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Mes voyages
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22 septembre 2004

JOUR 10 : BUCAREST AVEC MICO

JOUR 10 : LUNDI 20 SEPTEMBRE : BUCAREST AVEC MICO.
 
Je m'etonne de me reveiller par moi meme des 9h. Dans le salon Mihaela m'a laisse un mug de cet excellent cafe Irish Cream ainsi qu'une assiette d'un fromage blanc de vache, pas tres gouteux et aigre.
 
Comme convenu la veille, une fois pret j'appelle chez les parents de Mihaela. Mariana me repond, dans un francais approximatif elle me fait comprendre que Mico vient me chercher, il devrait arriver dans les 15 mn. Je profite de ce laps de temps pour prendre quelques photos de cet immeuble qui pourrait servir de decor pour un film d'epouvante. Je prends ainsi des cliches des parois, de l'ascenseur et de la facade.
 
J'attends Mico au pied de l'immeuble. La petite rue est etroite, de nombreuses Dacia (R12) de toutes epoques sont stationnees de ci de la, les troitoirs sont un peu sabloneux. Je ne peux m'empecher de me dire encore et toujours "mais que c'est laid !'. Pourtant les habitants, les jeunes principalement, sont habilles de la facon la plus moderne qui soit : T-shirts Puma, dernieres Nike aux pieds, beaux jeans. Tout le monde a son telephone portable, recent dans la plupart des cas. Ce qui est le plus surprenant c'est que l'on est en parfaite securite dans ces quartiers, les Roumains sont tres cools et avenants. C'est des tziganes qu'il convient de se mefier (ceux justement que nous appelons les "Roumains" a Paris) mais il y a un tel racisme contre eux ici qu'ils ont fini par s'installer dans les peripheries ou en dehors de la ville, l'on n'en voit quasiment pas dans les rues. Les gens ici sont extremement choques lorsqu'on leur parle de l'amalgame que lon fait en France entre les tziganes et les Roumains.
 
Je vois Mico arriver au loin, je reconnais son profil rond et sa demarche maladroite. Nous prenons la grande artere du quartier : le boulevard Pantelimon. Nous echangeons quelques mots en anglais, nous parvenons a communiquer meme si c'est souvent tres drole. Quoi qu'il en soit generalement les mots roumains sont identiques aux mots francais ou italiens donc il n'y a pas de difficulte insurmontable.
 
Nous commencons par passer au bureau de poste : c'est ici que je peux acheter une carte de transports en commun hebdomadaire. Il m'en coutera pour la semaine 110 000 lei (2,75 euro) et est valable pour le reseau de la RATB (= bus + tram + trolley). En revanche elle ne l'est pas pour le metro bucarestois.
 
Mico me fait comprendre que nous allons passer chez ses parents. Je me demande s'il va falloir ainsi que je fasse tous les jours des politesses aux parents, sincerement cela commence un peu a me fatiguer. Mariana est certes tres gentil mais pour le coup j'ai vraiment envie de decouvrir la ville sans perdre inutilement du temps.
 
La maman de Mico m'offre un verre de lait qui vient directement de la campagne, sorti du pis de la vache, sans avoir ete traite. il est excellent et j'en boirai encore deux verres. Le pere pour sa part est toujours autant bougon, il me regarde a peine mais je crois cependant comprendre qu'il parle de moi, style "qu'est ce qu'il fait encore ici celui la". Je suis tres mal a l'aise. Mariana et Mico rient un peu nerveusement et excusent le vieil homme en expliquant qu'il vient de perdre un client important.
 
Mariana nous accompagne a l'arret de bus de la rue Pierre de Coubertin toute proche puis elle nous abandonne. Mico et moi prenons le bus 104 qui doit nous rapprocher du centre ville. J'observe les quartiers qui se succedent, tous aussi laids les uns que les autres. Ceci dit en se rapprochant du centre, la ville devient de plus en plus jolie malgre un cote vieillot. Je suis impressionne par la beaute des garcons ici, ils valent bien ceux de Rome en moins extravagant, plus simples. C'est tres agreable et j'en oublie les quartiers tristes de Bucarest.
 
Nous nous arretons sur la grande place unirii : le centre de la place est une immense friche innaccessible encerclee par un boulevard circulaire. Les grandes facades tout autour sont integralement recouvertes de publicites geantes, c'est tres etonnant. La Roumanie a decouvert sans douceur les realites du monde capitaliste.
Mico me propose de visiter le grand centre commercial qui se situe justement sur cette place. Les boutiques y sont tres modernes, il s'agit avant tout de pret a porter (street wear et classique) et de l'electro menager. Les vetements ici sont souvent hors de prix pour les Roumains, imaginez une paire de Nike a 3 millions de lei (75 euro) lorsque l'on ne gagne que 250 euro par mois ! Ceci dit un grand nombre de boutiques proposent des marques moins prestigieuses pour des prix tres interessants.
Je m'amuse aussi a comparer les tarifs des telephones portables et autres appareils photo numeriques et je realise avec stupefaction quils sont plus chers encore a Bucarest qu'a Paris !
 
Nous quittons le centre commerciale pour prendre une petite pause dans un cafe qui propose des patisseries tres tentantes, pour le coup j'en choisis deux. Ce sont des sortes de strudels (pate feuillettee roulee fourees de diverses choses au choix), c'est absolument excellent ! Mico me fait ensuite visiter la cour de l'hotel duquel depend cette patisserie : c'est un magnifique batiment traditionnel en bois richement decore. La cour interieur, pavee, est immense, une terrasse ombragee l'occuppe en grande partie.
 
Nous visitons ensuite le centre historique : ancienne eglise orthodoxe, statue de Vlad Teples (dracula), jolis passages avec brocantes, anciennes facades travaillees, magnifiques batiments officiels (banque centrale, police, universite...). Tout cela me laisse une impression un peu etrange car evidement au vu du reste de la ville tout ce que je vois ici n'est que pure merveille, mais en comparaison avec une capitale occidentale meme le centre historique de Bucarest semble triste et defraichi. C'est quelque peu destabilisant.
 
Vers 16h Mico me laisse a un cyber cafe, je lui explique que j'en aurai pour un moment et qu'il est donc inutile qu'il m'attende. J'ai de toute facon tres envie de me debrouiller un peu seul a present. Je cherche a envoyer des photos comme je l'avais fait jusqu'a present mais les antiques PC n'ont pas la capacite de reconnaitre mon appareil photo comme peripherique. De plus la connection est horriblement lente et mon ecran "tremble", ce qui fait terriblement mal aux yeux.
 
Je me promene enfin seul en centre ville, je me sens tres a l'aise dans Bucarest, je prends un certain nombre de photos. Je passe par hasard devant l'agence d'Eurolines, c'est une bonne occasion pour acheter le billet pour la suite de mon voyage a travers les pays latins d'Europe. Je decide de partir lundi 27 septembre (dans 1 semaine). Je prendrai un autocar Eurolines au petit matin et au bout de 2 jours j'arriverai a Madrid. J'aurai environ 6 heures pour visiter la ville puis un autre autocar Eurolines m'attendra pour ma reelle destination : Lisbonne. J'arriverai au petit matin jeudi dans la capitale portugaise ou m'attend Margarida, une proche amie de mon pote Fabien (ceci dit je ne serai plus son pote si entre temps je me fais voler le cadeau qu'il m'a confie pour elle !). Le voyage Bucarest - Lisbonne me coute 190 euro, il est impossible de trouver moins cher pour un tel trajet et, une fois de plus, les voyages en car m'amusent beaucoup. Il est un peu complique de regler le voyage avec ma carte bleue, trois guichetiers Eurolines se pressent autour de moi et me parlent dans des langues diverses et variees.
 
C'est a present le soir, je ne me souviens plus tres bien quel bus prendre pour rentrer chez Mihaela. Je l'appelle donc et je suis ses indications : je retourne vers l'universite, au pied de la statue du roi Karol, et je prends le trolley-bus 69. Une fois arrive a la rue Pierre de Coubertin (pres de chez Mariana) je marche un peu et je prends le tram sur trois stations. Un jeu d'enfant en fait. Mihaela m'attend justement a l'arret de tram.
 
Nous rentrons. Elle me prepare des tranches de pain avec de grosses tranches d'une espece de saucisson a l'ail. Apres ma douche elle m'annonce que nous repartons sur le champs car elle tient a me presenter un proche ami : Radu. Ce dernier est un designer qui s'amuse a inventermille objets d'interieur, il commence a se faire un nom dans le monde du design. En 2003 il a gagne un grand concours international et du coup il part des demain pour le salon du design a Londres ou un stand gratuit est mis a sa disposition. C'est donc le dernier soir ou nous pouvons le rencontrer. Avant de partir Mihaela me montre un article sur Radu paru dans une tres serieuse revue d'architecture.
 
Nous prenons un taxi (forcement jaune, forcement une Dacia) et arrivons dans un quartier un peu bourgeois et autrement plus agreable que celui dans lequel habite Mihaela. Nous sommes accueillis par Nicolae, le petit copain de Radu. Nicolae, un tenor a l'opera de Brasov, est un bonhomme d'une quarantaine d'annees, tout sourire et plutot bien enveloppe. Comme bcp d'homos il est tres tactile et il me fait rapidement comprendre que je lui plais assez. L'appartement du couple n'est pas tres grand mais il est moderne et divers objets d'epoques diverses le decorent. Nicolae s'excuse pour le fouilli, Radu part demain matin et les bagages ne sont pas tout a fait fini. L'on nous offre un cafe froid et du raisin et nous discutons. Radu n'est pas encore la et Nicolae ne parle que Roumain.
Radu finit par arriver, il est plus svelte que son compagnon, cheveux noirs et yeux tres bleux, un tres beau sourire. Il est parfaitement bilingue. Il nous parle des objets qu'il va exposer au salon du design : une lampe dite "Cobra vertical" (un long "tronc" en alluminium qu'il est possible de transformer en le pliant) et une autre lampe surprenante : deux ampoules cerclees de fines tiges metaliques (cela ressemble a des fleurs), lorsque les ampoules sont allumees la chaleur fait "ouvrir" la corolle et une fois les ampoules eteintes les tiges metalliques se referment.
Il est un peu stresse par ce voyage car il n'est jamais alle en Angleterre, il aurait prefere Paris qu'il adore. Le visa a ete tres difficile a obtenir et du coup il se montre suspicieux envers les Anglais. Je le rassure quant a Londres qui est une ville tres agreable et autrement plus cosmopolite que Paris.
On boit de la biere, on parle musique, architecture, homosexualite. Selon nos hotes les Roumains sont restes un peu coinces, les relations homos sont donc un peu tendues, dumoins avec ceux qui ont connu le systeme communiste. Pour les plus jeunes ce serait un peu l'inverse et seraient presque trop extravertis. Il existe une boite gay, le Queens, dans laquelle Nicolae se fait par avance plaisir de m'accompagner en fin de semaine. D'ici la ils nous conseillent de passer un soir au cafe de ladite boite.
 
La soiree est vraiment tres sympa mais Radu se leve tot du fait de son depart pour Londres, nous prenons donc conge vers 22h30. En descendant du taxi, Mihaela et moi nous promenons un peu dans son quartier. Une patisserie est ouverte (beaucoup de commerces sont ouverts 24h/24 a Bucarest), je deguste une gigantesque part d'un mille feuille rempli d'une abondante et savoureuse creme patissiere. Nous nous asseyons au pied d'une grande croix qui a ete elevee en memoire de ceux tombes lors de la revolution de 1989. Je questionne alors Mihaela sur la facon dont elle a personnellement vecu les evenements, comment la chose est abordee par les manuels scolaires, nous parlons de Ceaucescu et de toutes les zones d'ombre qui persistent suite a la chute du regime.
 
En rentrant Mihaela me montre des photos qui remontent a son sejour dans mon petit village il y a presque 15 ans... que de souvenirs ! Le temps passe terriblement vite.
 
Nous nous couchons vers 2h30.
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