionage de ce soir.
 
Cédric me propose de me faire visiter qques parties de la vieille ville que je ne connais pas encore : nous passons une petite place ronde couverte très typique sur laquelle ne se vendent que des articles de mercerie, nous tentons de visiter les arènes mais elles ne sont pas ouvertes au public en-dehors des jours de festivité. Nous empruntons ensuite des rues un peu au hasard, nous marchons bcp dans des quartiers connus ni de Cédric ni de moi. Nous discutons de diverses choses, Cédric doute de sa capacité -voire même de sa volonté- de rester habiter à Valencia. Paris lui manque déjà. Je comprends que quitter Paris n'est pas chose aisée, ou il faut véritablement choisir une destination qui nous emballe tout particulièrement.
 
L'après midi avance vite au gré de notre promenade sous le soleil de plomb, nous finissons par souffrir d'une intense fatigue. Nous rentrons donc à l'appartement en début de soirée où nous discutons encore longuement en buvant un verre. Cédric me dit être véritablement très heureux de ma visite et il est très frustré de me savoir déjà partir demain.
 
Vers 21h j'accompagne Cédric un bout de chemin vers son cours d'espagnol puis je retourne au cyber. Nous nous retrouvons à 22h30 en bas de l'appartement. Cédric et moi sommes très embêtés car nous avions proposé (par politesse) à Giovanni (vous vous souvenez : le prof de latin plutôt ennuyeux) de passer la soirée avec nous puisqu'il y a un feu d'artifice ce soir. Nous hésitons : allons-nous "oublier" de l'appeler ? Mais ce ne serait pas correct et Juan pourrait se vexer que nous traitions de la sorte son ami. Cédric l'appelle donc, nous lui donnons rendez vous vers 23h à l'appartement.
 
A l'heure convenue Giovanni fait son apparition, nous restons un peu discuter dans le salon. Vers 23h30 je propose que nous nous dirigions vers le feu d'artifice, j'ai peur qu'il y ait vraiment beaucoup de monde. Ce soir il fait particulièrement doux et les rues sont très vivantes, cela me plonge dans un certain état d'euphorie. Comment diable peut-on être au mois d'octobre ? C'est tout simpement magique !
 
Nous nous approchons donc de l'aire de tir du feu d'artifice, je m'étonne du fait qu'il y a finalement assez peu de monde pour un tel évènement. Il s'agit d'une fête assez importante à Valencia : l'on commémore la date à laquelle les chrétiens ont libéré la ville des arabes. Du coup le jour est même férié.
Giovanni nous explique le "fonctionnement" du tir du feu d'artifice : pour commencer trois "coups" seront tirés pour annoncer le feu. Ensuite, tout au long du spectacle, il est important, selon lui, que le rythme des tirs soit harmonieux et corresponde avec le son. Je me prépare donc à voir un spectacle son et lumière : feux d'artifice sur fond musical.
 
A minuit précise une bête et simple fusée est lancée vers l'obscurité du ciel et tout à coup... "BOOM!!!!!!!" elle éclate avec fracas et résonne dans toute la ville. C'est absolument terrible : la déflagration a été si forte que toutes les vitres des immeubles alentours ont tremblé, par réflexe j'ai bouché mes oreilles et je retrouve Cédric accroupi à terre, recroquevillé sur lui même les doigts dans les oreilles, complétement effrayé. En fait il a une peur panique des pétards et il ne s'attendait pas à un bruit aussi fort. Moi non plus du reste, je ne pensais qu'une fusée puisse faire un tel vacarme !
 
 5 minutes plus tard une fusée identique est lancée, cette fois nous sommes préparés : nous fermons les yeux sans même le vouloir et nous nous bouchons les oreilles. "BOOM!!!!!!!!". Après la troisième fusée le spectacle peut commencer : sans encore le savoir nous allons vivre le feu d'artifice le plus impressionnant qu'il nous ait été donné de voir, non pas par sa beauté mais à cause du son : le rythme dont parlait Giovanni est celui des extraordinaires déflagrations qui vont se succéder. Cédric me lance en hurlant pour tenter de couvrir le bruit : "ce n'est pas possible, je ne peux pas rester !". Mais il restera. Jamais je n'ai autant eu mal aux oreilles, jamais je n'aurai ainsi regardé un spectacle pyrotechnique en gardant les oreilles bouchées, jamais je n'aurais autant ressenti vibrer dans mon corps de telles déflagrations. C'est indescriptible, j'ai conscience que mes mots et mes tentatives d'explication restent très en deça de ce que nous avons vécu.
Le bouquet final m'a particulièrement impressionné : j'ai à présent une idée précise de ce que peut être une explosion atomique !!! Des dizaines de fusées blanches, à l'exposion et déflagration plus intenses encore (je ne pensais pas cela possible) ont explosé en masse dans un espace restreint : la lumière blanche provoquée était si forte, intense, éblouissante, que le flash ainsi provoqué m'a littéralement aveuglé ! J'ai véritablement, physiquement, eu mal à la rétine et j'ai du tourner la tête. Le niveau sonore est pour sa part tout à fait inconcevable, il faut le vivre pour comprendre. Inutile de vous préciser que je suis sorti de là avec une terrible migraine ! Nous avons vraiment été très impressionnés.
 
Giovanni m'explique que je dois absolument revenir en mars pour la plus grande fête de la ville de Valencia : tous les jours à un moment de l'après midi est organisé un spectacle sonore uniquement fait de telles explosions. Il m'affirme que ce que nous venons d'entendre n'est absolument rien en comparaison avec l'extraordinaire explosion de 20 minutes du mois de mars. Une explosion de 20 minutes ???!!! Ca doit être véritablement une expérience traumatisante. Cédric se tourne vers moi : "ha non Kristof, ne compte pas sur moi !!!". Nous rions.
 
Puisque minuit est passé c'est aujourd'hui l'anniversaire de Giovanni, il fête sa 39ème année. Il décide donc de fêter la chose en nous invitant dans un bar du centre ville goûter à LA spécialité de Valencia : l' "Aigua de Valencia" : une espèce de jus d'orange mélangé avec de la vodka, du champagne et je ne sais quoi. Un vrai bonheur... un véritable piège ! Nous prenons un pichet d'un litre puis un autre d'un demi litre. Ca se boit comme du jus de fruit, ça a de toute façon un fantastique goût d'orange fraîchement pressée et merveilleusement sucrée. Nous dégustons l'exquis breuvage en racontabt tout un tas de bêtises, l'humour de Giovanni est fantastique, nous regrettons d'avoir ainsi hésité à l'inviter à se joindre à nous ce soir. Il ne faut jamais juger quiconque trop vite ! Bientôt Juan nous rejoint, il en a infin terminé avec son travail bénévole.
 
Nous sommes dans un état très second lorsque nous quittons le bar. Giovanni nous dépose en voiture à la boîte dans laquelle nous avions été deux nuits auparavant tandis que Juan-carlos, malgré notre insistance pour qu'il nous accompagne, rentre se coucher.
 
Ce soir il y a beaucoup de monde en boîte, c'est très sympa. Nous danserons toute la nuit. Il me faut cependant fuir un blondinet au visage ravagé par des cicatrices de varicelle qui a décidé de s'enticher de moi... un bonheur !  :-(
 
A 7h la boîte ferme, Cédric et moi nous asseyons dans la rue, le jour se lève, il fait 21 degrés !!! Une fille, magnifique, cheveux bouclés, teint mat, yeux verts, mais absolument ivre ou droguée, vient s'assoir sur les genoux de Cédric et tente de l'embrasser. A hurler de rire. Elle est accompagnée d'un gars cool mais tout autant éméché. Ils décident de passer la matinée avec nous... oups ! Nous les laissons donc avancer dans la rue et fuyons tout à coup dans une ruelle perpendiculaire.
 
Nous nous promenons dans le quartier, épuisés mais heureux... nous sommes tellement bien ! Nous recherchons une boulangerie ouverte. L'une d'entre elle ouvre justement à 8h. Pour 2 euro nous achetons 4 ou 5 vienoiseries et nous nous asseyons sur une place, dévorant nos gateaux, discutant, regrettant déjà mon départ, regardant la ville s'éveiller.
 
Nous rentrons ensuite à l'appartement. Il me faut dormir un peu, vraiment ! Je règle mon réveil pour 12h... car à 14h30 je dois être à la gare routière !  :-(  Je m'endors vers 9h.
8 octobre 2004

MES TOUTES DERNIERES PHOTOS

J'ai enfin terminé de mettre en ligne mes diverses sélections de photos. Je rappelle les liens précédents (mis à jour avec de nouvelles pics ce matin-même) :
 
 
 
 
TRAJET EN BUS BUCAREST - MADRID : http://www.moi.citegay.com/bucarestmadrid
 
 
 
Tout nouveaux liens :
 
 
VALENCIA : http://www.moi.citegay.com/valencia  (les dernières photos ont été prises aujourd'hui même !).
 
A bientôt !
 
Kristóf
 
8 octobre 2004

PHOTOS !!!!!!!!!!!

Salut á tous !

J'ai il y a peu envoyé des liens pour voir quelques photos, c'était assez incomplet car il m'a été difficile durant le voyage de trouver des PC qui reconnaissaient mon appareil photo comme périphérique.

Vous trouverez donc ci bas des liens menant à des sélections complètes de mes pics ! Enjoy !

ROME : http://moi.citegay.com/rome

LAC DE COME : http://moi.citegay.com/lacdecome

ROUMANIE : http://www.moi.citegay.com/bucarest

TRAJET A TRAVERS L'EUROPE : http://www.moi.citegay.com/bucarestmadrid

8 octobre 2004

JOUR 26 : ARRIVEE A VALENCIA

JOUR 26 : MERCREDI 6 OCTOBRE : ARRIVEE A VALENCIA

Je ne sens pratiquement pas la nuit passer lors de ce trajet Lisbonne - Madrid, je m'allonge confortablement sur les deux sièges qui sont à ma disposition et je profite d'un sommeil réparateur.

Nous arrivons comme prévu vers 6h à la grande gare routière Valencia Sur. Bien que toutes les agences et autres guichets ne sont pas encore ouverts, les immenses salles d'attente et autres interminables couloirs grouillent de passagers en attente ou en transit, bcp sont endormis, installés de façon bien peu confortable sur des chaises de plastique.

Je n'ai pas pu acheter de ticket pour Valencia et je ne sais toujours pas si je vais choisir de voyager en autocar une fois de plus ou bien en train. Mais la gare de chemins de fer est peut être très éloignée et puisque je suis là à la gare routière autant trouver un bus. Mais j'ai beau faire le tour de l'immense complexe, absolument aucun guichet n'est ouvert, personne ne peut me renseigner sur les horaires de départ et rien n'est indiqué sur aucun panneau. Je me dirige donc finalement vers le métro afin de m'enquérir sur la façon d'accéder à la gare de chemins de fer. Par chance elle se situe à une seule station de là oú je me trouve. Je prends donc l'équivalent d'un RER (la modernité du réseau et des trains me surprendra).

Il n'est jamais très aisé de se repérer dans une gare que l'on ne connait pas, je tourne donc un peu en rond sans bien comprendre comment accéder aux guichets de la zone nationale. Un employé m'indiquera en espagnol une forêt. Je fais mine de le comprendre et je le remercie. Une forêt dans une gare ??? Je ne comprends décidemment rien à l'espagnol ! Je me dirige toutefois dans la direction que l'employé m'a indiqué. Plus loin je pousse un grande porte vitrée et je suffoque tout à coup tant la chaleur et le taux d'humidité sont élevés. Je viens de pénétrer dans une immense salle qui a été transformée en serre : de l'eau est vaporisée sur une forêt de palmiers. C'est aussi beau que surprenant.

Les guichets ne sont pas encore ouverts mais déjà un certain nombre de personne patientent, ils ne tarderont pas à ouvrir. J'achète donc un ticket pour Valencia pour 38 euro, mon départ est prévu pour 7h, je n'ai donc plus beaucoup de temps devant moi.

Une rampe me permet d'accéder au "terminal" qui m'a été indiqué, la gare est d'une grande modernité. Des policiers font barage devant l'entrée du terminal, les passagers ont obligation de passer les bagages aux rayons X, il nous faut vider nos poches et passer au détecteur de métaux. Impressionnant. J'accède à une petite salle de transit. L'accès au train est pour le moment impossible : trois employés en costume nous font face à un guichet. Je trouve un café, je choisis un croissant aux amandes et un "caffe solo".

Bientôt une des hôtesses du guichet appelle au micro les passagers en direction de valencia, nous sommes invités à présenter nos billets, nous descendons une nouvelle rampe : nous pouvons enfin accéder au train. Le train est étonnament court, un steward ou une hôtesse nous accueillent à chaque porte. A 7h je quitte donc Madrid.

Les rames ne sont pas d'un confort extraordinaire mais j'ai véritablement l'impression de voyager en avion, l'accueil et le service sont extraordinaires, la SNCF a beaucoup à apprendre des chemins de fer espagnols !!! Les wagons sont équipés d'écrans de télé, une hôtesse passe pour distribuer des écouteurs. Un vieux James Bond est diffusé en version espagnole. Je m'endors.

Je suis très heureux de passer ces qques jours à Valencia. L'étape n'était pas prévue mais il aurait été dommage que je ne rende pas visite à Cédric alors que je suis si près. Un soir à Paris nous étions sortis en boîte (Le Tango) et Cédric avait alors rencontré Juan-Carlos, un espagnol qui espérait pouvoir trouver un emploi dans un hôtel à Paris. Peu après ils sont sortis ensemble et ont décidé de s'installer tous deux chez Juan-Carlos à Valencia. Tout s'est passé très vite.

Le voyage en train de Madrid à Valencia dure 3h30. Lorsque je me réveille il fait jour, je vois à nouveau les terribles paysages semi-désertiques espagnols. J'arrive à Valencia à 10h30, Cédric et Juan-Carlos m'attendent à la gare... ils sont aussi endormis que je le suis. Nous sommes cependant très heureux de nous retrouver. La gare est superbe, de bois, de mosaïques et de dorures. Nous traversons le centre ville à pieds, les façades sont travaillées et colorées, c'est très joli. Nous évoluons dans une série de petites rues salles et arrivons enfin chez Juan-Carlos. Ce dernier me prévient : "je suis désolé mais chez moi c'est três bordélique et tout petit. Il ouvre alors une porte et s'offre á moi une minuscule pièce sombre et poussièreuse, sans douche ni toilettes. Ils éclatent alors de rire : il s'agit tout simplement d'un établi dans lequel bricole de temps en temps Juan-Carlos. Nous grimpons à l'étage supérieur. L'appartement (le vrai) est très beau : le salon, tout en longueur, est très clair et décoré avec goût avec des objets modernes et des tableaux contemporains.

Nous prenons un immense petit déjeuner et discutons beaucoup, nous avons tellement de choses à nous raconter ! En fait après avoir quitté Paris les garçons sont restés quelques temps à Saint-Tropez chez la mère de Cédric. Ils ne sont arrivés à Valencia il y a seulement 1 mois 1/2. Juan-Carlos a trouvé un emploi de réceptionniste de nuit (il va commencer sous peu) tandis que Cédric se contente pour le moment de prendre quelques cours d'espagnol.

En début d'après-midi nous partons pour une visite de la vieille ville. Le vieux Valencia est certes mignon mais en comparaison avec Rome ou Lisbonne c'est tout de même un peu tristounet. La ville ne semble pas être très bien entretenue, c'est dommage. De plus il y a des travaux partout : tous les 300 mètres un bâtiment a été détruit, un terrain vague et des barricades le remplace alors. Comme le dit justement Cédric cela donne l'impression que de ci de là des bombes ont été lâchées sur la ville.

Nous cherchons bientôt une terrasse oú manger qqch mais il est bientôt 16h et les restaurants ferment les uns après les autres. Nous finissons par trouver un petit troquet sans prétention. Juan-Carlos n'a pas très faim et, en bon Espagnol, a besoin de sa sieste. Il nous abandonne donc là. Nous mangeons de la friture, des calamars et du poulet huileux. Tout cela est très gras et indigeste, de quoi être très vite écoeuré.

Cédric et moi nous promenons encore, il m'emmène sur une tour carrée moyenne-âgeuse, vestige de remparts disparus. Depuis la tour la vue permet d'avoir une bonne idée de ce à quoi la ville ressemble. Vers le centre je vois la vieille ville (qui, de façon surprenante, n'est pas très côtée ici). Il suffit de traverser un immense boulevard au traffic incessant puis le "fleuve" pour accéder sur l'autre rive : là s'offre à moi un navrant spectacle d'architecture récente sans goûts (immeubles de béton à n'en plus finir). C'est absolument laid mais Cédric m'explique qu'il s'agit en fait de la partie riche de la ville : les gens se battent pour obtenir un appartement dans ces quartiers alors qu'y vivre coûte une fortune. Tout à fait incompréhensible !

Un peu plus haut j'ai mis le mot fleuve entre guillemets car en réalité il n'y a plus de fleuve à Madrid depuis très longtemps. Il s'agit de qqch d'extrêmement surprenant. En fait le lit de la rivière n'était pas assez profond et durant des siècles Valencia a subi des crues importantes. Ainsi donc, à un moment donné de l'Histoire, il a été décidé de dévier le fleuve : il passe à présent bien en dehors de la ville et son lit dans Valencia a été intégralement asséché.

Du coup les ponts subsistent, de nouveaux ont même été créés, et tout le cours du fleuve a été transformé en jardins, c'est fabuleux !

Nous descendons donc dans cet étrange lieu de promenade et remontons l'ancien cours du fleuve très longtemps. Se succèdent divers parcs aux thèmes variés et végétation surprenante : forêt de palmier, hibiscus flamboyants, arbres en forme de bouteille d'Orangina et recouverts d'épines, jardins et colonnes inspirés de l'égypte antique, parc arabe, fontaines étonnament carrelées de rouge dans lesquelles semblent ainsi couler des milliers de litres de sang, jardins d'enfants... etc. La promenade est magique et pleine de surprises.

Le plus surprenant reste à venir : nous arrivons vers la périphérie de la ville et s'élèvent alors divers bâtiments dont le gigantisme et le futurisme me laissent sans voix. C'est un mélange (pour ceux qui connaissent Paris) entre La Défense et La Villette en mille fois plus beau, plus impressionnant. Les édifices semblent être autant de baleines géantes évoluant dans un océan de verdure. Il me semble être tout à coup plongé dans une cité de je ne sais quelle fantastique planète de Star Wars. J'adore !

Nous prenons évidemment toute une série de photos puis, la nuit tombant, nous prenons le chemin du retour au hasard de quartiers modernes. Très vite Cédric ne sait absolument plus oú nous nous trouvons mais la balade de nuit est agréable : il fait bon et de nuit la ville devient vivante et très belle : de grandes avenues plantées de palmiers sont magnifiquement éclairées, c'est beau.

Nous finissons par retrouver notre chemin, il était temps car nous sommes vraiment fatigués et les pieds nous font souffrir (quelle idée de marcher autant de kilomètres en tongs !!!). Il doit être à présent 21h, Juan-Carlos pour sa part se réveille à peine de sa sieste. Il nous apprend qu'un ami à lui va venir dîner avec nous. Cédric prépare une spécialité espagnole qui en fait fait terriblement penser à une pizza tandis que Juan-Carlos et moi tentons de trouver une épicerie ouverte pour acheter de quoi boire. Une grosse pluie nous surprend, nous rentrons trempés avec une bouteille de vodka.

L'ami de Juan-Carlos arrive vers 22h, l´homme d'une quarantaine d'années, barbu et chauve, parle un parfait français, il est prof de latin et connait le droit moyen âgeux du sud-est de la France (so boring !!!!!!!!). Il parle d'une voix posée, ne sourit jamais et utilise un humour très pince sans rire. Il est en fait très sympa mais bon, je ne peux pas dire que nous ayons passé une soirée hyper fun. Il ne restera cependant pas très longtemps car il doit se lever tôt demain. Il tient ceci dit à me revoir avant mon départ.

Autour de minuit Juan-Carlos nous emmène nous promener dans le quartier et nous montre quels sont les établissements gays de la ville. Nous sommes mercredi soir, les bars sont absolument vides. Nous allons alors dans une boîte tout aussi vide : 5 ou 6 gars dancent. Pas grave, nous prenons tout de même un verre et dansons un peu. Juan-Carlos est de nouveau fatigué, il rentre se coucher. Cédric n'est pas sorti depuis une éternité, il a de plus un peu forcé sur la vodka (contrairement à moi, je bois décidemment de moins en moins) alors il veut en profiter. Petit à petit du monde arrive (pas plus d'une cinquantaine de personnes au total) mais Cédric et moi nous amusons bien, nous resterons danser jusqu'à 5h.

Nous rentrons, papotons encore beaucoup en mangeant des restes de "pizza" espagnole (by the way : trop bon !) puis nous couchons vers 6h.

7 octobre 2004

JOUR 25 : DERNIER JOUR A LISBONNE

JOUR 25 : MARDI 5 OCTOBRE : DERNIER JOUR A LISBONNE
 
Peu avant la fermeture du LUX, láube fait son apparition et enflamme l'azur d'ocres et de jaunes. De nombreux clubbers se retrouvent sur la terasse pour contempler le spectacle et observer les bateaux passer. A 7h, la boite ferme.
Je prends un mauvais hamburger dans un camion à frites situé à proximité. Il fait frais, je ne porte qu'une chemise sans manches.
Je m'enfonce dans des quartiers inconnus, je n'ai pas la moindre idée du chemin à prendre pour rentrer. Mais la lumière du petite matin est envoûtante et la traversée de ces petits quartiers qui qui s'éveillent est magique. Je m'empare de mon appareil photo et m'en donne à coeur joie. Dieu que cette ville est magnifique ! Je erre ainsi longuement sans trop savoir oú aller. Je goûte de nouvelles pâtisseries, je progresse le nez en l'air, ne perdant pas une miette du spectacle du quotidien matinal lisboète.
 
Je marche ainsi pendant deux bonnes heures, m'aidant des quelques rares plans de la ville que je parviens à trouver à divers arrêts de bus. Je rentre à l'appartement vers 9h, Margarida dort profondément. Je m'allonge aussi, je tombe de sommeil.
 
Lorsque je me réveille il est déjà 18h. Margarida est sur le point de partir pour la boutique Haagen Dasz, elle me propose de la rejoindre là bas apres ma douche. Il s'agit de mon dernier jour et je suis très en colère contre moi-même car je n'ai pas su mettre cette journée á profit. Je n'aurais pas du dormir puisque de toute façon je vais pouvoir dormir dans le bus toute la nuit. Je fais ma valise et, en retrouvant mon ticket pour Madrid, je réalise que je dois être à la gare routière á 20h, moi qui pensais avoir jusqu'á 23h !!! Je suis d'autant plus énervé. Désolé "P'tit Mulot",  moi qui pensais gouter aux pâtisseries de Belem dont tu m'as parlé, c'est raté ! Même Fabien vient de m'envoyer un e-mail me ventant les mérites desdites pâtisseries.. aucun doute il me faudra revenir !!!
 
Je vais prendre une glace Tiramisú á Haagen Dasz mais Margarida n'y est plus. Je la retrouve á l'appartement. Le temps de discuter un peu et de me préparer... je dois déjà partir. Je me sens frustré et triste. Nouys nous prenons chaleureusement dans les bras et nous promettons de nous revoir sous peu. Elle me demande d'embrasser aussi Fabien. Je vais aussi embrasser Raquel avant de partir.
 
Je prends le métro et arrive á la gare routiêre vers 19h30. Le temps déchanger mon ticket et nous voila bientot embarques dans exactement le meme type de bus dans lequel j'avais tant souffert entre Madrid et Lisbonne. Mais cette fois personne ne sera assis á mes côtés, je profiterai d'une excellente nuit  :-)
 
Nous partons á 20h precises, j'observe les rues de Lisbonne à travers les vitres, il fait nuit. Je m'endors bientòt profondement.
7 octobre 2004

JOUR 24 : LISBONNE (5) - LUX

JOUR 24 : LUNDI 4 OCTOBRE : LISBONNE (5) - LUX
 
J'ouvre péniblement un oeuil vers 9h et je tente de descendre de l'immense lit superposé le plus discretement possible pour éviter de réveiller Miguel. Peine perdue : le grand escabeau placé négligement sur le côté grince, glisse, tape le mur et résonne dans la petite chambre d'un sourd son métallique. J'enfile en vitesse mes vêtements avant que mon hôte ne tente de me ratrapper ou de me demander un numéro de téléphone. Je me faufile dans l'interminable couloir du bordélique appartement et me retrouve dans les ruelles si typiques de la ville. La lumiere est fantastique, le ciel toujours plus bleu, cela me donne une énergie que je n'aurais pas cru possible apres une si courte nuit. Je progresse donc lentement dans les quartiers de Lisbonne, à la recherche de patisseries nouvelles à goûter et de clichés à prendre.
 
Il me faut penser à me reposer un peu, mais auparavant je décide de passer un peu de temps au cyber café. Je ne sais toujours pas qui est le mystérieux correspondant qui m'a appelé et avec qui à présent j'échange de courts courriels. J'attends de savoir avec grande impatience de qui il peut bien s'agir, mais l'inconnu prend plaisir à me laisser me poser mille questions.
 
Je rentre à l'appartement de Margarida vers 13h, comme à l'accoutumée je lutte avec la porte d'entrée : pour ouvrir il me faut donner un fort coup de bassin contre la porte et tourner la clé extremement fort, jusqu'à avoir l'impression de littéralement la casser dans la serrure. La serrure ferme 4 fois, la manipulation est toujours longue et douloureuse pour les doigts et le bassin. Pitufo m'accueille en se frottant à ma jambe, Margarida est partie au travail.
 
Epuisé je m'effondre sur le canapé et je m'endors profondément. Vers 18h j'émerge difficilement, je me prépare un café. Je découvre un message de Margarida sur mon portable : elle est partie voir sa tante qui est malade, elle pense pouvoir me rejoindre vers 20h pour que nous dinions ensemble. Je sors pour une balade, histoire de me désembrumer quelque peu. Je marche un peu au hasard dans les rues de la ville puis je grimpe les ruelles escarpées qui mènent vers le chateau de Sao Jorge dont les remparts dominent la ville. Cette partie de la ville, ancienne, est absolument magnifique et le chateau est lui aussi tres impressionnant. La lumière du crépuscule enflamme les vieilles pierres, je prends des photos superbes.
 
La nuit est tombée, je me promène à travers d'étonnantes ruelles qui me plongent, me semble t-il, dans le Portugal des années 50 : les rues sont si étroites que je peux toucher les deux côtés en écartant les bras, les pavés mousseux brillent sous les lumières orangées de la nuit, je sens mille odeurs de cuisine locale, les fenêtres sont grandes ouvertes et j'observe ainsi tout au long de ma balade les familles ici atablées, plus loin regardant la télé, lá bas jouant aux cartes. Les gens semblent vivrent les uns chez les autres, l'ambiance intimiste et conviviale du quartier, le linge accroché aux fenêtres, tout me fait penser à un minuscule village de montagne. C'est tout simplement magique et c'est bien cela qui fait la différence avec les autres magnifiques villes que j'ai visité jusque là dans ce long voyage.
 
Il est temps d'aller retrouver Margarida, mais il me faut reconnaître que je suis un peu perdu dans ce dédale de ruelles. J'emprunte différents chemins mais à trois ou quatres reprises je reviens exactement á mon point de départ : l'entrée du chateau. C'est effarant ! Je parviens cependant á me soustraire de l'emprise du quartier et je retrouve peu á peu le chemin du retour.
 
Margarida n'est toujours pas rentrée, je m'installe donc devant la seule chaîne de télé que je parviens à comprendre : CNN. Vers 21h la sonnette d'entrée résonne : il s'agit de Raquel, la soeur aînée de Maragarida, elle habite sur le même palier. Nous nous voyons pour la première fois depuis mon arrivée. Elle m'explique que sa soeur est retardée, elle me propose donc de l'accompagner rejoindre des amis à elle dans le restaurant chinois d'une rue voisine. C'est une excellente idée. Nous rejoignons ainsi un couple déjà atablé : Pedro et Raquel (encore). Un peu plus tard arrivent deux autres amies : la soeur de la seconde Raquel et une autre fille (les prénoms m'échappent). Nous sympathisons rapidement, ils sont extraordinairement gentils et nous parlons beaucoup. Une fois de plus je suis abasourdi par le niveau d'anglais des jeunes portugais. De plus toute la tablée ne parlera qu'anglais toute la soirée (même lorsqu'ils parlent entre eux), par simple correction vis à vis de moi.
 
De plus la soeur de Margarida mais aussi l'autre Raquel et la soeur de celle-ci (heu... vous suivez ?) me surprendront en parlant chinois avec la serveuse !!! Elles viennent manger pratiquement tous les jours ici car selon elles c'est un des rares restos qui sert une véritable cuisine chinoise. En fait, tout comme le Royaume Uni a possédait Hong Kong jusqu'à il y a très récemment, le Portugal était aussi jusqu'il y a peu maître de Macau. Ainsi un certain nombre de Portugais ont vécu dans cette colonie de Chine et parlent parfaitement la langue. Six ou sept plats se suivront, plus succulents et fins les uns que les autres, pour une addition au finale bien légère, un vrai bonheur !
 
Pedro me parle longuement de sa thèse en musicologie : il s'est intéressé au groupe le plus célèbre du Portugal (avec Madre Deus) : "Xutos e pontapés". Le groupe est au devant de la scène portugaise depuis 25 ans ! Il a eu l'opportunité de pouvoir les rencontrer pour une interview et quelque chose de très fort est passé, tant et si bien qu'il passe à présent tout son temps avec eux, ils n'ont de cesse de l'appeler, ils l'invitent dans chacune de leur tournée et il a été le seul á être invité lorsqu'ils ont reçu une distinction par le président de la République portugaise !!! Pedro n'aimait pas particulièrement ce groupe il y a quelques mois encore et le voilá l'un de leurs plus proches amis ! Son enthousiasme est hyper communicatif.
 
Margarida nous rejoint, elle est trés étonnée de me voir autant à l'aise avec tous ces gens que je ne connaissais pas deux heures auparavant : "Et bien ça y est, t'es comme chez toi !" me lance t-elle avec un petit sourire. Pedro et sa copine doivent nous laisser, moi je suis les filles vers les ruelles animées de Bairro Alto. Nous trouvons un bar trés sympa oú nous prenons un verre et discutons beaucoup, c'est vraiment trés sympa. Demain est un jour férié au Portugal, il y a donc bcp de monde de ci de lá. Je ne tenterai pas de décrire une fois encore l'ambiance si magique et la beauté des ruelles du quartier.
 
Vers 2h nous quittons le quartier, les filles sont fatiguées. Je leur fais part de mon envie de sortir encore un peu. Elles me proposent de m'emmener en voiture jusqu'au LUX, la plus célèbre et hype boîte de la ville, la boîte de John Malcovitch. Elles me déposent donc sur les docks, face à un grand bâtiment blanc. Je les remercie et les embrasse chaleureusement. Je traverse un petit parking sur lequel sont stationnées de grosses berlines aux marques prestigieuses. Une gigantesque chaussure de type talon aiguille est posée sur le toît du haut bâtiment carré, elle est éclairée de rose.
Un grand type á l'entrée, costard cravate, me demande en anglais si je suis déjà venu, si je connais le fonctionnement de l'établissement. Il m'explique alors que l'entrée coûte 12 euro et que cette somme m'est rendue sous forme de coupons-boissons. Je pénètre dans la grande bâtisse et je découvre une salle au décor chargé : immenses boules á facettes, miroirs, il y a qqch de très seventies. Deux immenses bars colorés se font face. Mais... la salle est pratiquement vide ! Je prends un escalier qui me mène á l'étage au dessus: Je découvre une salle gigantesque est très claire, les murs sont recouverts d'écrans géants sur lesquels sont projetées des images colorées. De grandes fenêtres donnent sur le fleuve. Il n'y a pas grand monde et les gens sont dans l'ensemble un rien guindés et coincés... ou completement ivres. La musique, un son dance, électro "gentil", ne me transporte pas vraiment. Mon ticket d'entrée est prédécoupé en douze petits coupons de 1 euro, cela me permettra d'obtenir 4 boissons durant la nuit. Une fois de plus tout est partout, oú que je sois allé en Italie, Roumanie et Portugal, bien moins cher qu'à Paris !!!
Vers 4h la boîte s'est bien remplie, je danse bcp, je me promène dans les étages, je vais sur les grands balcons observer la surprenante vue sur cette rivière qui ressemble tant á l'océan, silhouettes devgrues et grands bateaux se découpent dans la nuit. Je monte sur le toît : une grande terrasse, au pied de la chaussure rose, permet aussi de prendre l'air.
Je resterai à danser toute la nuit.
4 octobre 2004

JOUR 23 : LISBONNE (4)

JOUR 23 : DIMANCHE 3 OCTOBRE : LISBONNE (4)

C'est Margarida qui me réveille aujourd'hui, elle
vient aussi d'ouvrir l'oeuil : «Kristof, do you know
what time it is? 3pm!!!». Mais elle est est très
heureuse d'avoir enfin pu longuement dormir et ce pour
la première fois depuis bien longtemps. Puis elle me
regarde avec un sourire complice : «So?». Je lui
réponds un peu dépité en hochant la tête : «No, he's
straight!». Je la remercie cependant d'avoir essayé,
j'ai de toute façon passé une soirée absolument
excellente  :-)

Bon, nous n'avons pas énormément de temps pour nous
préparer car il nous faut être au São Jorge pour la
séance de 17h pour le visionage des films gagnants.
Margarida prépare des oeufs brouillés et du café. Nous
voilá bientôt partis pour le cinéma. En fait j'ai
véritablement l'impression d'être venu á Lisbonne pour
ce festival de cinéma indépendant et non pas pour
découvrir la ville, ce n'est pas inintéressant, loin
de lá, mais tout de même un rien frustrant.

Maria, la réalisatrice espagnole, est invitée á
prendre parole sur la scène de la grande salle. Il ne
m'est pas très facile de comprendre car elle s'exprime
en espagnol et ses propos ne sont traduis qu'en
portugais. Son court mérage est ensuite visionné : il
s'agit d'une animation (dessins) entièrement chantée
(chant classique de castrat) sur le thème de
l'homosexualité, de la prostitution. C'est tres fort,
extrêmement esthétique et gênant á la fois, j'aime
vraiment beaucoup ! Ensuite nous regardons le long
métrage français «Le monde vivant». Il s'agit d'un
conte (chevaliers, dame, ogre) mais les personnages
sont habillés avec des vêtements de nos jours et sont
très statiques : ils parlent en récitant, de façon
froide et sans sentiment, en et restent droit sans
bouger, les bras le long du corps, les yeux perdus au
loin. Ca en devient parfois drôle á mourir mais dans
l'ensemble j'ai trouvé le film terriblement ennuyeux.

Après la séance nous convenons avec Margarida de
rentrer tôt afin de se préparer un bon petit repas.
Nous passons ainsi donc par une superette puis elle
prépare une quiche aux poireaux et lardons (un délice)
tandis que je tente de décrypter les infos de la télé
portugaise. Nous discutons encore longtemps, de choses
assez personnelles, j'aime bcp parler avec Margarida.

Vers 23h je me décide de partir á l'assault des
ruelles de Bairro Alto, selon Magarida il y aura
certainement du monde car mardi sera un jour férié,
les gens font donc le pont demain. Je me promène donc
longuement et je m'arrête boireun verre dans le café
homophile «Portas Largas». De la samba est craché par
la sono et quelques brésiliens dansent de façon
effrénée, c'est trés sympa. M'accoste alors un jeune
gars qui me demande du feu. Il réalise que je ne suis
pas portugais. Puisque je suis seul il me propose de
l'accompagner avec ses amis dans une boîte gay. Cool.
Ils son ne petite bande de 5 mecs de 25 ans en
moyenne, un peu allumés (mode plus ou moins punk) et
passablement ivres. Mais ils sont très cool et
visiblement inofensifs. Nous parlons en anglais,
français, italien, ils sont completement fous mais
très drôles. Nous traversons la ville, achetons
quelques bières, et il leur faudra une bonne heure
avant de se décider sur le choix de a boîte.

Nous arrivons finalement (c'est le cas de le dire) au
«Finalmente» : la plus petite boîte qui m'ait été
donné de voir, une boîte de sardines dans laquelle
dansent un tas de mecs agglomérés. Il fait chaud,
c'est enfumé et il est difficile de véritablement
danser tant il y a du monde. Et du côté bogossitude...
on frise le zéro !!! :-(

A 3h du matin nous avons droit á un show de travestis
sympa, très pro. Miguel, le garçon qui m'avait accosté
au bar, se montre de plus en plus «familier» avec moi.
Vers 5h il me propose d'aller dormir chez lui. Je me
laisse tenter après hésitations, nous traversons une
parti de la ville, il habite près de la Praça Pedro
IV, pas trés loin de chez Margarida. Il habite dans
une espèce de colocation de type «Auberge espagnole»,
c'est trés fun. Ceci dit je ne suis finalement plus
trop motivé, il n'est pas vraiment á mon goût. Nous
nous endormirons vers 6h30.

4 octobre 2004

JOUR 22 : LISBONNE (3)

JOUR 22 : SAMEDI 2 OCTOBRE : LISBONNE (3)

Je me réveille assez tard, vers 13h, tout comme
Margarida. Elle est vraiment désolée de ne pas pouvoir
être plus souvent avec moi. Elle me dit, non sans
humour, qu'elle réalise combien elle est une mauvaise
hôtesse. Je lui confirme qu'en effet rarement je
n'aurais été aussi mal accueilli, ça la fait bcp rire.
Nous passons en réalité pas mal de temps á discuter le
matin et le soir surtout, c'est extrêmement agréable
car non seulement Margarida est une fille très
intelligente, elle est très intéressante, mais en plus
elle a un son petit caractère et un fort sens de
l'humour. Je la laisse donc á ses traductions tandis
que je vais goûter á qque nouvelle pâtisserie
recouverte de sucre en poudre.

Je prends plaisir á prendre de nombreuses photos,
Lisbonne m'inspire. Ainsi, comme la veille, je me
balade sur la place Rossio, puis dansle quartier du
Chiado et dans les ruelles de Bairro Alto. Le temps
d'un café et d'une Haagen Dasz et bien vite l'heure de
retrouver Margarida au cinéma São Jorge arrive. Je
rejoins donc á nouveau la place Rossio et je remonte á
pieds l'Avenida da Liberdade jusqu'au cinéma.

Aujourdui est une grande journée pour le festival car
tous les films aurnt été présentés et le jury
désignera les gagnants. Le grand hall du São Jorge est
donc particulièrement bondée aujourd'hui et diverses
équipes de télévision interviewent á tour de bras
cinéastes et spectateurs. Une fois encore je choisis
d'aller voir la séance de court métrages, j'aime
particulièrement ce format de films et je n'ai pas
véritablement l'occasion d'en voir de façon régulière.

A la sortie de séance Margarida est particulièrement
irritée car on vient de lui faire comprendre que
finalement ni elle ni moi ne pourrions obtenir
d'invitation pour LA grande séance de 21h30 durant
laquelle les prix seront remis. Mais elle a décidé de
ne pas en rester lá : elle s'adresse á son responsable
et ami et lui dit très clairement sa façon de penser.
Elle lui dit avoir conscience de l'importance d'avoir
invité grand nombre de personnalités et de gens
influents mais qu'il faut aussi savoir remercier ceux
qui on passé des nuits blanches á bosser pour ce
festival et qui sont de plus plutôt mal payés. Son
coup de gueule s'avère être payant : elle revient á
moi tout fière me tendant une invitation.

Nous avons tous deux un petit creux, nous passons
rapidement au resto - snack voisin, le temps d'avaler
un sandwich á la viande et un café.

A 21h30 nous prenons place dans la grande salle du
cinéma. Nous ne sommes pas très bien placés : vers le
fond sur le côté. Tandis que les spectateurs prennent
peu á peu possession des lieux je repère un grand
gars, crâne rasé, teint mat, yeux noir, très
souriant... waoaw, une merveille ! Ha, j'ai totalement
oublié Kaila de te faire un rapport sur la bogossitude
ici ! En fait, d'après ce que j'ai pu observer
jusqu'ici (et tu sais combien je sais être
observateur) sincèrement l'indice de bogossitude n'est
pas très élevé... MAIS les gens sont tellement simles,
avenants, cools, conviviaux, bronzés... qu'au final on
a très vite l'impression que tout le monde est beau
ici. C'est très particulier et fort agréable  :-)

La séance de remise des prix est, comme toute remise
de prix, un peu longue et ennuyeuse. En plus c'est en
portugais alors vous pouvez aisément imaginer que
l'intérêt pour moi n'est pas trés élevé. Je m'amuse
donc á observer les gens dans la salle non climatisée
s'éventer avec les éventails en carton roses en forme
de raquette de ping-pong que chacun a  trouvé sur son
siége. C'est très amusant de voir ainsi ságiter autant
de petits points roses á travers l'immense hémcycle.
Je cherche aussi á retrouver du regard le garçon au
crâne rasé... sans succès.

Le long métrage qui a gagné le festival est français,
un film de Eugène Green qui s'appelle «Le monde
vivant». Le court métrage vainqueur est pour sa part
espagnol, le titre m'échappe mais la traduction de
celui-ci est á peu de choses près «Avec quoi je vais
me laver ?». Je n'ai vu ni l'un ni l'autre. Après la
remise des prix est projeté en avant-première au
Portugal «Supersize me», un docmentaire américain qui
fait le procès de Mc Donald's. Je l'ai vu il y a qques
mois á Paris... j'ai adoré ! Je suis donc très heureux
de le revoir.

Suite á la séance un cocktail de fin de festival est
offert aux invités, avec bar á whiskey á volonté. Pas
de chance, j'exècre cet alcool ! :-(  Je me rattrappe
avec un cocktail un peu étrange : mélange de Red Bull
et de mousseux. Margarida quant á elle s'accomode
parfaitement du Whiskey. J'apperçois á nouveau le
garçon au crâne rasé, il es décidemment sublime et
tellement souriant ! Margarida est tout á fait
d'accord, elle me promet de tenter de faire une
approche discrète en cours de soirée.

Je suis présenté á Maria, une espagnole rousse aux
yeux bleus, très dynamique et passionnante. Nous
parlons en anglais. Nous parlerons des heures durant
discutant de mille sujets. Lorsque je lui apprends que
ma prochaine destination est Valencia elle me donne
son numéro de téléphone car c'est justement lá qu'elle
habite. Nous réalisons que malheureusement elle n'y
sera pas encore retourné lorsque j'y serai. C'est
après un certain moment de discussion que je comprends
enfin que Maria est la réalisatrice du court métrage
qui a remporté le festival... pour le coup je me sens
un peu stupide (tous les invités ici présents sont
tout de même censés savoir qui elle est !), lol ! Son
court métrage sera projeté demain á 17h juste avant le
long métrage gagnant, elle m'encourage donc á venir á
la séance.

Le temps passe et les gens petit á petit s'en vont,
ceux qui restent sont pour la plupart dans un état
d'ivresse assez avancé. Mon beau gars au crâne rasé
est toujours lá, entouré d'amies, je n'ai de cesse de
l'observer. Au moment oú nous décidons de partir avec
Margarida justement ce garçon et quelques autres
personnes se préparent aussi á partir. Margarida tient
sa promesse d'approche en les saluant et échangeant
qques mots. Elle leur demande ce qu'ils comptent faire
maintenant car elle a un ami français qui aimerait
découvrir Lisbonne by night et qu'elle n'a pas le
courage de sortir ce soir.

Je fais donc connaissance avec le petit groupe, 2
filles, deux garçons, dont le très trés trés charmant
Hugo  :-)  Ils comptent aller boire qques bières dans
un troquet de la vieille ville et m'invitent ainsi á
les accompagner. Je suis très impressionné par le
niveau d'anglais qu'ont les jeunes portugais, c'est
assez systématique. De plus la plupart du temps ils
parlent aussi un peu français.

Nous passerons une longue nuit á boire de la bière
dans un café paumé et très typique. Hugo est de plus
en plus beau et il est extrêmement tactile... mais
très hétéro  :-(   Cla n'empêche qu'il reste très
intéressant, il est musicien, particulièrement
passionné par le jazz. Je n'oserai pas lui avouer que
je n'aime pas le jazz.

Nous parlons tous de la perception qu'on les Portugais
des autres pays d'Europe. La France, comme toujours,
est soit vue comme le pays de l'amour, du champagne et
du romantisme, soit comme un Etat peuplé d'ignorants
nombrilistes (ce n'est pas non plus une surprise, lol
!). Nous parlons aussi bcp du Brésil, les Brésiliens
ne sont pas très bien acceptés en général : ils sont
vu comme des opportunistes qui ne pensent qu'á faire
la fête, rustres et vulgaires. Il est vrai qu'il est
facile de reconnaitre les Brésiliens le soir dans les
cafés, juste á leur façon de s'amuser, de danser. Les
Portugais sont plus effacés, calmes. Ont a souvent
cette image d'Epinal du Portugal triste et pessimiste,
le Portugal du Fado. Et bien les Portugais eux-mêmes
se définissent ainsi, j'en suis très étonné. Moi qui
adore l'accent du portugais du Brésil, je réalise
qu'ici les gens en général ne l'aiment pas, ils
trouvent que «ça fait trop»... mais trop quoi ? Aucune
idée !

Nous restons ainsi á parler des heures durant, c'est
absolument passionnant. Nous échangeons nos
coordonnées puis ils me déposent chez Margarida. Je me
couche, il est 6h du matin.

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