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Mes voyages
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21 septembre 2004

JOUR 8 : TRAJET EN ROUMANIE, ARRIVEE BUCAREST

JOUR 8 : SAMEDI 18 SEPTEMBRE : TRAJET VERS LA ROUMANIE – BUCAREST

Nos passeports nous sont rendus car les autorites veulent voir chaque personne embarquee. Un douanier hongrois monte a bord et verifie chaque piece d’identite avec suspicion, devisageant les voyageurs pour s’assurer que la photo correspond. Un coup de tampon sur le passeport permet au voyageur de pouvoir continuer son trajet. Arrive a mon niveau le douanier s’etonne de voir un passeport aux tons un peu differents, il me jette un regard plein de surprise, il feuillette le passeport et, lorsqu’il realise que je suis francais, me le rend sans le tamponner : je suis un citoyen de l’union europeenne, j’ai donc droit a la libre circulation dans les 25 Etats.

Le car finit par repartir, l’ensemble des passagers s’endort. Il est 5h lorsque nous nous arretons de nouveau. Il s’agit d’une sorte d’arret d’autoroute. Je suis mal reveille, il fait assez froid. Deux passageres du car vienent m’aborder : une petite brune, Gabriela, et une grassouillette blonde a lunettes, Monica. Gabriela me drague ouvertement, je trouvais les Roumains plutot coinces jusqu’alors mais pour sa part elle fait exception ! Je lui explique donc que je suis un homme marie, tout devient ainsi clair et sain. Cela ne nous empeche donc pas de sympathiser, nous prenons un café avec un 4e passager. Je suis etonne de voir que les Hongrois acceptent l’euro (la Hongrie n’est pas encore dans la zone euro) et que je peux parler italien a la vendeuse. Je communique aussi en italien avec les deux Roumaines. Je leur explique mon souci concernant Mihaela que je ne parviens pas a joindre. J’ai cependant un vieux numero qui ne fonctionne pas : je leur montre et elles m’expliquent alors que le prefixe a change tout simplement. Ainsi donc le numero que j’ai est peut etre le bon, il me suffit de l’essayer avec le nouveau prefixe telephonique. Voila donc une lueur d’espoir !!! Vu l’heure tres matinale je prefere eviter d’appeler, j’envoie un sms. Un accuse de reception me revient : le numero marche donc ! Il faut maintenant savoir s’il s’agit toujours bien du numero de Mihaela. Il fait extremement froid, nous remontons dans le car. Nous reprenons la route.

Vers 7h30 le chauffeur fait une annonce au micro. Monica traduit : nous approchons de la frontiere roumaine, il est demande a chaque passager de bien vouloir donner 5 euro pour les douaniers roumains afin de faciliter le passage. Et bien… voila une premiere belle impression sur la Roumanie ! L Le jour s’est leve, le paysage est tres plat, il y a de ci de la qques maisons tres typiques : petites et carrees avec un grand toit.

Un douanier monte a bord. Il s’avance, glacial, et observe chaque voyageur. Le silence est total, j’ose a peine respirer, c’est extremement stressant. Il verifie chaque passeport et dechiffre le moindre coup de tampon ou visa. Ce n’est qu’une fois qu’il s’est suffisament approche que je realise qu’il s’agit d’un douanier hongrois : non seulement ces pauvres roumains sont embetes a l’entrée du territoire hongrois mais ils le sont tout autant a la sortie ! Lui aussi tiquera sur mon passeport mais me le rendra tout naturellement sans le tamponner et sans chercher a en savoir plus.

Au loin j’appercois tout a coup la longue file des vehicules cherchant a entrer en Roumanie, je n’ose pas imaginer le temps que nous allons passer a la frontiere. Cote roumain nous descendons de l’autocar car en effet l’attente est longue. Tout cela me donne l’impression d’une ligne inviolable par laquelle je n’ai aucune chance de pouvoir passer. Il y a des toilettes sales dans un coin, quelques boutiques duty free de ci de la tristes et vieillottes a mourir. Quelques drapeaux roumains delaves. Ce lieu est absolument deprimant ! Je me promene un peu avec Gabriela, nous buvons un café froid que vend notre chauffeur pour 1 euro.

Il nous faut remonter dans le car a 8h40, nous avancons terriblement lentement pendant pres d’une heure, sans jamais savoir si la frontiere est enfin franchie ou non. Soudainement, a 9h30, mon telephone sonne : enfin Mihaela !!! Je suis tres heureux et tellement rassure ! Elle a bien recu mon texto et elle m’explique que, ne recevant plus aucune nouvelle de ma part, elle pensait que j’avais renonce a venir la voir, que j’avais prefere prolonger mon voyage en Italie. Je donne mon telephone a Monica afin qu’elle explique a Mihaela ou et quand nous arriverons a Bucarest. Au meme moment nous passons definitivement la douane roumaine sans qu’un seul douanier ne monte a bord, je me sens heureux et leger… la vie est belle J

Je m’impregne des paysages, le ciel est a la fois tres clair et couvert, des champs plats et tristes s’etendent a perte de vue, je ne vois que tournesols, mais et jacheres, quelques vieilles fermes de ci de la. Les baffles du car crachent a present une musique roumaine techno-dance commerciale plutot etonnante. A partir d’ici il n’y a plus vraiment d’autoroute et les routes sont fatiguees, peut etre que le plus long du trajet commence en realite. Nous allons ainsi donc traverser de nombreux villages et autres villes, pour ma part je m’en rejouis.

Nous nous arretons bientot a une station service. La Roumanie est un producteur de petrole, les stations services, plus colorees et modernes les unes que les autres, pulullent dans le pays et propososent un carburant peu cher. Il fait tres bon a present, je n’ai pas d’argent roumain et l’euro n’est pas accepte ici, Monica m’offre donc un coca a 19.000 Lei. Elle m’explique qu’1 euro = 40.000 Lei. La monnaie nationale s’appelle le Leo, ce qui (vous l’aurez devine) signifie "lion".

Nous reprenons la route, le paysage est de plus en plus desole, cela me donne l’impression de friches : la region a du etre industrielle, l’on peut voir d’antiques usines delabrees (qui peut etre fonctionnent toujours). Tout le long de la route courrent des tuyaux rouilles, sortes de pipes lines hideuses qui finissent de ruiner un paysage de plus en plus triste. Les routes sont aussi assez mauvaises. 70% dur parc automobile est compose de Dacia : il s’agit de notre bonne vieille Renault 12 qui se construit toujours ici, c’est tres etonnant.

Nous traversons de jolis villages traditionnels, dommage qu’autant de fils electriques, tels de geantes toiles d’araignees, envahissent les toits et rues. Les villes sont pour leur part tout a fait effrayantes : elles sont en tres grandes parties composees d’immeubles quasi delabres. Une fois encore c’est le sentiment de tristesse qui prevaut. Les boutiques sont vieillottes. J’ai l’impression de voir une ville a une ere post atomique, c’est terrible. L’on ressent parfaitement les ravages de l’ere communiste, c’est tres flagrant. Le regime avait en effet detruit des tas de villages pour favoriser les villes et dans ces dernieres la plupart des quartiers historiques ont ete rases au profit d’immeubles austeres de type HLM. Il me semble que la pire de nos cites de banlieue est un petit paradis en comparaison aux villes que je traverse ici

Malgre tout je me sens euphorique car je suis parvenu a joindre Mihaela et je suis a present tres a l’aise avec les autres passagers, les gens sont extremement gentil, je les sens plus detendus a present que nous sommes en Roumanie. De plus j’ai tout de meme vecu 1 an a Madagascar, un pays bien plus pauvre que la Roumanie, il m’en faut beaucoup pour parvenir a me choquer.

Je m’etonne cependant de voir combien les Roumains sont beaux, je crois que Kaila aurait aussi apprecie la beaugossitude ici ;-)

Nous roulons depuis 24h, Bucarest est pourtant encore a 600km de route !

Vers 12h30 nous traversons Timisoara, la ville me rappelle vaguement une banlieue d’ancienne ville industrielle anglaise. C’est ici que descend Gabriela, elle me fait ses adieux.

A 13h30 nous arrivons a Lugoj, une fois de plus de tristes HLM gris nous accueillent, relies entre eux par des nuees de fils electriques. Cependant le centre de la ville s’avere etre beaucoup plus joli, de belles frisques travaillees ornent les facades de coquettes maisons. Nous passons devant une fabuleuse eglise dont les facades sont recouvertes de dessins colores. Une passagere quincagenaire tombe enadoration devant le sanctuaire et se signe trois fois. Nous nous arretons a la gare routiere de la ville, un certain nombre de passagers nous quittent ici.

Nous reprenons bientot la route. Petit a petit le paysage se fait plus vert et valonne, c’est tres joli. Nous traversons plus loin des forets tres fournies. Ceci dit je pense qu’il n’a pas plu depuis un certain temps dans la region car les paysages restent secs, les champs sont jaunatres.

Vers 16h nous faisons une nouvelle halte, au niveau d’un petit restaurant routier. Monica m’offre un repas. Je suis tres gene d’etre de la sorte invite par qqn qui a certainement peu de moyens financiers mais je me laisse convaincre lorsqu’elle m’explique qu’il s’agit de l’argent de ses parents et qu’elle a depense quelques 3000 euro en fringues cet ete en Italie !

Elle choisit pour moi une petite salade de crudites ainsi qu’une specialite roumaine : les "mici" (prononcer "mitsh"). Ca veut dire "petit" en roumain. Il s’agit de rouleaux de viande hachee type chair a saucisse, composees de trois types de viandes melangees. De gout c’est plutot bon mais de consistance c’est un peu gelatineux. Les mici se degustent avec du pain et beaucoup de moutarde. Le restaurant me rappelle un peu ceux que l’ont trouve a Madagascar lors des arrets routiers des taxis brousse. Je me sens du coup tres a l’aise.

Monica me donne quelques mots de vocabulaire roumain puis me parle des boites a Bucarest. Elle est une vraie clubbeuse et affirme non sans fierte que de tres grands DJ passent regulierement a Bucarest. C’est selon elle une ville qui a une vie nocturne intense. Nous reprenons la route apres une heure de pause.

Nous arrivons a Sediu a 18h, nous nous arretons a la gare routiere de la compagnie Atlassib. Ici les batiment sont neufs et peints de couleurs etonnantes : vert flash et jaune citron. C’est quelque peu etrange mais ca egaie un peu la grisaille du quartier. Un passager vient me parler en italien, il m’explique que les roumains sont foncierement tristes, qu’il n’y a plus rien a esperer en Roumanie. Il me met un peu mal a l’aise, j’essaie alors de relativiser en lui exposant la situation malgache.

Il fait frais a present, une petite pluie fine commence a tomber. De nouveaux voyageurs montent a bord, il ne nous reste plus que 270km de route. Nous traversons la ville, le centre est plutot joli. Beaucoup de drapeaux roumains de ci de la sur les monuments et batiments officiels, et tres souvent aussi le drapeau de l’Union Europeenne. Je suis tres etonne par le systeme des feux tricolores : lorsque le feu est vert il y a une lampe verte supplementaire qui decompte les secondes restantes avant le passage au rouge et ces chiffrent passent justement au rouge 10 seconde avant le feu lui-meme. A ce moment la les chiffrent indiquent le nombre de secondes a attendre avant le passage au vert. Il en est de meme pour les pietons.

En quittant Sediu nous traversons une zone montagneuse de toute beaute, la region doit etre plus touristique : l’on peut en effet voir de nombreux et coquets hotels de style alpin tout au long de la route. Quelques cabanons vendent des produits artisanaux. Le paysage finit par redevenir plus plat mais nous longeons une longuen chaine montagneuse qui se perd dans le plafond nuageux.

Il est 20h lorsque nous arrivons a Brasov, une des plus grandes villes du pays. La ville est moderne, l’on peut voir des usines recentes et meme un hypermarche Carrefour. Nous ne restons pas longtemps. Il fait a present nuit et nous allons veritablement grimper dans les montagnes. Sans pour autant pouvoir profiter du paysage car il fait a present nuit noire. Sur les ecrans de tele de l’autocar se joue le film Taxi 3, amusant de voir un film francais dans ces circonstances.

Je m’endors et me reveille lors de notre arret a Ploesti, il est 22h30 et nous ne sommes plus qu’a 1h de route de Bucarest. Il est convenu alors que j’appelle Mihaela pour la prevenir de mon arrivee enfin proche. Nous sommes l’un et l’autre tres excites.

Le passager qui m’avait precedement parle de la tristesse des Roumains vient a nouveau me parler, il m’offre une patisserie, une sorte de chausson fourre au chocolat et parfume au rhum… un regal !

Vers 23h30 nous arrivons enfin a Bucarest : nous passons par de nombreux quartiers, nous traversons de grandes places, de grands edifices sont eclaires. La ville semble relativement belle, enfin, toutes les villes sont belles de nuits. Monica me montre un grand centre dans lequel il y a une grande soiree avec un DJ anglais ce soir, apres 36 heures de route elle compte y aller directement sans meme passer chez elle! Impressionnant! Nous passons devant un arc de triomphe et divers batiments officiels tous mis en valeurs par les illuminations nocturnes.

Nous arrivons dans une gare routiere somme toute assez petite. Je recupere ma valise (t’entends Fabien : ma valise est toujours la apres ce long periple ! Pour le moment Margarida est toujours assuree d’avoir ton cadeau, lol! Enfin bon, je suis loin d’etre arrive a Lisbonne, rien est joue!).

Je m’etonne de ne pas voir Mihaela. J’essaye de l’appeler mais la ligne semble ne pas fonctionner. Je m’inquiete un peu, il fait nuit et tous les passagers sont tres vites partis, y compris Monica qui n’a pas manque de me faire la bise.

Mais apres 5mn d’attente Mihaela arrive enfin. Je lui ai dit qu’elle me reconnaitrait grace a ma casquette. Elle a tres peu change, par contre pour sa part elle s’etonne du poids que j’ai perdu depuis notre derniere rencontre il y a des annees. Elle me presente a Razvan, son copain. Nous sommes tres heureux de nous retrouver. Elle me demande des nouvelles de toutes les personnes qu’elle a connu lors de son sejour dans mon petit village, Saint Nazaire le Desert.

Nous embarquons dans l’Olcit que Mihaela a emprunte a ses parents. Il s’agit d’une autre voiture typiquement roumaine et tres amusante : celle-ci est la replique parfaite de la Citroen Visa, elle est aussi construite par les deux constructeurs auto roumain et francais.

Nous faisons une visite by night de Bucarest. Il y a un cote vieillot et moderne a la fois, c’est assez particulier. Nous pouvons ainsi voir de grands edifices comme le palais de l’armee, l’opera, etc. Le plus impressionnant de tous est sans nul doute le Palais du peuple : l’immense palais que s’etait fait construire Ceaucescu. Le batiment est imposant, immense (le plus grand du monde juste avant le Pentagone), il est par certains aspects tres froid (stalinien) mais en meme temps fabuleux, il n’est pas sans me rappeler quelque part les pyramides "carrees" des mayas.

Nous nous arretons ensuite au parc Karol : un vaste parc un peu vallone. Au milieu s’eleve un grand monument, mausolee communiste. Il etait prevu de le detruire pour construire une cathedrale mais l’idee a ete abandonnee. C’est mieux ainsi, la Roumanie doit pouvoir regarder son Histoire en face. Nous prenons des photos devant la tombe du soldat inconnu, un flambeau est allume, des drapeaux roumains sont eleves tout autour, deux soldats font la garde nuit et jour. Je suis etonne de constater que ce parc reste ainsi ouvert apres minuit.

Dans ce meme parc se trouve un restaurant typique, fait de bois et decore par des tenues traditionnelles roumaines. Nous avons justement tous trois tres faim. La salle du restaurant a ete privatisee pour un mariage mais le serveur nous apprend qu’il reste une table disponible dans un angle. Nous avons ainsi l’impression d’etre nous aussi invites a ce mariage. Un groupe joue des chansons traditionnelles qui sonnent qelque peu orientales, les gens boivent et dansent, c’est vraiment extraordinaire apres 36h de route a travers une bonne partie de l’Europe de me retrouver ainsi au sein d’un mariage roumain !!! Je me sens completement en decallage, depayse et … terriblement heureux ! J

Le serveur, qui parle un francais parfait, nous conseille un plat compose de diverses viandes grillees et de pommes de terres. Nous l’accompagnerons d’un vin rouge roumain. Nous nous regalons, c’est tres lourd et certainement peu digeste mais peu importe… il s’agit enfin d’un veritable repas ! Nous discutons beaucoup de choses variees, de la France, la Roumanie, des gens que Mihaela a connu, de ma famille… etc. Razvan est tres sympa et tres fun, il parle peu italien, pas du tout le francais mais il connait suffisament d’anglais pour que nous puissions nous comprendre. Mihaela pour sa part parle certainement mieux le francais que moi meme !

Apres le repas Razvan se propose de poursuivre notre visite de Bucarest by night. Mais avec la fatigue du voyage et le vin je m’endors rapidement. Nous rentrons donc. Le quartier de Mihaela (Pantelimon) semble etre a l’image des villes roumaines que je decrivais au debut : une vraie citee glauque de nos banlieues… en pire ! L’immeuble est certainement aussi glauque que celui de Leandro (le copain de Francois) a Londres, mais en plus delabre. Mihaela habite le 11e et dernier etage. L’appartement a quelque chose d’un peu vieillot mais il est suffisament grand et plutot agreable : une cuisine etroite, une piece pour manger minuscule, un grand salon et deux chambres.

L’urgent pour moi est de prendre une douche, Mihaela m’explique comment utiliser le systeme electrique qui chauffe l’eau, proche en fait du systeme anglais que j’avais decouvert avec un peu de surprise chez Francois.

Nous nous installons dans le salon pour discuter, nous avons tant d’annees a rattrapper ! Nous buvons un verre et bavassons encore longtemps. Lorsque nous realisons qu’il est deja 4h du matin nous finissons par nous coucher, epuises.

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Commentaires
A
Tres detaille comme anecdote...et...euh...c'est pas un leo mais un leu...un leu, des lei!
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